Quadrature - Décembre 2007
Tags : Roman noir Nouvelles Flic Quidam Années 2000 Littéraire Moins de 250 pages
Publié le : 04 janvier 2008
Il y a un fond récurrent chez Jan Thirion, quelque chose qui tient du noir désespérant, parfois de "l'amoral", et que j'ai du mal à définir. Ça n'est pas que les situations qu'il crée soient incongrues ou grotesques — elles ont même un côté tout à fait banal — c'est leur décalage, la juxtaposition, qui laissent un goût étrange, particulier, de ceux que l'on reconnaît et qui reste longtemps sur nos papilles de lecteur.
Un enfant dans la voiture de son père qui bosse, parce que ce dernier n'a pas trouvé de solution de garde, c'est normal aujourd'hui, sauf quand celui-ci est flic et au milieu d'une opération anti-terroriste…
Un couple adultère s'envoyant en l'air dans une voiture, pourquoi pas, mais durant une planque, c'est inhabituel…
Ainsi s'enchaînent dans ce recueil douze nouvelles, douze reconstitutions, douze instantanés de vie, tranchés dans le vif. La nouvelle est un art percutant, et Jan Thirion est de ceux qui ont du punch…
Il a sa manière de déformer la réalité sans la brusquer. Comme un peintre, il l'embellit (même si le mot est sans doute ici mal choisi), il la plie selon son désir, selon son humeur, souvent sombre. Peintre figuratif il est, et on assiste avec lui à l'acte artistique. Réalité reconstruite…
Acte artistique car l'homme, en plus de ce talent "visionnaire" qui fouille les tréfonds de l'âme humaine, a de la plume et sait la manier avec aisance et brio. Sans aucun doute ce qu'on appelle le style.
Ah… et puis ce goût étrange… peut-être l'amertume en fait…
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Jan Thirion concède qu'il écrit les chapitres de ses romans comme autant de nouvelles qu'il reprend ensuite pour les assembler. Alors si ces textes courts ont éveillé chez vous quelque chose qui ressemble à de l'intérêt, n'hésitez plus, et plongez dans ses romans. Vous y retrouverez cette même saveur… amère.
Les dix premières lignes...
Élagage de Printemps
Il faudrait une tronçonneuse pour ébrancher les souvenirs, les regrets, ce qu'on a dans la tête et qui vous sort de partout, à vous donner la migraine.
Il tire sur le cordon et l'appareil rugit. Un monstre prolonge son bras. Couper les branches et couper les pensées. Le bois vert du prunus tombe sur son cœur autant que dans son jardin et celui du voisin. On coupe les arbres fruitiers juste après la floraison. Les sentiments devraient être brisés dès leur bourgeonnement (…)
Quatrième de couverture...
Des policiers s'interrogent. Des criminels sont dépassés par les réponses qui se présentent. Des gens sans histoires tentent de prendre leur destin en main. Malmenés ou choyés par la vie, tous ont le choix, un jour ou l'autre, de ses révéler au moins à leurs propres yeux. Le vérité est une lumière noire qui brûle le cœur et glace le sang.
L'humour s'invite souvent dans les récits de Jan Thirion. Comme dans la réalité. L'ironie du sort n'est pas une expression vaine…
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...