Marseille sur Maire

Serge Yves Ruquet

Jigal Polar - Octobre 2007

Tags :  Polar politique Crime organisé Corruption Flic Quidam Marseille Années 2000 Populaire Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 22 novembre 2007

C’est toujours pareil !.. On se prépare une petite soirée tranquille — pantoufles, bibine et coupe d’Europe — et voilà qu’une vieille en profite pour se faire dessouder et qu’il faut reprendre du service, illico. « Radasse, va !.. »
Le lieutenant Morel l’a mauvaise en cette soirée froide de janvier, tout comme son "collègue" Théo, pris dans le même traquenard. Je mets les guillemets parce que "collègue", c'est un bien grand mot pour l'occasion. Théo est en fait un jeune black des quartiers nord de Marseille pris dans un programme spécial du ministre de l'intérieur et réservé aux primo délinquants (en l'occurrence, un refus de contrôle d'identité). PPP ça s'appelle : deux séjours d'une semaine en immersion dans un commissariat. Pour l'instant, Théo est affecté en Avignon et la semaine prochaine, il retrouve l'Évéché.
En attendant, une espèce de tueur psychopathe a encore frappé. Une femme, comme d'habitude, comme à Toulouse, Carcassonne, Montpellier, et toujours ce rouleau de billets de cinq cents francs déposé sur les victimes. Et tout ça en trois jours !..

Serge Yves Ruquet avait frappé fort avec son premier roman, Frères d'Armes, il récidive ici avec talent et transforme son premier essai avec brio.
Tout au long de Marseille sur Maire, nous allons naviguer en compagnie d'un duo savoureux composé d'un flic taciturne et de son poulain Théo, le fameux PPP. Avignon n'est qu'une étape dans la vie de Théo — Marseille est son port d'attache — et le lieutenant Morel sera bien vite remplacé, en tant que tuteur, par Ranou quand le tueur itinérant aura atteint la capitale phocéenne.
Serge Yves Ruquet avait déjà montré une verve flamboyante, et il s'en donne à nouveau à cœur joie avec le personnage de Théo :

La langue française, le jeune, c'est sa passion. Sa gourmandise. À tel point qu'il passe son temps à se forger son propre vocabulaire.
Ganymède, c'est un satellite de Jupiter. Théo a trouvé ça un jour par hasard, sur Internet, alors qu'il se cherchait un nom d'artiste. Ganymède est composé de glace, exclusivement. Alors, depuis ce jour-là, le Black a décidé de "c'est Ganymède" signifierait "ça caille !"

Et de l'inventivité, Serge Yves Ruquet, comme Théo, en a à revendre. Avec lui, avec eux, la langue est vivante, frétillante même.

Reste que des dialogues, même savoureux, ne font pas une intrigue… Alors, sur les traces de ce tueur aux billets, Serge Yves Ruquet va nous embarquer dans une histoire de magouilles immobilières comme Marseille en connaît. Et de l'immobilier au politique, il n'y a jamais bien loin. Il faut dire que Ranou n'est autre que le neveu de Madame le Maire, et que celle-ci se fait assassiner par des tueurs à moto. Dans le sud, on connaît ces méthodes, on sait ce que ça signifie : la mafia…

Même si tout au long de son roman l'auteur garde un ton léger et qu'on se marre franchement en tournant les pages, il met aussi en scène une réalité : la présence avérée de la mafia dans les rouages du pouvoir. Son intrigue tient la route, mais ça n'est pas innocent si son roman s'ouvre sur cette phrase de Jean Ziegler :
« La France est certainement le pays d'Europe où la conscience de la présence mafieuse est la moins développée dans l'opinion publique. »

Marseille sur Maire est un excellent divertissement, rythmé, plein d'action et d'humour, peuplé de personnages hauts en couleur et néanmoins crédibles dans leur caricature (à ce titre, Madame le Maire n'est pas sans rappeler Edmonde Charles Roux, l'épouse de Gaston Deferre, longtemps maire de… Marseille), mais c'est aussi une leçon de "real politique". Une leçon qui prend parfois des allures d'aventure à la Pieds Nickelés, mais une leçon tout de même…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Si vous avez aimé celui-là, ne manquez pas le premier roman de Serge Yves Ruquet, tout aussi savoureux et endiablé : Frères d'Armes, dans lequel il pratique avec bonheur le même duo décalé.

Le début...

Les dix premières lignes...

Avignon, Chemin de la roquette. Samedi soir, 21 janvier
L’œil d’hippopotame du lieutenant Morel fixe d’un air morne le cadavre étendu à ses pieds.
— Radasse ! balance-t-il au drap de pudeur qui recouvre le corps.
Moustache, comme tout le monde l’appelle, extrait à regret sa main gauche de la poche de son manteau, et jette un coup d’œil à sa montre. Huit heures et demie.
— Fatch de cong, déjà ! Hé bé, je peux dire adieu au match (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Ranou dit « le Breton », lieutenant un brin taciturne, et Théo alias « Mach-Sept », slameur invétéré en rupture d’embrouilles, stagiaire à l’Évêché de Marseille, forment un tandem atypique à la poursuite d’un sérial killer, « le tueur aux liasses ».
Mais ce jour-là, la routine se dérègle salement lorsque le maire de la ville, Raymonde Charles, est sauvagement assassinée par des tueurs à moto…
La DST, les RG, la mafia et les flics de tout bord se jettent sur l’affaire comme la vérole sur le bas clergé. Tout le monde est sur le pont et curieusement, même le ministre de l’Intérieur Ange Pascali s’y colle. Tous suivent l’enquête de près, d’un peu trop près peut-être…
Comme dirait Théo, « Pas besoin d’avoir fait St Cyr sur Mer pour deviner que les ennuis, les vrais ennuis, les gros ennuis vont débarquer sans prévenir ».


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Serge Yves Ruquet










Edition(s)...

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Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Frères d'Armes