Cam@rdage

Un avis personnel...

Publié le : 30 octobre 2007

Anne est une jeune française qui a décidé d'émigrer au Québec pour poursuivre ses études, suite à une déception amoureuse. Noël approche et l'université de Sherbrooke se vide pour les fêtes. Anne se retrouve seule, mais reste néanmoins en contact avec son amie Johane par mails et salons de tchat interposés.
Elle profite cependant de ce moment de liberté pour tenter de retrouver son père, parti lui-même s'installer outre Atlantique après les avoir abandonnées, sa mère, sa sœur et elle, seize ans plus tôt.
Le lendemain de Noël, un officier de police vient lui annoncer qu'on a retrouvé Johane morte au domicile de ses parents. Son assassin s'est acharné sur elle à coups de hache. Dix-sept au total !..

Christophe Dugave choisit le mode "thriller" pour son premier roman : un meurtre horrible, suivi bientôt de quelques autres respectant le même modus operandi, et on en vient forcément à penser tueur en série. Mais il y a un problème de rythme dans la mise en place de l'intrigue. On sent bien que l'auteur veut faire monter l'angoisse mais il ne s'en donne pas vraiment les moyens. On attend d'avoir peur, de frissonner, ou qu'au moins quelque chose vienne susciter l'intérêt. Au contraire, on tourne autour du pot.
On sait dès le départ que l'affaire va se jouer autour d'Internet, de ses "possibilités" criminelles, de ses dérives, tout le début du roman tend vers cette "solution". Mais l'auteur prend son temps, tentant maladroitement de tendre des perches qui sont autant de fausses pistes alors qu'on n'est toujours pas entré dans le vif du sujet après une centaine de pages. En matière de thriller, c'est mettre la charrue avant les bœufs, c'est illogique.

Pour autant, on aurait pu croire que Christophe Dugave n'étirait le temps que pour mieux s'attacher à la psychologie de ses personnages, et d'une certaine manière, c'est bien ce qu'il fait en déclinant à travers plusieurs d'entre eux la figure du père absent et des conséquences qu'elle peut entraîner. Mais même lorsqu'il essaie de glisser dans leur décor des zones d'ombre, on reste avec des personnages un peu trop lisses, trop propres, trop éclairés — un peu comme dans ces sitcoms à l'américaine tournées en studio. Trop factices. On finit par ne plus y croire, comme lorsque Anne tombe amoureuse du beau policier et fait des rêves de midinette, de prince charmant, pour prétendre un peu plus loin ne rien attendre d'une relation trop précipitée...

Même si la dernière partie du roman est plus animée, l'ensemble n'atteint pas son but. Quand à la traque du tueur à travers la toile, qui aurait pu être un des côtés intéressant du roman, elle est à peine abordée...
Le thriller se décline abondamment, mais sa particularité première est de prendre son lecteur à la gorge pour ne plus le lâcher. Il ne faut pas l'oublier lorsqu'on se lance dans l'aventure et ne pas rester trop frileux dans son approche. Le thriller "light", c'est à mon avis sans avenir.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Si le duo thriller/Internet vous apparaît comme captivant et propice à des intrigues policières, n'hésitez pas à vous pencher sur Train d'Enfer pour Ange Rouge, de Franck Thilliez, plus... captivant.