Voleurs

Un avis personnel...

Publié le : 15 octobre 2007

Texas, USA, c’est là que Christopher Cook situe son premier roman et premier polar, pas très étonnant vu qu’il est lui-même originaire du coin.
Eddie et Ray Bob, deux gars qui se sont connu il y a quelques semaines, taillent la route ensemble et détroussent sur leur passage les superettes, stations services et autres bouibouis avec une caisse enregistreuse entre Austin et Houston, non sans laisser des cadavres derrière les comptoirs. Eddie est passionné de Blues, plutôt volubile et un peu naïf, alors que Ray Bob est moins bavard, beaucoup plus violent et direct dans ses prises de décisions. Leurs braquages ne mettent pas longtemps à intéresser la police.
Rule, le Texas Ranger lancé à la poursuite des deux criminels, archétype du Cowboy, justicier solitaire, est, lui, friand de country et particulièrement du chanteur Porter Wagoner. Divorcé et père d’une fille avec qui il essaie de nouer une relation, il couche régulièrement avec la femme de son collègue dépressif, et médite sur Nietzshe à ses heures perdues.
Dans leur périple, les deux compères vont prendre en stop et intégrer dans leur équipe, Della, une mère célibataire qui construit sa vie et ses principes sur la base d’articles de la presse féminine. Cette rencontre marquera un tournant dans la cavale d’Eddie et de Ray Bob…

Les deux braqueurs sont, tout d’abord, présentés sous un jour décalé : pas très futés, assez proche des gangsters du film Fargo des frères Coen, mais chapitre après chapitre, Christopher Cook donne plus de "romantisme" à ses deux braqueurs, au point de rappeler les tueurs de De Sang-Froid de Truman Capote. Eddie, d’origine Coonass (nom donné au descendant des mariages entre Français et esclaves) a une âme d’artiste, des caractéristiques proche de Perry Smith, alors que Ray Bob, pur produit de la faune Texane, rappelle, lui, Richard Hickock. La comparaison s’arrête là, mais c’est bien cette évolution de point de vue sur tous les personnages qui donne à Voleurs tout son intérêt, car l’histoire de cette cavale, bien que plaisante n’est pas des plus originale étant un thème récurent de la culture américaine de Butch Cassidy et le Kid à Thelma et Louise. L’auteur en profite aussi pour écorner sa région natale, avec quelques pics sur les religieux fondamentalistes, le côté "plouc" et raciste de certains autochtones, ou le mythe du lonesome cowboy, et pour faire, par la même occasion, un clin d’œil à des auteurs contemporains du genre tel que James Lee Burke, Walter Mosley ou Elmore Leonard.

Avec Voleurs, Christopher Cook signe un premier roman intelligent, bien construit agréable avec lequel on passe de très bons moments au point de regretter qu’il n’ait pas produit d’autres polars.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Je crois qu'on peut se lancer sans hésitation sur son deuxième roman Betlehem, Texas plus vraiment du polar mais c'est du bon. Sinon, De Sang-Froid de Truman Capote pour le sujet, ou Le Dernier Baiser de James Crumley pour l'ambiance.