Gallimard / Super Noire - Juillet 1974
Tags : Roman noir Polar politique Corruption Vengeance Complot Flic France Années 1970 Populaire Moins de 250 pages
Publié le : 04 octobre 2007
Germain Verjeat est un flic de terrain, commissaire, qui aime son métier et en a fait le cœur de sa vie. Il a ses méthodes, parfois radicales, pas toujours orthodoxes, ses manières, qui déplaisent fortement au procureur du coin. Ces deux-là se détestent cordialement, c'est une guéguerre de tous les instants.
Et voilà que Claude, une ex-maîtresse tenancière d'un bordel local bien connu, l'accuse de toucher des enveloppes, lui, le flic intègre. Faux, bien sûr ! Tout le monde sent le coup fourré, sauf le proc' qui veut faire du traitement de cette affaire un exemple pour la police.
Verjeat est coincé, il sait qu'il va "morfler" et confie à Maurat, son jeune poulain, que cette fois c'en est trop, qu'il n'a plus rien à perdre et qu'il compte bien leur en faire baver, à tous ces ronds-de-cuir, pour ses derniers jours au sein de la grande maison...
Verjeat n'est pas un ange, c'est entendu, mais il fait son boulot de flic, celui pour lequel on le paye : lutter contre la criminalité, et son tableau de chasse est là pour attester de son efficacité en la matière. Alors quand on vient lui chercher des poux dans la tête sur les dires d'une maquerelle, et que ce coup bas vient d'un petit procureur revanchard, il voit rouge. Normal.
À force de côtoyer la canaille, Verjeat s'y est fait des amis, des connaissances, y a gagné une sorte de respect. Il sait aussi à quel point certains sont liés aux édiles locaux, comment on les protège, qui ; les mêmes, d'ailleurs, qui réclame à cors et à cris une police plus propre... Il va leur préparer à tous un beau feu d'artifice !
Raf Vallet met en scène l'affairisme du début des années soixante-dix en France. Il nous montre une classe dirigeante corrompue, pourrie jusqu'à la moelle, prête à n'importe quoi pour éviter l'arrivée de la gauche au pouvoir après les événements de mai 68. La grande peur !..
Verjeat observe depuis longtemps tous ces politiques qui défendent leur parcelle de pouvoir. Il sait à quel point ils ont transformé les missions premières de la police en lui demandant aujourd'hui de s'occuper des activistes d'extrême gauche plutôt que de la pègre. Il en a trop vu ! Dégoûté Verjeat. Alors il franchira le Rubicon et agira comme un truand, organisant un retour de manivelle machiavélique.
Au fond, au bout du compte, il n'y aura plus de morale, nulle part. La morale, déjà moribonde, est morte avec Pompidou.
Un roman vif, rythmé, porté par un personnage fort, qui met en scène avec brio la France des années soixante-dix. Le néo-polar n'est pas loin...
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Difficile de ne pas penser à l'adaptation cinématographique de ce roman : un film signé Pierre Granier-Deferre, avec Lino Ventura dans le rôle de Verjeat. Sachez néanmoins que le scénario est assez éloigné du roman dans son intrigue comme dans ses conclusions et fait du personnage principal un pur et dur qui reste droit dans ses bottes. Le roman est sans doute beaucoup plus amoral...
Raf Vallet est également l'auteur de Mort d'un Pourri, qui a fait l'objet, lui aussi, d'une célèbre adaptation cinématographique.
Les dix premières lignes...
Il était costaud, le commissaire, et il entretenait sa forme. Cent abdominaux tous les matins, autant de mouvements à la barre tendue dans l'encadrement d'une porte, une heure de marche à vive allure, le sexe pas oublié, séance quotidienne avec l'épouse, la maîtresse ou une minette, parfois les deux, jamais les trois tout de même. Mais le résultat était là : à quarante-cinq ans le ventre plat, le jarret vif, le visage lisse, l'épaule large, pas de nerfs, ce qui est bien utile dans une police de jour en jour plus saladière. Germain Verjeat s'en amusait plutôt même ce jour-là (...)
Quatrième de couverture...
Résigné, le Commissaire Verjeat ne l'était pas. Réputation de fonceur, méritée, de héros pour panoplie, ce qui arrangeait la publicité de la Maison Poulaga. Et voilà qu'on allait lui faire porter le chapeau ce certaines "légèretés" qu'il était loin d'être le seul à avoir commises. Alors Verjeat passa le Rubicon de la respectabilité officielle, cette farce parfois drôle et souvent sanglante.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...