Ravet-Anceau - Juin 2007
Tags : Roman d'enquête Flic France Années 2000 Littéraire Moins de 250 pages
Publié le : 03 septembre 2007
Jacky Laubrais, accordéoniste en instance de divorce, se déplace au gré des bals, des fêtes de village, à travers tout le Beaujolais. C'est un tombeur : une fille sous chaque clocher, et ça dure depuis quelques dizaines d'années.
Une de ses conquêtes l'a contacté, sous couvert d'anonymat. Une qui l'a connu il y a vingt ans, qui l'a cherché, puis retrouvé. Rendez-vous est pris pour des retrouvailles, même si Jacky n'arrive pas à déterminer avec qui ; la liste est trop longue à explorer. Vingt ans...
On retrouvera d'abord sa voiture, brûlée, puis son cadavre...
Il est assez rare que la gendarmerie soit à l'honneur dans le polar français. On lui préfère souvent, lorsque les forces de l'ordre sont de la partie, la police, plus hargneuse, permettant sans doute des atmosphères plus sombres. Pourtant, lorsqu'un crime est commis en dehors des villes — ce qui constitue encore la majorité du territoire — c'est bien l'armée, et donc la gendarmerie qui est chargée d'en éclaircir les circonstances.
Il en est ainsi dans le Beaujolais, et Jean Périlhon nous présente donc comme principal enquêteur un maréchal des logis chef, Gérard Pascal, dit Blaise qui, à ses heures perdues, se prépare à devenir le prochain auteur de best seller en matière de littérature policière. C'est en tout cas ainsi qu'il tente de meubler la solitude qui l'accable depuis que son amie l'a quitté.
Reste qu'il a aussi une enquête à mener, en compagnie de son ami et collègue, Dédé, plus accaparé par la maison qu'il retape amoureusement que par ses gardes à la caserne. Et puis pour Blaise, l'assassinat d'une figure locale comme Jacky Laubrais vient mettre un peu de sel dans le quotidien parfois un peu morne. D'autant qu'il s'agit de retrouver le plus possible des anciennes maîtresses du musicien...
Ainsi Jean Périlhon nous présente de multiples personnages féminins qui, pour des raisons diverses, sont tombés sous le charme de l'accordéoniste. L'enquête est méticuleuse. Voisinage, relation, employeur, parents ; l'occasion de visiter le petit monde du Beaujolais et de montrer que la gendarmerie est plus proche des gens, moins anonyme que la police.
L'enquête viendra aussi s'immiscer dans la vie privée de Blaise, dans ses "écrits" ; les personnages "réels" s'insinuant dans la fiction qu'il construit sous nos yeux, comme une manière pour l'auteur d'évoquer le processus d'écriture.
Rouge Beaujolais navigue entre roman d'enquête, procédural, récit à énigme et roman d'atmosphère, et ça n'est sans doute pas innocent si les maîtres de Blaise l'écrivain sont Maigret, Hercules Poirot et Sherlock Holmes.
L'écriture est soignée, le style parfois un peu ampoulé, mais qui colle parfaitement au type de récit choisi :
Des éclats de lumière dansent une sarabande sur les tombes alignées. Il en est même pour accrocher des clins d'yeux aux vitres du fourgon mortuaire, en tête du cortège. En foulant les graviers blancs de l'allée centrale, mille pieds peuplent le recueillement d'un murmure de torrent. Tous les yeux sont rivés vers le cercueil blond que le véhicule sombre, au hayon arrière relevé, conduit lentement à son rendez-vous.
Rouge Beaujolais est de ses romans "diesel" : lent au démarrage, mais qui, lorsqu'ils ont atteint la bonne température, vous emporte le plus loin. En douceur.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Dans une collection parallèle (Polars en Nord) et sur un tout autre sujet, mais mettant lui aussi en scène un personnage de gendarme, Le Vagabond de la Baie de Somme, de Léo Lapointe.
Les dix premières lignes...
Monseigneur l'astre solaire
Comm' j'n'l'admir' pas beaucoup
M'enlèv' son feu, oui mais d'son feu, moi j'm'en fous,
J'ai rendez-vous avec vous...
Le conducteur a monté le son de la radio et chantonne pour accompagner le refrain :
— J'ai rendez-vous avec vous...
La route étroite se hisse au flanc de la colline où s'étalent les dernières vignes. Là-haut, la toison noire des grands pins déborde par-dessus la crête et descend à la rencontre des rangées de ceps. Une clarté laiteuse tombe du ciel où le soleil de ce premier jour de printemps s'épuise à éponger la brume montée de la vallée (...)
Quatrième de couverture...
Jacky Laubrais est mort. On a retrouvé son corps au bord de la Saône. L'accordéoniste a été tué d'une balle à sanglier tirée dans le dos. Règlement de comptes, vengeance, crime passionnel ? Qui pouvait en vouloir à l'animateur des bals du Beaujolais ? Laubrais était une gloire locale aux nombreuses conquêtes féminines. Ses proches se souviennent qu'une inconnue a tenté de la joindre à plusieurs reprises quelques jours avant sa mort. Elle disait l'avoir connu il y a vingt ans...
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...