Sournois

Alexandre Clement

L'Ecailler du Sud - Janvier 2007

Tags :  Roman noir Polar social Trafic Psychologie Quidam Marseille Années 2000 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 30 juin 2007

Noé est un adolescent d'une quinzaine d'années (damnée ?) qui erre dans une cité du nord de Marseille. Seul, abandonné par sa mère qui est partie sans rien dire quelques mois plus tôt, il vient de se faire virer par l'office HLM pour loyer impayé. Quant à son père, il ne l'a même jamais connu. Noé est en dehors des circuits : trop vieux pour être encore à l'école, trop jeune pour travailler, il n'est nulle part, ballotté entre différents services sociaux désœuvrés.

Avant-hier, je suis allé voir l'assistante sociale, une vieille chouette avec des gros nichons qui redescendent bien bas sur le ventre. Elle semble encore plus paumée que moi, je me demande si elle taquine pas un peu la bouteille. Je voulais essayer de gratter quatre ronds, devenir moi aussi un assisté, un parasite social comme ils disent à la télé. Mais elle n'a rien de bien sérieux à me proposer, je ne suis pas assez vieux, ou pas encore assez jeune, même plus scolarisé. (...) C'est à peine si j'existe encore, (...) je suis un vrai courant d'air.

Et puis il y aura la rencontre avec Hans (qui devient Franz dans la quatrième de couverture...), "le seul gaulois du coin, avec lui", qui tient le dernier commerce encore debout : une librairie-tabac-PMU.
Hans a racheté une vieille station-service désaffectée et propose au gamin, contre un toit et un peu de monnaie, de l'aider, en compagnie de Faye, un grand black costaud et taciturne, à réhabiliter l'endroit. Et faut dire qu'il y a du boulot !..

Je me dis que c'est un peu ça la vie de bestiaux. Bosser comme un marteau jusqu'à ce qu'on ne pense plus rien du tout. C'est même pas désagréable, et c'est bien ça qui fait peur. Ça me fait drôle parce que je n'ai jamais pensé un jour à travailler pour gagner ma vie. Je me sens victime d'une entourloupe.

Avec Sournois, Alexandre Clément nous propose un regard sur des vies à l'écart, et plus particulièrement celle de Noé. Des vies qui se mènent en marge du système ; la "France d'en bas" chère à un ex-premier ministre, avec son lot de misère, d'incivilité comme on dit, et son manque, son absence d'avenir, disparu derrière des barres en béton.
A Marseille, les barres en béton ont vue sur la mer, mais ça n'est pas pour autant signe d'horizon.

Avec beaucoup de pudeur, de sobriété, de tendresse aussi, Alexandre Clément montre Noé qui veut croire au futur, même dans cette banlieue pourrie que l'auteur passe au crible. Sournois, écrit au présent, à la première personne du singulier, se situe entre chronique douce-amère et journal intime, ce qui renforce le sentiment d'immersion. La réalité devient palpable, tangible. Celle de Noé ; celle de son amie algérienne, Adila, de son frère petit braqueur reconverti en prêcheur du Coran ; celle de Hans, roi de la débrouille, toujours prêt à monter une filouterie en marge de la légalité ; celle de ces hommes politiques aussi, impuissants ; et puis celle du Vélodrome — on est à Marseille...

Sournois est un roman à la fois sombre et doux, tendre et noir. Un roman qui ne juge pas, mais montre avec précision un environnement et quelques personnages qui s'y agitent, espérant bien y survivre.
Une belle réussite, totalement crédible.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Le sujet de la banlieue et de ses habitants est plutôt bien "traité" par le polar. On peut même dire que le choix ne manque pas. Pour son approche "documentaire", on pourra se rapprocher du dernier opus de Thierry Jonquet, Ils Sont Votre Épouvante et Vous Êtes Leur Crainte.

Le début...

Les dix premières lignes...

C'est la fin de l'après-midi et je ne sais plus trop bien où aller. J'ai viré toute la journée, à gauche, à droite, sans trop savoir où me poser. Maman s'est tirée à la fin de l'hiver, et aujourd'hui, je suis sans un, je n'ai même plus d'endroit où pieuter. Les services H.L.M. m'ont laissé tranquille seulement pour quelques mois, mais ensuite il se sont aperçus que le loyer ne rentrait plus (...)


La fin...

Quatrième de couverture...

Dans un quartier ensoleillé à la dérive — autrement dit une cité malmenée du nord de Marseille — un jour Noé rencontra Franz. À ce moment de sa jeune existence il était bel et bien sur la pente déclinante.
Car avoir envie d'avancer, être intelligent et pourquoi pas sensible, c'est un chemin qu'on ne vous laisse pas toujours emprunter... Franz lui offrit une vague forme d'avenir, celui d'employé à tout faire dans une station-service tenue par un demi-sel magouilleur et violent.
Noé n'était pas très fort, ni très instruit, mais il avait une foi inébranlable dans sa bonne étoile. Et puis il avait Alida, cette gamine de la cité capable de réussir par les études alors que lui avait tout lâché. Sinon, vous pensez bien, il n'aurait pas fait tout ça, il ne se serait pas compromis dans cette salle affaire. Hélas, quand on bosse dans une station essence, il ne faut pas avoir peur de mettre les mains dans le cambouis !


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Alexandre Clement










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