Rivages / Noir - Avril 1993 - Traduction (anglais) : Jean-Paul Gratias
Publié le : 24 février 2007
Thomas Disch est bien connu des amateurs de Science Fiction. On lui doit dans ce domaine deux forts romans, très personnels : Sur les Ailes du Chant et Le Businessman. Il est également l'auteur d'un recueil de nouvelles intitulé 334, dont chaque texte concerne un habitant de l'immeuble n°334. Ces livres témoignent de la grande érudition de son auteur, de son humour subtil et d'une vision très noire mais très réaliste d'un futur proche. Ils témoignent aussi de la qualité d'écriture de Thomas Disch, aux phrases ciselées, aux formules incisives. Thomas Disch a un talent monstre. Dommage qu'il soit si discret.
Associé à John Sladek, il aborde ici le monde du polar. Mais il le fait à sa manière, évite détectives classiques, duo d'inspecteurs ou serial killer, pour transposer le thème d'Alice au Pays des Merveilles dans les années soixante et nous écrire une histoire originale et drôle. On retouve dans ce roman les caractéristiques de l'auteur décrites plus haut : humour raffiné qui sied si bien à son sujet, style parfait, art de la nuance et du détail qui fait mouche. Il nous brosse aussi quelques savoureux portraits de personnages dont émerge un couple irrésistisble : Roderick (Rodipou pour les intimes), si fabuleusement, si naturellement égocentrique, et son épouse Delphinia, qui ne lui cède en rien.
On pourra reprocher à ce livre charmant sa légèreté et considérer qu'il est surtout un exercice d'écriture. Sans doute. N'empêche qu'un sourire amusé nous accompagne tout au long de ses 296 pages. Alors on ne va pas bouder son plaisir.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
De deux choses l'une. Soit vous avez été séduit par le style de Thomas Disch et je vous invite à faire une incursion dans le domaine de la Science-Fiction pour découvrir Sous les Ailes du Chant ou Le Businessman. Ou vous aimez les polars littéraires, chargés de références et dans ce cas je ne peux que conseiller la lecture de C'est Arrivé à Boston ? de Russel Greenan.
Les dix premières lignes...
Alice commençait à trouver cela assommant de rester assise toute seule sur sa malle, sans rien avoir à faire. C'était le premier jour des vacances, bon sang, et les vacances, c'était fait pour s'amuser ! Scrutant le ruban d'asphalte de la route, Alice guetta la tache grise de forme familière qui deviendrait la Saab de Miss Godwin, et elle soupira. Puis elle se retourna, pour observer une grosse chenille velue qui rampait furtivement sous une voûte de lierre. La chenille était jaune, striée de raies noires ; le lierre, en ces premiers jours d'été, arborait un vert éclatant ; quand aux murs de brique entourant le collège Ste-Arnobie, ils étaient d'un rouge terne, un rouge brique, justement (...)
Quatrième de couverture...
Dans les années 60, tandis qu'en Virginie, les Noirs qui se battent pour leurs droits civiques se heurtent au Ku KLux Klan, une fillette blanche est kidnappée à Baltimore.
La petite Alice Raleigh, onze ans et blonde comme les blés, héritière d'une immense fortune, est enlevée contre une rançon d'un million de dollars. Ses ravisseurs s'ingéniant à la rendre invisible aux yeux des policiers et des agents fédéraux, trouvent le moyen de brunir sa peau, lui teignent les cheveux et la séquestrent dans une maison de passe tenue par une vieille noire, quelque part près de Norfolk. Lentement Alice s'adapte à ce surprenant cadre de vie, totalement nouveau pour elle. Puis elle découvre qui est l'instigateur de son enlèvement.
Et les véritables changements commencent.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...