Gallimard / Série Noire - Février 1999
Tags : Roman noir Hard Boiled Polar social Trafic Psychologie Détective privé Paris Années 1990 Moins de 250 pages
Publié le : 15 janvier 2009
Au début des années quatre-vingt-dix, tenir une librairie ne nourrit plus son homme. Barnabé Foloppe décide donc de se recycler, lui et sa modeste échoppe. Amateur et grand lecteur de polar, il réalise son rêve secret : monter une agence de détective privé. Après quelques aménagements, il ouvre boutique en se spécialisant dans les affaires "féminines" et c'est rapidement une réussite.
Foloppe… c'est un assez bon professionnel… mais, question manières, c'est le macho dans toute sa triste banalité !... À la première question posée, sa réponse est prête : invitation à dîner… baratin… et passage au lit pour le dessert !
Fort de cette réputation, il reçoit un jour un coup de téléphone qui va changer sa vie. Une voix dont il tombe immédiatement amoureux. Cependant, même si la dame lui laisse envisager quelques ouvertures polissonnes possibles — surtout au téléphone — leurs rapports restent professionnels. La mission consiste en un rendez-vous précis où Foloppe devra prendre quelques photos. Lorsqu'il se pointe, c'est malheureusement pour trouver sur la commode, posée dans une assiette, la tête de sa supposée cliente…
Avec Barnabé Foloppe, Pierre Bourgeade rend une forme d'hommage à ses pairs anglo-saxons, aux détectives qui ont enchanté la littérature policière des années cinquante. D'ailleurs, Foloppe est amateur du genre, et libraire qui plus est… Seulement voilà, on n'est pas à New York mais à Paris, du côté de Montparnasse, et sous la plume de Pierre Bourgeade, le hard boiled se décline à la française. Détecteur, oui, mais dragueur invétéré avant tout.
Ambiance "dur-à-cuire" donc, au début du récit, mais qui s'inscrit dans un décor qui se dessine petit à petit, un décor de crise morale, sociale, politique. Et puis on entre dans le vif du sujet ; Foloppe a une enquête à mener.
Côté intrigue, il ne s'agit pas d'une réussite majeure, mais le propos de l'auteur n'est pas d'écrire un récit procédural. Reste qu'un peu plus de soin porté à cette partie du roman lui aurait sans doute donné plus de force.
Pierre Bourgeade, qui s'est fait une "spécialité" de l'observation de la nature humaine, de son rapport à l'amour, charnel ou pas, s'intéresse ici à l'évolution du marché du sexe. Un propos qu'on peut résumer en le citant :
Faire l'amour sans se toucher, comme c'est la cas dans les peep-shows… mieux encore, faire l'amour sans même se voir, comme c'est le cas avec le téléphone rose, le Minitel, ou Internet… ça ne pouvait être inventé que par le grand pays des puritains, les Etats-Unis… ces puritains, tout en cerveaux, qui haïssent le sexe… les têtes d'œufs de Harvard, de M.I.T., de la Silicon Valley… la technologie mise au service du puritanisme !...
Au final, Téléphone Rose se présente comme un point de vue sur l'évolution de notre société, à la fois moraliste et, par certains côtés (essentiellement ceux de Barnabé Foloppe), résolument politiquement incorrect.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Dans des genres différents, mais sur des thèmes approchants, on pourra se rapprocher, à propos des dangers de l'Internet, du premier roman de Franck Thilliez, Train d'Enfer pour Ange Rouge, ou plus récent, de l'excellent Lolita Complex de Romain Slocombe pour ce qui concerne le marché du sexe.
Les dix premières lignes...
Salut ! Je m'appelle monsieur Barnabé Foloppe. Pendant vingt-cinq ans, j'ai été libraire à Montparnasse, 10, rue Delambre, juste derrière Le Dôme, la brasserie. À partir des années 1985-1990, je me trouve victime de la crise du livre. La France ne lit plus. Les familles rêvaient de bibliothèques, elles rêvent de surfer sur le Web. Les femmes aimaient les romans sentimentaux, elles body-buildisent, stretchent, se font épiler le « maillot ». Les gosses étaient fans de B.D., ils le sont de jeux électroniques. Les mecs s'offraient un recueil de textes érotiques, ils s'offrent un pack de K7 pornos. L'écrit est mort, paix à son âme (…)
Quatrième de couverture...
Tout le monde connaît le téléphone rose, mais personne n'a encore vraiment cherché à savoir ce qu'il cache. Combien de milliards rapporte-t-il ? D'où sortent les voix qu'on y entend ? Quelle vie mènent les femmes qui y parlent ?... On l'ignore. Trouve-t-on au « téléphone rose » des femmes sans voix, des voix sans têtes, des têtes sans femmes ?... Pour avoir voulu percer tous ces mystères, un ancien libraire devenu détective privé, Barnabé Follope, va prendre un des bains de sang dont il risque de se souvenir plus longtemps que d'une communication amoureuse !... Allô ?... Le carnage ?... J'écoute !...
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...