Folio - Janvier 2007
Tags : Polar militant Nouvelles Années 2000 Populaire Moins de 250 pages
Publié le : 11 janvier 2007
Caryl Férey délaisse pour un temps le polar pour "s'offrir" un coup de gueule retentissant, un cri d'urgence face à la morosité ambiante et son acceptation. Il le fait à travers une dizaine de textes courts qui tiennent, pour certains de la nouvelle, pour d'autres de l'article journalistique.
Caryl Férey n'a ni sa langue ni ses idées dans sa poche et il clame haut et fort dans son texte d'ouverture tout le bien qu'il pense de notre belle société industrielle, de ceux qui la dirigent, et des "idées" qu'elle trimbale :
Leur histoire de s'enrichir sur le dos des autres ne vaut pas un clou. De la pensée de racaille. Modèle en toc. Garantie tournant du millénaire. Il n'y a bien que les ignorants, les assureurs, les marchands de canon, les journalistes sportifs qui s'étonnent des comportements en corollaire — casseurs, hooligans, racketteurs, bas du front national ou non.
Il le fait avec la rage au ventre, de la colère dans la voix, et propose même un remède : l'excès.
Pas de l'excès pompette, avec la tête de la mamie qui tourne comme sous un coup de poppers (...), il va falloir déconner comme disait Deleuze, faire dans l'excès Artaud Corps sans Organe, le dionysiaque jambes en l'air, de préférence tous les jours et coûte que coûte : il va en falloir de la joie au laser pour fendre leur cœurs de pierre, des fleurs brûlantes pour crever leurs bulles spéculatives.
Puis il décline le "concept" à travers des histoires d'amitié, ou avec l'infinie tendresse des gros durs — pour sa grand-mère Clémentine et ses peurs ; pour sa mère qui le couvait d'une confiance indéfectible — voire dans la fiction.
C'est réjouissant, revigorant, irrévérencieux, résolument politiquement incorrect, mais également construit, avec un discours qui tient parfois à la sociologie ; comme un Baudrillard, la verve en plus...
En un mot, si on ne veut pas crever avec des saucisses Herta plein la gueule, il va falloir être sacrément rock n'roll : OK ?.. OKAY ?!.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Quand les auteurs de polar se mettent à brasser leurs idées, à les coucher sur le papier autrement qu'à travers des intrigues... Dans un autre genre, mais tout aussi militant, Pascal Dessaint s'y est essayé avec Un Drap sur le Kilimandjaro, dans un registre plus... environnemental.
Les dix premières lignes...
— On peut dire ce qu'on veut du génie humain, à force de gratifier les mâles dominants, les forts en fer, les mangeurs d'os, de laisser les vainqueurs écrire l'histoire et les marchands s'emparer du vivant avec une marge de quinze pour cent pour les actionnaires, le résultat n'est pas marrant. L'idée très humaine de conquête procède pourtant d'un désir d'unifier les corps et les esprits, préfigurant la mondialisation des échanges et l'abolition des frontières, saine initiative en soi, sauf que l'Homme, partout, n'a jamais pu encadrer son voisin (...)
Quatrième de couverture...
"Je n'invente rien, c'est dans le dictionnaire étymologique : le mot est d'abord employé pour désigner un acte qui dépasse la mesure, un dérèglement. Je vous passe les détails mais, à la fin, l'emploi du mot au sens de "très" ou "tout à fait" et cela sans idée d'excès, est fréquent. L'excès non seulement résiste aux règles imposées par les pauvres types sus-nommés, mais permet aussi de nous multiplier, de nous essayer à toutes les sauces, tous les possibles, de grandir en somme. Tant pis si on est excessivement mauvais. Il n'y a à perdre que des illusions, des résidences secondaires, des voitures, des slip de bain."
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...