Jean-Bernard Pouy

Un avis personnel...

Publié le : 15 décembre 2006

Les chiens de l'enfer. Il venait de voir, d'entrevoir, un éclair, dans le blanc cru des phares, juste après une courbe à droite un peu serrée, deux personnes sur la voie qui le regardaient les yeux grands ouverts en hurlant et puis il les a senti disparaître sous lui comme s'il les avalait lui-même.

Gabriel Lecouvreur est à son bistrot attitré lorsqu'il tombe sur un article relatant un fait divers. Un suicide. Deux jeunes se sont enchainés sur les rails d'une voie ferrée avant d'avaler les clefs du cadenas. Plutôt louche. Le Poulpe va aller voir de quoi il retourne vraiment.
Jean-Bernard Pouy sait planter un décors avec un style aussi direct que son personnage du Poulpe. Ce personnage, mystérieux, sans attaches, sans passé, aux accents de "gauche", méprisant la bourgeoisie ou la religion, devient rapidement sympathique au fil des pages. Il n'a pas de plan prédéfini, pas de but et est plutôt du genre à lâcher facilement les baffes et torgnoles, lorsqu'il doit répéter ses questions ou même en préambule à celles-ci, histoire d'avoir l'attention des gens dès le début.
L'intrigue est assez simple, presque minimaliste mais c'est surtout la fin du livre qui pourra déranger. Comme le dit lui-même le Poulpe : "il arrive, donne un bon coup de pied dans la fourmilière et s'en va".

Ce premier volet des aventures du Poulpe est une réussite, rien que le titre donne le ton : "Le Poulpe ne s'est jamais pris au sérieux". Une réussite car il atteint les objectifs que s'étaient fixés l'auteur : un livre court, une intrigue simple et un héros "anti-SAS", bref un livre qui se veut "populaire".
"Un titre à la con, une couverture en couleurs, un prix qui ne dépasse pas quarante francs: le Poulpe, c'est ça".

Un des livres à ne pas manquer dans la production prolifique de Monsieur Pouy.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Question auteur, un tour du côté de Daeninckx ne devrait pas vous dépayser, ou bien les autres production de JB. Pouy comme L'Homme à l'Oreille Croquée, La Belle de Fontenay ou Nous Avons Brûlé une Sainte.

Sinon, vous pouvez jeter un œil sur la BD tirée du livre aux éditions Six Pieds Sous Terre dans la collection "Céphalopode", co-signée par Jean-Bernard Pouy et Nikola Witko.

Le début...

Les dix premières lignes...

Faire gaffe. La nuit, les rails se rejoignent. On dit qu'ils sont parallèles, un mythe, un vrai, il y a des moments où, la fatigue aidant, on a vraiment l'impression qu'au bout du faisceau des deux phares de l'autorail, ils se touchent et qu'en dessous, les roues vont riper, se chevaucher et que ça va être une vraie catastrophe.
Chaque fois qu'il conduisait le 89931, Charles Dutoît pensait toujours la même chose, avait toujours les mêmes impressions. La nuit, tout est possible (...)

La fin...

Quatrième de couverture...

Quand deux adolescents de la bonne société de Dieppe se suicident, menottés aux rails, en se laissant écraser par un train, tout le monde est horrifié. Il n'y a que Gabriel Lecouvreur, dit le Poulpe, pour ne pas trouver ça "normal". Alors comme d'habitude, en dilettante, il va y voir de plus près. Et ce qu'il va trouver, le long des blanches falaises bordant la Manche, ce n'est pas vraiment la paix des familles...