Terminus Ararat

Maurice Gouiran

Jigal Polar - Octobre 2006

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Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 1er novembre 2006

Clovis Narigou coule une fin d'été tranquille en compagnie de son compère Biscottin avec qui il pêche au large de Marseille en attendant le départ définitif des derniers touristes envahissants. C'est le moment que choisit son copain Raf, le flic, pour l'appeler à la rescousse : un enfant a disparu et il s'agit selon lui d'une question de vie ou de mort.
D'un côté il y a Maria, la mère, accessoirement maîtresse de Raf, à qui on a enlevé son fils mais qui n'a plus de nouvelles des ravisseurs depuis que ces derniers lui ont annoncé ne plus vouloir traiter qu'avec le père du garçon, Romarick, archéologue de sont état et présentement affairé en Turquie sur un chantier de fouille.
Raf, bloqué en France par son métier et occupé à consoler la mère, demande à Clovis de joindre le père sur place...

Fidèle à ses habitudes, Maurice Gouiran nous offre pour son dixième roman un récit à la documentation foisonnante, tout autant que précise, et d'une érudition une nouvelle fois avérée. Il nous entraîne en premier lieu sur les traces des toutes premières civilisations, du côté du Tigre et de l'Euphrate, là où, bien avant les romains, les grecs, ou même les égyptiens, naquirent les prémices des premières sociétés humaines organisées.
Mais le voyage de son héros Clovis Narigou en Anatolie, autrement dit sur les territoires du grand royaume d'Arménie, ou aujourd'hui aux confins de la Turquie de l'est, est aussi l'occasion de montrer l'entreprise menée par le gouvernement turque qui, non content d'avoir en 1915 organisé le génocide arménien, se préoccupe depuis de faire disparaître toute trace de cette culture chrétienne ancestrale et d'éradiquer de son sol des joyaux architecturaux symboles d'une présence millénaire.
Maurice Gouiran montre et démontre les procédés au fur et à mesure que Clovis progresse vers son but final, le mont Ararat et la présence supposée sur ses pentes enneigées des vestiges de l'arche de Noé.
Alors le récit glisse vers d'autres horreurs, celles représentées par les "créationnistes", ces pourfendeurs de science qui ne croient qu'aux saintes écritures et réfutent notamment les théories darwiniennes sur 'évolution des espèces. Si encore ceux-là n'étaient qu'une bande d'intégristes ébahis... Mais aussi incroyable qu'il y paraisse, ils ont pignon sur rue et, pire, jouissent d'une influence considérable dans certaines sphères, donc celle de l'actuel président des États-Unis ; George W. Bush ne se croit-il pas investi par Dieu lui-même pour faire barrage aux forces du mal qui défient l'Amérique ?

Maurice Gouiran tient son sujet, il sait de quoi il parle et le traite à fond, documentation à l'appui. Mais dans ce roman, le propos prend le pas sur l'intrigue, quelque peu emberlificotée, abracadabrante, comme il le reconnaît un peu lui-même (p.164), au point qu'on finit par la croire simplement plaquée, superposée à la démonstration de fond. On se retrouve avec un récit de voyage, informatif, militant, qui montre en les mettant en perspective quelques dérives, et au final particulièrement intéressant, mais en matière de polar, on doit reconnaître cependant une demi réussite.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Ça n'est pas la première fois que Maurice Gouiran évoque à travers ses romans le génocide arménien. Pour vous en convaincre il vous suffira de lire L'Arménienne aux Yeux d'Or, paru chez le même éditeur.

Le début...

Les dix premières lignes...

La fin de la saison des cons
— L'été, Clo, c'est une saison de cons.
Biscottin a mouillé son mourre de pouar au large de Corbières. Le visage baigné par les premiers rayons d'un soleil orangé, il s'évertue à enfiler une esche sur un hameçon qui me semble un peu gros pour les poissons qui fréquentent le lieu. Mais à chacun sa technique... En matière de pêche, je n'y connais pad grand-chose, j'ignore résolument les mystères des appâts, des lignes et des hameçons et ne sais m'en remettre qu'aux spécialistes de la trempe de Biscottin ou de Raf (...)


La fin...

Quatrième de couverture...

« Lors du prochain Déluge, seuls les Enfants du Seigneur seront sauvés. Alors venez nous rejoindre, venez retrouver la Paix parmi nous ! » Le Déluge ? L'Arche de Noé ?
Clovis Narigou, ex-journaliste devenu berger dilettante, ne songe qu'à vivre peinard dans ses collines de l'Estaque, à l'écart du monde et de ses travers, seulement entouré de ses chèvres et de ses amis. Repas sous la tonnelle, rougets grillés, rosé bien frais et galline avenante.
Tel aurait dû être le programme de cette fin d'été, si l'ami Raf, flic de son état, n'était pas passé par là avec ces histoires abracadabrantes. Cette secte qui envahit Marseille et déstabilise la jeunesse, un gosse enlevé par on ne sait qui, un archéologue obligé d'escalader l'Ararat… Bref une histoire à dormir debout ! « Clo, il faut que tu m'aides, avait soufflé le flicaillon » !
Et c'est reparti. Des ruines d'Aphrodisias aux musées d'Istanbul, de l'ancienne Arménie aux pentes de l'Ararat, Clovis se retrouve, sans bien comprendre pourquoi, aux prises avec une bande de cinglés aux ordres de puissants créationnistes venus d'outre-atlantique !
Mais alors l'Arche de Noé ? Le Déluge ?..


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Maurice Gouiran










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Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

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