La Route de Tous les Dangers

Un avis personnel...

Publié le : 15 janvier 2009

Un homme et un jeune garçon ont quitté Memphis. Dans une Oldsmobile, ils roulent, en attendant de trouver le lieu qui les accueillera. Ce qu'ils fuient : Memphis, la grève du personnel noir de la municipalité, les manifestations plus ou moins houleuses qui ont conduit la ville à un état d'urgence avec chars et fusils, l'assassinat de Martin Luther King.

À Memphis, comme dans le reste de l'Amérique, Noirs et Blancs vivent ensemble, plus ou moins, mais ne vivent pas les mêmes choses, et n'ont clairement pas les mêmes droits. Smokey Dalton a un diplôme universitaire, a fait la Corée, est devenu détective privé, il bricole (un peu comme le Jack Taylor de Ken Bruen, mais la paperasse en plus). Il a son bureau dans un vieil immeuble dont le stuc s'effrite, dont les bureaux se désertent. Un jour, une jeune blanche de Chicago, pleine de morgue et de supériorité frappe à sa porte. Sa mère vient de mourir et lègue à Smokey dix mille dollars. Pourquoi ? Cette question, le détective se l'est déjà posée huit ans plus tôt à l'occasion du don anonyme de dix mille autres dollars, qu'il a accepté après tergiversations et ruminations, lesquels ont permis de régler ses dettes et de finir de payer sa maison de trois pièces préfabriquée. La jeune femme blanche perd de sa morgue au fur et à mesure de l'intrigue, son image lisse et propre se fissure en même temps que les secrets de ses parents se font apparents, que le lien avec le Noir détective se révèle de sang. Et pendant ce temps, les sacs d'ordures s'accumulent dans les rues de Memphis. La tension se fait d'autant plus palpable qu'Invaders et Black Panthers, manipulés ou non, cherchent à manipuler la communauté noire pour provoquer l'explosion.

Kris Nelscott plonge avec détail et lenteur le lecteur dans la communauté noire d'une ville du sud des États-Unis, en 1968, dans les évènements au cours desquels Martin Luther King fut assassiné. Son écriture est simple et explicite, une voie claire, éclairante. Plus qu'une enquête, elle fait un exercice de recréation d'un lieu, d'une époque, d'une scission entre Blancs et Noirs. Les premiers ont le pouvoir, les médias, la peur, les seconds ont conditionnement, la pauvreté, la révolte pacifique ou armée. Entre histoire personnelle et grande histoire, Nelscott navigue en douceur, avec subtilité, dans un sac rempli de nœuds. Elle évite le pathos sans être par trop didactique.
Ce livre constitue le premier d'une série centrée autour de Smokey Dalton. Il peut se lire en one shot, se suffisant à lui-même.

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Quelques pistes à explorer, ou pas...

Les autres volumes mettant en scène Smokey Dalton dans l'Amérique de la fin des années soixante ; À Couper au Couteau, Blanc sur Noir, ou Les Faiseurs d'Anges.