Ravet-Anceau - Mai 2006
Tags : Hard Boiled Roman d'enquête Roman à énigme Détective privé Années 2000 Original Humoristique Entre 250 et 400 pages
Publié le : 03 octobre 2006
Francis Rose-Rosette, détective privé de son état par la volonté de son créateur, est plus ou moins convoqué par une sorte de magnat local, homme d'affaires d'importance dans le monde de l'édition, Jean-Marie Lebrun-Massenet, qui, victime d'un "corbeau" récalcitrant, souhaite s'attacher les services du limier afin de découvrir l'identité de l'épistolaire anonyme et menaçant.
Le détective réserve sa réponse, mais est bien vite rattrapé par son potentiel client dont il apprend, dès le lendemain de leur rencontre, l'assassinat. La police, en la personne de l'inspecteur Jugurtha, soupçonne un des auteurs de la maison d'édition, Fred Densikas, d'être l'auteur (forcément...) du meurtre et c'est bientôt la femme de ce dernier qui engage Rose-Rosette pour prouver l'innocence de son mari...
Il est une particularité dans ce roman de Christophe Lecoules qui apparaît dès les premières lignes, dès le préambule même, et qu'on ne quittera qu'en refermant le livre, c'est le mode de narration choisi par l'auteur.
Agissant comme une sorte de metteur en scène (ce qu'il est, naturellement), il intervient comme tel dans le récit, tutoyant son personnage principal, le dirigeant, lui donnant par-ci quelques indications, par-là quelques directives, dans un jeu assez cocasse, étonnant, mais qui ne vient en rien perturber le cours du récit – bien au contraire. L'idée, originale s'il en est, demandait un traitement particulier, un doigté tout en finesse et Christophe Lecoules réussit à merveille son pari en évitant les écueils d'une telle entreprise à grand renfort d'humour.
Il faut dire qu'il a crée un héros qu'il faut parfois tenir, recadrer, remettre sur les rails lorsqu'il s'emballe. On assiste parfois à des réaménagements, des réajustements, des réprimandes lorsque l'aventure part un peu en vrille. Après tout, c'est bien l'auteur qui commande, non ? C'est lui le créateur et il doit défendre sa vision des choses contre des "acteurs" parfois un peu trop entreprenants. Ici, il le fait juste au grand jour...
Mais Chistophe Lecoules est aussi un fin connaisseur en matière de littérature policière, et les exergues qui précèdent chaque chapitre, extraits de la plume des plus grand auteurs du genre, sont là pour le prouver. Mais pas seulement...
Le titre original du roman, Anatomie du Policier, montre bien l'autre particularité de ce récit. L'auteur passe en revue, catalogue, à travers son intrigue, quelques uns des plus gros clichés, les principales ficelles du métier d'écrivain de polar. Il les met en scène avec jubilation, les éclaire, les dissèque, les fait briller, avec une parfaite maîtrise et montre bien là sa connaissance du sujet traité.
Reste qu'avec toute ces contrainte auto-imposées, Christophe Lecoules parvient tout de même à construire une énigme, une intrigue de facture classique, aux situations décrites avec une extrême précision et aux personnages à la psychologie fouillée méticuleusement, revisitant à sa manière le roman à énigme. L'exercice de style, la démonstration de savoir-faire, prennent parfois un peu trop le dessus dans la deuxième moitié du roman mais jamais au point de lasser ; cependant, un petit supplément d'âme au travers de toutes ces prouesses techniques n'aurait pas fait de mal.
Un premier roman en forme de jeu littéraire, entre l'auteur et son personnage, mais aussi entre l'auteur et son lecteur. Un jeu dans lequel on sourit beaucoup devant la complicité instaurée par l'auteur et les nombreux clins d'œil envoyés. Assurément une affaire à suivre...
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Vous trouverez Mort à Dunkerque sur le site de l'éditeur, Ravet-Anceau, mais il est également disponible dans les plus grandes librairies en ligne. Pas sûr qu'il soit encore sur l'étal de votre libraire habituel, sauf si celui-ci est à Dunkerque bien sûr...
Difficile de vous renvoyer vers d'autres lectures tant ce récit revêt un caractère atypique.
Peut-être, pour ce qui concerne le roman à énigme, mais aussi le sujet traité (son dénouement), un autre participant au Coin des Artisans, Ghislain Richer et son roman Meutre sur le Campus.
Les dix premières lignes...
— C'est tout ce que tu as trouvé ? Rose-Rosette ? Et pourquoi pas Hercule Poirot ou Nestor Burma pendant que tu y étais ?
Déjà pris.
— Justement. Quitte à avoir un nom à la con, au moins qu'il soit célèbre.
Je ne vois pas ce que tu lui reproches à ce nom. C'est joli Rose-Rosette. Plutôt poétique, même. Surtout pour un détective privé.
— On voit bien que ce n'est pas toi qui va le porter pendant trois cents pages. Si tu trouvais ça poétique, tu n'avais qu'à le prendre comme pseudonyme. J'aurais bien aimé qu'on en parle un peu avant. Il me semble que, sur ce point au moins, j'avais mon mot à dire.
Je ne vois pas en vertu de quoi (...)
Quatrième de couverture...
Si les personnages se mettent à donner leur avis, où va-t-on ? C'est ce qu'essaie de faire comprendre l'auteur de Mort à Dunkerque à son héros, Francis Rose-Rosette, détective privé de son état, chargé d'élucider le mystère entourant la mort d'un grand éditeur du nord de la France. Commandité par la femme du principal suspect, l'enquêteur ne va pas tarder à s'enliser dans les marécages d'une intrigue aussi trouble que les eaux du port de Dunkerque dans lesquelles on repêche la voiture de la victime.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...