Grasset - Février 1995 - Traduction (anglais) : Gérard Guégan
Tags : Hard Boiled Mystique Détective privé Etats Unis Années 1990 Original Argotique Moins de 250 pages
Publié le : 1er mars 2006
Quand Lady Death propose à Nick Belane, minable détective privé quinquagénaire en cours d'expulsion, de partir sur les traces de Céline, le plus grand écrivain français, il commence par lui faire du gringue. Pourtant :
elle n'était pas ce qu'on appelle une gravure de mode. À la limite de la déchirure, sa robe avait du mal à la contenir tout entière.
Mais il faut bien se rendre à l'évidence, l'affaire est sérieuse.
Et quand les affaires reprennent, tout s'emballe. C'est bientôt au tour de John Barton de lancer Nick sur la piste du mystérieux Moineau Écarlate, puis Jack Bass qui engage Belane pour surveiller sa bimbo d'épouse, Cindy, et constater, si besoin est, l'adultère (sans doute pas sa meilleure idée !..).
Nick Belane conduit ses enquêtes, parallèles, cherche, fouine, et bientôt celles-ci se croisent : Céline rencontre Cindy...
Pulp est le dernier roman publié par Charles Bukowski, dédié "à la littérature de gare", mais il n'est pas si sûr qu'il faille pour autant le ranger dans cette catégorie. Bien sûr on y trouve un détective privé dans la tradition hard-boiled, un dur à cuire, soiffard, amoureux des femmes, amateur de courses de chevaux, violent, solitaire, mais l'enquête qu'il mène n'a rien de policière.
Nick Belane, Chinaski, Buskowski, même combat. Et quel combat ! Celui que tout à chacun livre à sa manière mais dont l'issue est la même pour tous, fatale.
Lady Death, la Grande Faucheuse, accompagne Belane sur les traces de Céline à la recherche du grand mystère, le Moineau Écarlate. Nul n'est besoin de savoir lire entre les lignes pour comprendre ce dernier message de Bukowski. D'ailleurs son enquête, sa quête, est parsemée de réflexions à propos et autour de la mort, de la vie :
Je commençais à flipper sévère. Ma vie avait-elle encore un sens ? Je n'existe que si je poursuis un but, que si les lumières scintillent, que si je suis fasciné, que si je succombe à la tentation. Or voilà que je faisais la conversation avec la mort.
Je n'étais né que pour mourir. Que pour vivoter comme le dernier des rongeurs. Amenez les chœurs. Que la cérémonie funèbre commence, que le voyage au bout de la nuit s'achève. La mort ne me quitte pas. Homme, oiseau, ruminant, reptile, rongeur, insecte, poisson, tous, nous sommes logés à la même enseigne. Des morts à crédit. Et je vois mal comment y couper.
Nous sommes vraiment des êtres répugnants, programmés pour nous épuiser, notre vie durant, à accomplir de sordides petites tâches. (...) Qu'ils continuent sans moi leurs minables tours de passe-passe et leurs jonglerie à la con. Je m'enfonçai sous les draps et attendis.
Tout ça devait avoir un sens. Et tant que je n'aurais pas compris lequel, je ne serais qu'une pauvre marionnette.
À l'évidence, si nous faisons semblant de remuer de l'air, c'est pour tromper l'attente de la mort, bien qu'une bonne partie d'entre nous ait renoncé depuis longtemps à user de ce piteux stratagème. Je suis un légume. Dire lequel dépasse mes compétences. À priori, je penche pour le navet."
Bukowski se met en scène au moment du grand passage, préférant écrire de sa plume son épitaphe. Il le fait à sa manière, celle qu'on lui connaît. On n'est pas vraiment dans un polar, mais c'est avec une infinie tendresse qu'on suit la dernière pirouette d'un grand écrivain qui, à l'instar de celui qu'il poursuit, sut transmettre à ses mots la vie qui l'habitait. Adieu l'artiste, et bonne bourre !
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Pas de véritable piste à explorer, sinon se replonger, avec délice, dans la prose alcoolisée de Bukowski. Pour le plaisir.
Les dix premières lignes...
C'était encore mon bureau. Mais plus pour longtemps, puisque j'étais en fin de bail et que McKelvey devait fignoler les derniers détails de mon expulsion. Vu que l'air conditionné avait rendu l'âme, il y faisait aussi chaud qu'en Enfer. Une mouche se traînait sous mon nez. D'une chiquenaude bien appuyée, je la rayai du tableau, et j'étais en train de m'essuyer les doigts sur mon pantalon quand le téléphone sonna.
Je décrochai.
— Mouais, grommelai-je.
— Avez-vous vu Céline (...) ?
Quatrième de couverture...
Louis-Ferdinand Céline n'est pas mort en 1961. On l'a aperçu à Los Angeles. Et une pulpeuse créature qui n'est autre que la Mort charge un "privé" minable, Nick Belane, de le retrouver : "Je veux m'offrir, dit-elle, le plus grand écrivain français."
(...) Une enquête échevelée, jalonnée de saoulerie et de cadavres, d'autant plus compliquée que le malheureux Belane doit aussi retrouver le Moineau écarlate et pister une nommée Cindy qui roule en Mercedes rouge...
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...