L'Ecailler du Sud - Février 2009
Tags : Roman d'enquête Serial Killer Psychologie Flic Toulouse Années 2000 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 31 mai 2006
Mairie de Cugnaux, banlieue Toulousaine. En ce samedi, Bernadette a décidé
d'en finir. Ex-secrétaire du maire, ex-femme de Lionel, ex-petite amie
de Jean-Yves, c'en est trop. Ou trop peu. Une balle pour chacun de ses
ex-amants ; ceux qui l'ont poussée au désespoir. La troisième sera
pour elle...
Franz Dieu, officier de police, qui joue avec son nom, avec les gens, s'octroyant par la pensée, sous prétexte de patronyme, droit de vie ou de mort sur les passants.
Jeu de con.
Dieu est un con plein de bons sentiments.
Un con tout de même.
Et un flic.
Un "fêlé", quelque part, a une révélation en contemplant une publicité pour un collyre : "Avec le Chilbro S23, que le Miracle soit". Révélation incompréhensible, si ce n'est par son esprit dérangé. N'empêche qu'il comprend à travers ces mots que le bien et le mal réagissent entre eux selon le principe des vases communiquant, ou comme un miroir...
J'ai compris soudain une chose : ce qu'on enlève d'un côté, on peut le rendre de l'autre (...). Je me suis dis alors, si je fais le mal d'un côté, je fais le bien de l'autre côté. Et si mon but est de faire le bien, conclusion, je dois faire le mal. CQFD. Chilbro S23.
Puis c'est Matombert qui entre en jeu, le gourou d'une secte new-age - ondes
positives, ondes négatives... - attendant ses adeptes pour une séance
de pigeonnage. Mais il n'aura jamais le temps d'ouvrir cette session :
il est agressé avant, assassiné même, et lorsqu'on découvre son
cadavre, ses paupières ont été prélevées...
Ainsi démarre le roman de Jan Thirion (publié à l'origine sous le nom de
Jean-Benoît Thirion). Comme la boîte d'un puzzle qu'on vient d'ouvrir :
les morceaux sont éparpillés, sans relation les uns avec les autres,
sans lien ; tout juste sait-on qu'ils composent une seule et même image.
Bien sûr l'ordonnancement se fait et bientôt apparaît un officier de police
menant une enquête sur l'assassinat d'un gourou local perpétré,
semble-t-il, par un illuminé.
On découvre le personnage de Franz Dieu qui ne respire pas vraiment la joie de vivre, traînant son vague à l'âme au fil des pages, l'assommant une fois à coup de whisky, une autre au Lexomedril. Il y a comme une austérité dans
l'ambiance retranscrite. Personne ne se livre vraiment. On avance au
jugé, comme dans un brouillard aveuglant.
L'enquête, plutôt au point mort, est laissée de côté et c'est le personnage de Franz qui tient le devant de la scène. Dieu est malheureux. Dieu manque
d'amour. Sa vie intime est une histoire de couple qui se délite :
Noé, bien sûr. Dans le lointain. Dans un pays frontalier. Quelque part, de l'autre côté d'une frontière gardée par les miradors du malaise et les tanks du ressentiment.
Jan Thirion écrit tout en finesse. D'ailleurs il l'affirme lui-même :
"Compiler les informations est une nécessité, comme écrire un livre sans queue ni tête. En apparence sans queue ni tête."
C'est avec une grande sensibilité et une extrême pudeur qu'il nous fait
pénétrer les états d'âmes de son narrateur, collant au plus près de la
réalité et du quotidien, par petites touches successives.
Une particularité qu'il applique de même à l'intrigue qu'il révèle au
compte-goutte et qui, au bout du compte, est loin d'être oubliée. Franz
est flic et il a bien une enquête à mener ! Affublé d'une jeune
stagiaire, Mendy, il va tenter d'élucider le mystère qui ensanglante
Toulouse.
Difficile d'en dire beaucoup plus sur l'intrigue sans dévoiler ses ressorts, mais la lecture de ce roman mérite assurément un détour. Après avoir surmonté la "dispersion" initiale, difficile de lâcher le livre. Il se dégage de cette écriture comme un sentiment de vérité. Pas de mensonges, pas de faux-semblants,
même si on ne se livre pas si facilement. Finesse, tendresse, colère,
désespoir aussi... Dieu Veille Toulouse est un roman profondément humain. Et aussi un polar !..
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Jan Thirion n'en est pas à son premier essai en matière de roman ou d'autre forme littéraire d'ailleurs. Pour vous en rendre compte, deux solutions : une visite de son site perso ou un détour sur le blog consacré à ses nouvelles (certaines étant également disponibles ici-même).
Les dix premières lignes...
Monsieur le maire s'est enfermé dans les toilettes. Avec ses deux
portables. Le portable téléphone et le portable ordinateur. Il en a
pour une demi-heure. Monsieur le maire n'aime pas perdre son temps. Il
n'a pas été élu pour se tourner les pouces. Il tient à faire de sa
commune l'une des plus dynamiques de l'agglomération toulousaine.
C'est le moment qu'elle attendait. 10 heures 10. La fatigue de sa nuit
blanche est oubliée. Elle a la tête froide. Elle est décidée (...).
Quatrième de couverture...
Toulouse, une ville où, normalement, il fait bon vivre. Mais cette
fois, on y meurt mystérieusement. Le changement de millénaire fait
sortir de l'ombre les assassins et ceux qui les traquent. Dieu est de
ceux-là. Franz Dieu, officier de police qui traîne son vague à l'âme,
depuis qu'on lui a vitriolé la figure lors d'une interpellation.
Secondé par une jeune policière stagiaire, dont c'est la première
enquête, et préoccupé par le sort d'une adolescente handicapée mentale
qu'il a prise en affection, il va courir après la vérité, au péril de
sa vie et de celle de ses proches. Les victimes se succèdent. Toutes,
têtes éclatées et paupières arrachées. Elles n'ont apparemment aucun
lien entre elles.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...