Actes Sud - Septembre 2003 - Traduction (espagnol) : Marianne Millon
Tags : Roman noir Détective amateur Historique (avant 1930) Littéraire Moins de 250 pages
Publié le : 20 juin 2006
La Caverne des Idées est un polar assez curieux.
D'ailleurs, on pourrait même hésiter à le qualifier de polar. Bien sûr, il possède quelques ingrédients caractéristiques du genre : cadavres, détective,
enquête.
Mais il est aussi, surtout, un questionnement littéraire et philosophique, parsemé de mises en abyme successives et imbriquées, qui amènent petit à petit à un dénouement pour le moins surprenant.
Rien n'est laissé au hasard dans ce roman, il fait partie de ces livres
qu'on peut relire une deuxième fois en connaissant la fin, pour
dénicher tous les petits détails et clins d'œil qu'on n'avait pas perçu
en première lecture.
Un roman bourré de références, littéraires, philosophiques, et de références dans les références, de références à lui-même, dans un mouvement circulaire un
peu étourdissant mais tout à fait réjouissant.
L'auteur joue. Il joue au traducteur, il joue à l'écrivain, au philosophe, au
détective, au peintre. Il s'amuse à fabriquer des images, et des images
dans les images.
C'est un magnifique exercice artistique, qui révèle une maîtrise étonnante de l'écriture et de la conception d'une intrigue.
Les personnages sont doubles, à l'intérieur et à l'extérieur, dans ce jeu
grandissant qui alterne le texte et les notes de bas de page, qui font
elles-mêmes complètement partie du texte.
La Caverne des Idées est un roman délicieux, qui se savoure comme un plat gastronomique : à petites bouchées et grandes inspirations.
À signaler également : ce roman est publié dans la collection Babel de
chez Actes Sud, et l'objet livre en lui-même est un pur régal. Belle
mise en page, papier agréable, équilibre et fluidité. C'est du très
beau boulot d'éditeur, qui ajoute encore au plaisir de la lecture.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Même si l'univers est assez différent, il est probable que vous aimerez ce somptueux roman du même auteur qu'est Clara et la Pénombre.
Les dix premières lignes...
Le cadavre reposait sur de fragiles brancards en bois de bouleau. Le torse
et le ventre étaient couverts d'hématomes, les chairs déchirées
maculées de sang coagulé et de terre séchée, mais la tête et les bras
présentaient un meilleur aspect. Un soldat avait retiré les manteaux
qui le recouvraient pour permettre à Aschilos de l'examiner, et les
curieux s'étaient approchés, d'abord avec timidité, puis en masse,
formant un cercle autour de la macabre dépouille. Le froid hérissait la
peau bleue de la Nuit, et le Borée faisait onduler la chevelure dorée
des torches, les bords sombres des chlamydes et le crin épais des
casques des soldats (...).
Quatrième de couverture...
Un éphèbe est retrouvé mort dans les rues d'Athènes. Son ancien
mentor à l'Académie sollicite les services d'un fin limier : Héraclès
Pontor, le déchiffreur d'énigmes. Le philosophe platonicien
et cet Hercule Poirot à l'antique s'emploient avec passion à trouver la
Vérité et, accessoirement, le coupable. Car la joute philosophique se
superpose à l'investigation policière, tandis que les crimes
s'enchaînent.
L'histoire de ces crimes est aussi l'histoire d'un manuscrit qu'un traducteur retranscrit sous nos yeux, l'annotant inlassablement en pensant l'éclairer, ignorant que son destin de personnage est d'établir la revanche de la littérature sur la philosophie, de démontrer que seule la fiction contient toutes les vérités du monde.
En Angleterre, La Caverne des Idées a obtenu le Gold Dagger Prize.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...