Gallimard / La Blanche - Avril 1995
Tags : Comédie Quidam Paris Années 1990 Humoristique Plus de 400 pages
Publié le : 30 novembre 2005
Après un silence de cinq ans et alors qu'on aurait pu penser que la
saga Malaussène se réduirait à une trilogie, voilà qu'aiguillonné par
les journalistes du Nouvel Observateur, Daniel Pennac se
remet à l'ouvrage et sort un quatrième épisode des aventures
rocambolesques de Benjamin, le bouc-émissaire professionnel.
Rien n'est simple dans la vie mouvementée de ce chef de famille un peu
particulier(e), d'autant qu'après avoir eu la charge de ses nombreux
frères et sœurs, le voici confronté lui-même à la paternité : Julie
attend un enfant !..
Il n'en faut pas d'avantage pour bouleverser un peu plus une situation déjà bancale à souhait qui va entraîner cet aventurier des temps modernes jusqu'à la
prison, inculpé pour pas moins de vingt-et-un meurtres...
Daniel Pennac continue sur sa lancée, mixant avec le plaisir qu'on lui connaît les ingrédients qui ont fait le succès des précédents opus. À travers
une série d'assassinats de prostituées tatouées, il explore le monde du
cinéma et la réalisation d'un film, d'une "révélation", qui conduit
tous ses protagonistes au cimetière.
Les fans apprécieront la fantaisie de l'auteur, son imagination débridée, sa
légèreté. Les autres diront qu'il tourne en rond et trouverons des
défauts là où les premiers voient des qualités. Le "profondeur" n'est
sans doute pas le propre de Daniel Pennac, mais on ne peut bouder non
plus les moments de grâce qu'il sait distribuer en usant avec bonheur
de son impertinence, de sa joie de manipuler les mots, la langue, qu'il
rend si vivante à travers son style toujours aussi alerte :
Naître, c'est à la portée de tout le monde ! Même moi, je suis né ! Mais il faut devenir, ensuite ! devenir ! grandir, croître, pousser, grossir (sans enfler), muer (sans muter), mûrir (sans blettir), évoluer (en évaluant), durer (sans végéter); vieillir (sans trop rajeunir) et mourir sans râler, pour finir... un gigantesque programme, une vigilance de chaque instant...
Après tout, ne s'agit-il pas là de philosophie ?.. D'une approche personnelle
du sens de la vie ?.. Car au fond, à travers les péripéties
mouvementées de son héros, n'est-ce pas sur le bien-fondé de donner la
vie dans un monde tel que le nôtre que s'interroge l'auteur avec ce
roman ?
Quelques pistes à explorer, ou pas...
En 1996, alors qu'il assistait à une lecture publique de son roman Monsieur Malaussène, l'idée lui vint de réaliser une pièce de théâtre qui reprendrait, sous la forme d'un long monologue, les interrogations diverses et variées de son héros Benjamin Malaussène sur le monde qui l'entoure à travers les quatre premiers épisodes de ses aventures.
Ainsi allait naître Monsieur Malaussène au Théâtre, pièce écrite par Daniel Pennac, qui allait rencontrer un franc
succès avec Jean Guerrin dans le rôle titre avant d'être reprise par ne
nombreux autres acteurs, y compris à l'étranger.
Les dix premières lignes...
L'enfant était cloué à la porte comme un oiseau de malheur. Ses yeux pleine lune étaient ceux d'une chouette.
Eux, ils étaient sept, et montaient les escaliers quatre à quatre. Bien
entendu, ils ignoraient que cette fois-ci on leur avait cloué un gosse
sur la porte. Ils croyaient avoir tout vu et couraient donc vers la
surprise. Deux paliers encore et un petit Jésus de six ou sept ans leur
barrerait le passage. Un bébé-dieu cloué vif sur une porte. Qui peut
imaginer une chose pareille ?
Belleville leur avait déjà tout fait, que pouvait-on leur faire encore (...) ?
Quatrième de couverture...
- La suite ! réclamaient les enfants. La suite ! La suite !
Ma suite à moi c'est l'autre petit moi-même qui prépare ma relève dans le
giron de Julie. Comme une femme est belle en ces premiers mois où elle
vous fait l'honneur d'être deux ! Mais, Julie, crois-tu que ce soit
raisonnable ? Julie, le crois-tu? Franchement... hein ? Et toi, petit
con, penses-tu que ce soit le monde, la famille, l'époque où te poser ?
Pas encore là et déjà de mauvaises fréquentations !
- La suite ! La suite !
Ils y tenaient tellement à leur suite que moi, Benjamin Malaussène, frère
de famille hautement responsable, bouc ressuscité, père potentiel, j'ai
fini par me retrouver en prison accusé de vingt et un meurtres.
Tout ça pour un sombre trafic d'images en ce siècle Lumière.
Alors, vous tenez vraiment à ce que je vous la raconte, la suite ?
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...