Le Sermazelle - Septembre 2005
Tags : Roman d'enquête Polar fantastique Comédie Serial Killer Détective amateur France profonde Années 2000 Humoristique Moins de 250 pages
Publié le : 31 janvier 2006
Désiré Millepoint est un grand adulescent qui vit avec sa mère, veuve.
Introverti, à défaut de pouvoir (vouloir ?) communiquer avec le monde
extérieur, il s'est réfugié dans la virtualité informatique,
bidouillant, triturant, allant même jusqu'à créer une sorte de jeu, ou
au moins son ébauche, peuplé de maître incorruptible et de justicier
purificateur. Il communique l'avancement de son projet sur un blog
ouvert à cet effet, un espace où il s'épanche et donne libre cours à
ses observations sur le monde qui l'entoure qu'il reconstitue en décor
pour ses personnages virtuels.
Seulement voilà, il arrive que la réalité rattrape la "fiction", s'y mélange, et Désiré,
à l'occasion de la foire de Saintes, qu'il pratique chaque premier
lundi du mois, est le témoin-acteur d'un meurtre sauvage et sanglant...
Jacques-Edmond Machefert connaît bien la Saintonge, il y est né, avant de parcourir le
monde, de voir du pays, puis d'y revenir. À travers ce roman en forme
de farce, parfois iconoclaste, il nous brosse à sa manière le portrait
de celles et ceux qui l'animent et sans doute, plus généralement, de
quelques pans de notre société.
Désiré Millepoint est un observateur, renfermé, qui se fond pourtant chaque
mois dans la multitude anonyme de la foire de Saintes pour y "croquer"
ses congénères. La plume de l'auteur, pleine d'humour, est vive et
acerbe, piquante parfois, comme lorsqu'elle s'adresse aux édiles :
Des messieurs cravatés qui attendent tels des juges impitoyables et prétentieux, derrière une table recouverte d'un tapis vert défraîchi.
Mordante aussi envers les petits travers de tout à chacun.
Désiré se sent mal dans sa peau, mal dans son monde, il voudrait redresser la barre : "Revenir au paradis terrestre, y ramener l'humanité soumise et repentie".
Il faut dire qu'il est entouré d'une sacrée brochette de personnages
tout aussi déjantés que lui, au premier rang desquels on trouve sa
mère, Emma, étouffante, au comble de la "bigoterie", tombée en
religion, versant intégriste, après la mort de son mari - un an après
exactement - lorsqu'elle faillit violer son propre fils sous la
douche... Depuis elle expie son péché à peine consommé en évangélisant
la région.
En bonne place également, son employeur, Augustin Merlineau, patron de l'épicerie locale, poujadiste
à souhait, plutôt obsédé sexuel et doté d'un langage des plus fleuris :
- O nous faut Sarko peurzident, fan d'louc ! Qu'y nous feurmoghe tout thieu au Karcher : les banlieues, la fouère, les bord de Chèrente la neut, les cheuv'lus, les tondus, les baignassouts, les drogués, les socialo-communiss' et tous ces putains d'politiciens laxiss' à la solde de la racaille claustropolite.
Et l'intrigue dans tout ça ?.. Virtuelle ?.. Réelle ?.. Il faudra attendre
le fin mot de l'histoire pour en avoir le cœur net, avoir suivi Désiré
dans ses désordres. Car des crimes ont bien lieu, et les filles de
Saintonge qui se promènent à la foire n'en reviennent pas toutes
vivantes...
Jacques-Edmond Machefert nous offre un conte des temps modernes qui balaye avec une ironie persistante les
travers de notre société bien pensante. En forçant le trait, sans pour
autant appuyer son propos de longues démonstrations mais, au contraire,
avec légèreté et espièglerie, aidé et soutenu par un humour cinglant,
il arrive à glisser quelques vues bien senties sur les rapports
humains, les hommes, les femmes, les mères et les fils, les fils et les
pères. Pas vraiment un polar, ou alors... un peu extra-terrestre... un
peu surréaliste...
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Fin 2001, Jacques-Edmond Machefert publiait son premier roman noir, Les Amants du Mort d'Eau, qui décrit lui-même comme déjanté, mais aussi son récit le plus
personnel, autour d'une ville qu'il apprécie particulièrement, Royan,
et de quelques réflexions sur l'écriture.
Les dix premières lignes...
En dehors de ce rendez-vous quotidien sur la toile, vous m'avez sans doute
rencontré un jour ou l'autre ; je veux dire, physiquement ! Surtout si
vous fréquentez la foire de Saintes, le premier lundi de chaque mois.
On dit que c'est la seconde foire de France par l'importance des
transactions commerciales... mais on dit tant de choses ! Je n'écoutes
pas ce que les gens disent, je préfère les observer.
- Tu vas encore faire la foire ? plaisante ma mère qui plaisante rarement.
" C'est cela, maman, je vais faire la foire (...)... "
Quatrième de couverture...
"Le boucher de la foire" a-t-il été démasqué ? Est-ce la fin du trop long cauchemar qui ensanglantait, une fois par mois, la capitale de la
Saintonge ? La police vient en effet d'arrêter un suspect. Au village, on respire !
On y dispose pourtant d'informations qui pourraient bien faire basculer l'enquête. L'épicier Merlineau, dans son langage fleuri, en raconte de belles sur son commis, le jeune Millepoint. Quant à la mère de ce petit génie de l'informatique, elle cache mal son inquiétude. Surtout depuis qu'elle a trouvé ce rasoir... Et Désiré lui-même, sur le forum de son site Internet, fréquente des personnages inquiétants, leur livre des secrets terribles. Seule Juliette, une beauté aussi locale que torride, semble inconsciente ; elle aimerait bien "faire la foire" avec lui. À ses risques et périls !
Mais attention, un crime peut en cacher un autre. Et ceux qui connaissent l'auteur de "La Gariboute", savent qu'un roman peut aussi en cacher un autre. Violence et sexe ne figurent pas ici à titre gratuit, mais comme éléments d'un puzzle à reconstituer... sans oublier la pièce "HUMOUR". NOIR de préférence !
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...