Baleine - Mars 1997
Tags : Roman noir Polar social Polar militant Crime organisé Mystique Flic Afrique du Nord Années 1990 Littéraire Moins de 250 pages
Publié le : 30 septembre 2005
Morituri est le premier volet de la trilogie ou intervient le commissaire Llob (à compléter par Double Blanc et L'Automne des Chimères).
Son auteur en raconte la genèse en remontant en 1994 : alors en poste
dans l'armée algérienne, en pleine guerre civile, il est le témoin d'un
attentat perpétré dans un cimetière ; une horreur. C'est dans
l'urgence, presque dans une sorte d'état second, que sera écrit
Morituri, comme un cri déchirant le silence.
On y retrouve la commissaire Llob, premier pseudonyme de l'auteur (cf. Le Dingue au Bistouri), personnage cynique et macho qui, avec sa femme Mina et son fidèle
lieutenant Lino, constituent les principaux intervenants humains de ce
récit. Llob, dans une Algérie à la dérive, tente de rester droit et
intègre, mais il subit également, comme chacun, l'horreur latente, la
peur qui mine tout fonctionnaire de police, cible potentielle d'un
attentat de plus.
Le commissaire se voit confier une enquête sur la disparition de la fille d'un homme politique
rangé des voitures mais dont l'influence et le pouvoir restent
certains. Llob navigue en eaux troubles et dans des milieux bien
louches !.. C'est l'occasion pour l'auteur de dénoncer la mafia
politique au pouvoir, le niveau de corruption des édiles qui a poussé
le peuple, miséreux, dans les bras des intégristes dont ils avaient
fait le nid.
Un roman très noir, très réaliste, d'une grande lucidité et (donc) sans illusion, qui démonte les
mécanismes qui ont fait sombrer ce pays dans le fratricide. Violent et
désespéré, mais pourrait-il en être autrement ?
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Retrouvez le commissaire Brahim Llob dans la suite de la trilogie qui complète l'analyse entamée ici, avec Double Blanc et L'Automne des Chimères.
Les dix premières lignes...
Saigné aux quatre veines, l'horizon accouche à la césarienne d'un jour qui,
finalement, n'aura pas mérité sa peine. Je m'extirpe de mon plumard,
complètement dévitalisé par un sommeil à l'affût du moindre friselis.
Les temps sont durs : un malheur est si vite arrivé.
Mina ronfle à portée de mon déplaisir, épaisse comme une pâte rancissante,
un bout de nichon négligemment déployé sur la bordure du drap. Elle est
loin, l'époque où je me l'envoyais au détour du plus innocent des
attouchements (...).
Quatrième de couverture...
De ma fenêtre, je peux voir la misère de la casbah, sa noirceur de
rinçure et au bout, la Méditerranée. Il fut un temps où, de mon mirador
de patriote zélé, il me semblait que la noblesse naissait de ces
gourbis meurtris par la guerre et les déconvenues. C'était le temps où
Alger avait la blancheur des colombes et des ingénuités. C'était le
temps des slogans, du chauvinisme ; le temps où le Mensonge, mieux
qu'un pépé mythique, savait nous conter fleurette.
Aujourd'hui, de sous les décombres des abus, la Nation retrousse ses robes sur des
avortons terrifiants, et mon havre de fierté supplante en laideur la
plus horrible des barbaries. Désormais, dans mon pays, il y a des
gosses que l'on mitraille simplement parce qu'ils vont à l'école, et
des filles que l'on décapite parce qu'il faut bien faire peur aux
autres.
Désormais, dans mon pays, à quelques prières du Bon Dieu, il y a des jours qui se lèvent uniquement pour
s'en aller, et des nuits qui ne sont noires que pour s'identifier à nos
consciences...
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...