Joyland

Stephen King

Albin Michel - Mai 2014 - Traduction (anglais) : Nadine Gassie - Oceane Bies

Tags :  Roman d'enquête Polamour Quidam Etats Unis Années 1970 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 04 mai 2014

Devin Jones se souvient de ses vingt ans et plus particulièrement de cet été 1973 alors qu'il rejoint le parc d'attraction qui vient de l'embaucher : Joyland. Une saison en Caroline du Nord qu'il n'a jamais oubliée.
L'Amérique est prospère, le premier "choc" pétrolier vient à peine d'avoir lieu et personne n'en mesure encore les conséquences. Nixon déclare qu'il n'est pas un escroc, ce qui n'intéresse guère Devin Jones qui ne cesse de ressasser la fin de son aventure avec Wendy Keegan. Jeté comme un malpropre après deux années de chastes relations, Dev remâche sa frustration et ses maigres idées suicidaires.
Il n'empêche à Joyland, on est là pour vendre du bonheur aux visiteurs — aux ploucs comme on ne doit pas dire — et qu'il convient d'avoir le sourire en toute circonstance. Comme de nombreux autres étudiants, Devin a intégré le parc pour la saison touristique. À peine arrivé, il se retrouve comme tout le monde plongé dans le grand bain des forains, au milieu des manèges, des enfants, des tâches multiples et variées qui surviennent à tout moment, et se découvre une réelle attirance pour cette ambiance si particulière.
Il se lie d'amitié avec Erin et Tom qui font partie de son équipe, apprécie sa logeuse — la vieille et malicieuse Mrs. Shoplaw recommandée par le responsable de la grande roue, Lane Hardy — qui lui raconte un soir la légende de Joyland : la Maison de l'Horreur, une des attractions du parc, serait véritablement hantée par le fantôme d'une jeune femme assassinée là quatre ans plus tôt. Un meurtre dont on n'a jamais retrouvé le coupable…

Si Stephen King a écrit plus de cinquante romans et quelques centaines de nouvelles, je dois bien avouer ici ne l'avoir jamais beaucoup lu. Mes quelques expériences en la matière ne m'ayant pas vraiment engagé à poursuivre l'aventure et une certaine réticence face aux attitudes fan(atiques) de beaucoup de ses lecteurs, j'en étais resté à une méconnaissance totale de l'auteur. Et bien sûr j'ai vu en son temps au cinéma Carrie au Bal du Diable de Brian de Palma, ou Shining de Stanley Kubrick, adaptés de ses romans ; j'ai même souvent entendu parler, en bien, de son livre Écriture.
Voilà donc où j'en étais quand deux événements concomitants, ou presque, sont venus contrecarrer cet état de fait. D'une part le facteur a déposé dans ma boîte à lettres un exemplaire de Joyland, le dernier roman de Stephen King ; d'autre part se présentaient à moi quelques jours de vacances qui s'annonçaient pluvieux. Autant emporter un peu de lecture supplémentaire, au cas où…

Et quelques jours plus tard… je me suis fait avoir. Emporté dès les premières pages par les aventures sentimentales de Devin Jones au pays des attractions. Contrairement à ce que semble annoncer la quatrième de couverture, Joyland n'a rien d'un thriller angoissant ; il joue plutôt sur la fibre nostalgique dans un récit mené à la première personne quarante ans après les faits. Devin se souvient avec douceur de cet été heureux et malheureux à la fois qui a changé sa vie.
Bien sûr il y a un fantôme qui traîne, un meurtre non élucidé, un petit garçon malade (personnage récurrent chez King), une enquête relancée, mais ces éléments n'interviennent que tardivement, et plus pour mettre en valeur le cœur du roman : l'histoire douce-amère d'un jeune adulte de vingt ans dans l'Amérique des années soixante-dix, ou comment se construit une vie.

Stephen King est un narrateur doué. Il mène son récit sans coup férir, sans temps morts. Dès les premières pages on croit dur comme fer à son personnage au point de se demander s'il ne s'agit pas là d'une autobiographie. L'envers du décor des parcs d'attraction est rendu à merveille, tout comme l'ambiance particulière de ce petit monde qui les anime en coulisse, la complicité qui permet de vendre du bonheur.

Je ne sais pas si après cette expérience de retournerai vers Stephen King, mais assurément, je ne regrette vraiment pas d'y avoir fait ce détour.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Joyland semble se rapprocher dans l'œuvre de Stephen King de sa nouvelle Le Corps (Stand by Me), publiée en France dans le recueil Différentes Saisons.

Le début...

Les dix premières lignes...

J'avais une voiture, mais au cours de cet automne 1973, je suis allé à Joyland à pied presque tous les jours depuis le petit gîte de bord de mer de Mrs. Shoplaw où je logeais à Heaven's Bay. Ça me semblait la meilleure chose à faire. La seule, à vrai dire. Début septembre, la plage de Heaven's Bay est quasiment déserte. Et ça m'allait. Car cet automne-là fut le plus beau de ma vie, même quarante ans plus tard je peux le dire. Et je n'ai jamais été aussi malheureux de ma vie, ça aussi je peux le dire. Les gens trouvent que les premières amours sont tendres. Et jamais plus tendres que lorsque ce premier lien se brise… Il y a bien un millier de chansons pop et country à l'appui : des histoires d'imbéciles qui ont eu le cœur brisé (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Les clowns vous ont toujours fait un peu peur ?
L'atmosphère des fêtes foraines vous angoisse ?
Alors, un petit conseil : ne vous aventurez pas sur une grande roue un soir d'orage…


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Stephen King










Edition(s)...

Informations au survol de l'image...

Réédition

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Marche ou Crève