Métailié - Septembre 2007
Tags : Polar social Comédie Avocat France Années 2000 Humoristique Moins de 250 pages
Publié le : 05 décembre 2024
Alors qu’il fête Noël et ses vingt ans de barreau, Christophe Leibowitz, avocat pénaliste peu orthodoxe apprend le décès de sa tante Marguerite, demi-sœur de sa propre mère, elle-même disparue.
À l’occasion de l’enterrement, en Charente, il découvre qu’il est désormais l’heureux propriétaire du tiers d’un domaine de vignobles produisant du Cognac. Une aubaine pour un quasi-alcoolique comme lui, par ailleurs en délicatesse avec les autorités sur ce sujet.
Et puis surtout, en découvrant que ce breuvage de luxe qu’il n’apprécie guère rapporte beaucoup d’argent grâce aux rappeurs américains qui en ont fait leur boisson préférée, il pense aussitôt à sa propre clientèle de petits dealers et autres escrocs et entrevoie de larges pistes de développement pour sa nouvelle affaire.
Bien qu’il construise son projet commercial, Christophe Leibowitz n’en reste pas moins avocat et pénaliste. Sa recherche de la perle rare version gangsta à la française afin de personnifier le nouvel « emballage » des cognacs Berthier est l’occasion de survoler une nouvelle fois l’état de la justice ordinaire et de ses protagonistes. Un paysage pas toujours très reluisant sous la plume de Hannelore Cayre.
Troisième volet des aventures mouvementées de Christophe Leibowitz, Ground XO reprend le format qui a fait la saveur des deux premiers opus. L’avocat a pris de la bouteille, aussi bien en expérience qu’en taux d’alcoolémie, mais il est toujours empêtré par les bâtons que mettent dans ses roues une hiérarchie peu réceptrice à ses talents.
Pour Hannelore Cayre, il s’agit cette fois de mettre en lumière le mariage improbable de l’univers du luxe et celui des rappeurs à la mode gangster, un « assemblage » où tout est permis pour faire du chiffre.
Et je me disais que ça me plaisait bien tout ça… cette mise en scène de produits de luxe d’une ahurissante vulgarité. C’était ce qu’avaient voulu les marques après tout : vendre un rêve standardisé au plus grand nombre. Eh bien, à voir ces clips dégoulinant d’argent facile et de violence, on se disait que l’opération marketing avait dépassé toutes leurs espérances.
C’est simple. J’ai une petite marque de cognac, là, et il lui faut de la pub. J’ai pensé à faire comme Courvoisier ou Hennessy ; produire un rappeur qui rimerait un truc cool pour montrer à quel point c’est cool d’en boire. Une star créée de toutes pièces qui chanterait les textes des autres. Comme P. Diddy avec Notorious BIG, voyez ? Évidemment, ça serait mieux si le mec avait un casier ! Il y aurait des filles à poil et des belles caisses… Le type, il aurait des bling-bling énormes en diamant qui lui pendraient du cou, genre Uzi incrusté de pierreries… et une doudoune Chanel blanche avec du renard polaire. Et puis il irait sur son yacht de la Côte d’Azur. Il serait là, à se la donner avec ses potes, à sniffer des rails de coke sur le dos de filles à quatre pattes… et surtout, il se pinterait la gueule avec mon truc.
Hannelore Cayre s’en donne à cœur joie. Elle déploie ses saillies vachardes avec toujours la même efficacité, peuplant son récit de personnages secondaires qu’elle « croque » en deux traits de plume :
Pour ne rien gâcher, Joséphine était profondément amorale ; de ce type d’amoralité si délicieusement de gauche qui consiste à ne se vêtir que de fringues à la fois trouées et hors de prix ou à fêter les victoires du peuple dans des restos chics et chers.
En à peine cent quarante pages, tout le monde en prend pour son grade. C’est drôle, admirablement rythmé, ça se lit en une paire d’heures et ce serait dommage de ne pas y « perdre » son temps.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
L’avocat Chritophe Leibowitz est le personnage principal de trois romans signés par Hannelore Cayre. Les trois méritent le détour : Commis d’Office (2004), Toiles de Maître (2005), et enfin le présent Ground XO (2007).
Les dix premières lignes...
C’était la veille de Noël.
J’avais prêté serment un 24 décembre, cela faisait exactement vingt ans.
Vingt années de barre que je venais de m’enquiller avec à chaque rentrée la même promesse : « Encore cinq ans et c’est fini, je raccroche la robe. »
Grisé d’ambitions aussi imprécises que puériles, je rêvais, jeune avocat, de devenir un type qui marquerait son temps. Je me trouvais beau, alerte, et j’imaginais que les filles mouillaient jusqu’aux genoux rien qu’à me voir déambuler au Palais dans ma robe toute neuve.
Vingt années plus tard, je me retrouvais là, assis dans ma cuisine, la tête entre les mains à faire des compromis avec moi-même pour savoir combien de centilitres de calva viendraient à bout du souvenir pénible de la nuit que je venais de passer.
C’est mon humeur maussade et mon impuissance à me mettre en train qui me poussèrent ce matin-là à rédiger la première de mes confessions à l’inquiétant docteur Kafhar…
Quatrième de couverture...
Christophe Leibowitz, notre désastreux avocat, poursuit toujours sa quête désespérée du bonheur. Bientôt, il fêtera ses vingt ans d’exercice et ne voit pourtant rien d’autre à l’horizon qu’un enchaînement de mornes causes. Mais voilà qu’un beau jour, par le hasard d’une succession, il se retrouve héritier d’une marque de cognac. Cette boisson qui conserve en France l’image de la bouteille qu’on dépoussière pour clore un repas dominical est aux États-Unis le symbole de la sophistication dans la culture hip-hop. Il n’en faut pas plus pour ragaillardir notre pénaliste névrosé. Riche de son carnet d’adresses au pays des dealers, il se lance avec enthousiasme dans le show-business en misant sur l’un de ses clients trafiquant de cocaïne et rappeur à ses heures, qu’il charge de chanter les vertus de son cognac.
Avocat, producteur de gangsta rap et bouilleur de cru, n’est-ce pas trop pour un seul homme ?
Sa trombine... et sa bio en lien...
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