Meurtre à Greenwich Village

Kinky Friedman

Rivages / Noir - Février 1989 - Traduction (anglais) : Franck Reichert

Tags :  Hard Boiled Roman à énigme Détective privé New York Années 1980 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 11 septembre 2024

Dès les premières lignes, on est quasiment au cœur de la spécificité des romans de Kinky Friedman et de son narrateur : premier paragraphe, de l’alcool, et dans le second, un cigare.

Kinky est un chanteur de country, compositeur de comédie musicale à ses heures perdues et, accessoirement, plongé parfois dans les enquêtes criminelles.
Cette fois, c’est son pote McGovern, journaliste mi-irlandais, mi-indien, qui l’a mis sur l’affaire. Un de ses voisins vient de se prendre une balle en plein front alors qu’il présentait un bouquet de roses à… on ne sait qui.
La victime est rapidement identifiée, tout comme le premier suspect.

Les téléphones ont sonné à 8:23 p.m. C’était McGovern.
— J’ai des nouvelles. (…) Il s’appelle ou s’appelait Frank Worthington, comédien à temps partiel, barman à temps partiel et, à ce qu’on dirait, bisexuel à temps partiel. Ou bien faut-il dire bisexuel à plein temps ?
— Plutôt, j’ai dit.
— Les mauvaises nouvelles, c’est l’endroit d’où je t’appelle. Je téléphone du Sixième Precinct. Ils ont trouvé le revolver chez moi.

Kinky Friedman pratique un genre particulier dont il est peut-être le seul et unique représentant : le hard-boiled autobiographique. En quelque sorte il se met en scène dans la peau d’un détective amateur digne des plus beaux fleurons de la discipline, empruntant beaucoup à Raymond Chandler qu’il revendique comme une source d’inspiration.

Avec une bonne dose d’alcool, de nombreux cigares et quelques drogues poudrées, Kinky Friedman nous propose un personnage de détective au ton désabusé et sarcastique au milieu d’une enquête à la frontière du « whodunit », se terminant immanquablement par la grande scène d’explication. D’ailleurs, le personnage de Kinky est aussi associé à un certain Datso qui n’est pas sans rappeler le fameux docteur Watson qui accompagnait Sherlock Holmes.

Les amateurs du genre apprécieront sûrement le clin d’œil, mais il ne s’agit pas, pour ma part, de ma tasse de thé noir favorite.
Reste un ton, un personnage atypique entouré de ses cigares, de sa chatte et de ses deux téléphones, une certaine nonchalance, et une balade au cœur de New York et de son village sous un regard texan.

Ce quartier est le plexus nerveux palpitant de la grande fête homo camée de New York, l’un d’entre eux en tout cas, à toute heure diurne ou nocturne. La statue du général Sheridan persiste à scruter la place des yeux, mais on voit bien qu’il n’apprécie pas des masses.
J’avais maintenant à prendre une des plus difficiles décisions qu’ait jamais eu à prendre un habitant du Village : expresso ou cappuccino ? Je me suis décidé pour un cappuccino, et j’ai fait un pas vers la machine à café. Je n’avais pas à marcher bien loin. Elle occupait à peu près la moitié de ma cuisine. Dans la lumière éclatante du soleil, elle rutilait comme un petit blindé fasciste.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Pour les amateurs du genre, Meurtre à Greenwich Village est le premier épisode d’une série de onze mettant en scène le personnage du détective Kinky Friedman.

Le début...

Les dix premières lignes...

J’ai levé le mescal dans la lumière et regardé le ver glisser sur le cul de la bouteille. Un cadeau d’un ami qui rentrait tout juste du Mexique. Le ver était blanc et gras et les grandes propriétés hallucinogènes qu’on lui prête lui conféraient une vague apparence de dangerosité. On était censé le gober et il était censé vous faire planer si haut qu’il vous fallait une échelle de corde rien que pour descendre vous gratter le fion. On allait bien voir.
J’ai farfouillé dans ma corbeille à papiers jusqu’à ce que je déniche le mégot d’un cigare à demi fumé, plutôt bien préservé, et je l’ai allumé. Je me suis souvenu du célèbre mot de Winston Churchill, à ce propos : « Ils sont encore plus juteux ressuscités. » Winston n’avait pas tort…


La fin...

Quatrième de couverture...

Le premier appel de McGovern à Kinky est pour lui apprendre qu’il y a un cadavre, avec onze roses dans la main, sur le plancher de l’appartement en face du sien. Le second est pour lui dire que les flics l’ont arrêté parce qu’ils ont trouvé l’arme du crime chez lui. Kinky sait bien que McGovern, reporter au Daily News, descend plus volontiers des verres d’alcool que ses semblables. Mais lorsqu’il trouve un reçu pour une douzaine de roses chez le journaliste, il n’est plus sûr de rien. Sauf que tout le monde est fou à Greenwich Village.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Kinky Friedman










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