Plon - Janvier 1968
Tags : Polar social Comédie Crime organisé Truand France Années 1960 Littéraire Humoristique Moins de 250 pages
Publié le : 17 septembre 2023
Gustave, le narrateur, est un gigolo qui, avec l’aide de sa complice Nelly, vient d’assassiner sa maîtresse après l’avoir dévalisée, tout en tentant de faire porter le chapeau au neveu de la dame, Ralph.
Tout se passe comme prévu, et même l’inspecteur Ceccaldi, arrivé sur place après la découverte du cadavre de Mme Glumberg, se laisse berner. Mais au moment de mettre les voiles, Nelly s’envole seule avec le butin, laissant le pauvre Gustave sur les roses.
Pourquoi Gustave était-il là ? On le saura bientôt puisqu’il va nous narrer son parcours. Garçon de courses à vélo à Paris, il a été pris en affection par son patron, un riche entrepreneur qui en a fait son factotum et l’a convié dans sa villa, à Deauville, pour lui servir d’intermédiaire avec sa maîtresse. Gustave est comme un coq en pâte sur la côte normande, il profite et apprend les bonnes manières. Il finit même par tomber amoureux de la jolie fille du patron, et réciproquement semble-t-il. Mais ce serait sans compter sur la vigilance de la mère qui, alertée par leur proximité, renvoie vite le godelureau dans ses pénates. Seul moyen pour lui de se faire accepter : faire fortune…
Gustave est un escroc à la petite semaine, un prolo de la pègre parisienne, un traîne-savates à la recherche de la combine miraculeuse. Souvent, ce sont les femmes qui dirigent sa vie, de préférence jolies. On le découvre alors qu’il a quasiment « réussi », s’immisçant au sein d’une famille bourgeoise. Il faut dire que c’est là son rêve. Il les envie tous ces « richards » et serait prêt à tout pour leur ressembler. Sauf que la confrontation est brutale. Si certains parmi ceux-là lui trouve une forme d’exotisme et s’accommode de sa présence, la plupart finissent par le rejeter.
On ne peut s’empêcher de penser qu’Audiard puise dans ses souvenirs pour l’écriture de ce Terminus pour les Prétentieux. Lorsque l’on connaît un peu son parcours, difficile de ne pas trouver une ressemblance entre le cycliste Gustave qui ne rêve que d’intégrer la bourgeoisie et l’auteur lui-même en quête d’ascension sociale et de reconnaissance.
Audiard dresse un portrait de l’antagonisme flagrant qui sépare deux mondes, pour autant il ne pratique pas la critique sociale, il préfère souligner les défauts de chacun et pratiquer la fiction légère, la comédie. Il est là pour amuser la galerie. Le trait est parfois saillant, mais pour faire rire :
Mme de Noisepin avait peut-être été accueillante et jolie, mais cela devait remonter assez loin dans le temps du mariage, des fiançailles plus vraisemblablement. Qui sait ? Elle était, pour l’actuel, d’un format courant dans les armoires anciennes : assez basse, bombée, grinçante, dans l’ensemble plus mastoc que fignolée.
La roman a paru en 1968 et les femmes y sont traitées avec quelques relents de misogynie et sur un ton qu’on n’emploierait plus aujourd’hui, mais on sait aussi qu’Audiard n’était pas avare d’une certaine provocation.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Avec une saveur comparable, mais un peu plus de profondeur, on peut se pencher sur les cas de Messieurs Simonin ou Blondin, avec qui Audiard a aussi travaillé.
Par ailleurs, la collection Borderline se fait un devoir de nous faire redécouvrir cette prose oubliée.
« Au programme, des textes inédits, des curiosités mais aussi des rééditions qui font la part belle au « pulp », cette littérature de genre à l’univers dénué de pudibonderie. Chez Borderline s’annoncent des fictions sans gêne et sans reproche au rythme vigoureux, au parler sans détour et aux personnages franchement pas polis. »
Les dix premières lignes...
Voici venir les temps où, vibrant sur sa tige,
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir…
Je vous fais grâce de l’intégral. Mais Sarah-Marceline Glumberg, elle, me l’asséna en totalité, le poème joli. Il serait toutefois déloyal de nier que la soirée s’y prêtait incontestablement, plutôt même avec excès. Une soirée tout à fait pareille à celles des films hollywoodiens des années trente, ceux qui se passaient entièrement chez les gens riches, les seuls qui me bouleversent. Sur la question du cinématographe, je ne reluis qu’aux aventures des milliardaires, avec des quantités de Texannes emperlouzées, des quantités de téléphones blancs, des quantités de Rolls dans les garages et des quantités de pamplemousses dans la vaisselle d’or. Intransigeant là-dessus jusqu’à la manie ! Les histoires de paumés me foutent le bourdon. Je supporte pas. J’ai trop de souvenirs.
Quatrième de couverture...
La redécouverte d'un roman jubilatoire de Michel Audiard inédit depuis sa première publication en 1968.
« Il pressent, Ceccaldi, il flaire, il subodore... et crac ! Le couperet tombe ! »
Bienvenue dans le monde de Gustave, tombeur de ces dames, gigolo à ses heures, escroc à la petite semaine. De Juan-les-Pins à Deauville, Michel Audiard nous invite à suivre les tribulations de ce héros passionnément malhonnête dans le monde parfois naïf des grandes familles et des nantis. Si vous aimez les briquets en or et les Ferrari, si vous louchez sur l'aluminium du Paraguay, vous frappez à la bonne porte. Si vous préférez le faisan chasseur, les jolies jeunes femmes aux dents longues ou encore les balles dans la nuque, vous serez aussi largement servi. Il y en a en effet pour tous les goûts dans ces pages hautes en couleur au détour desquelles on croise – non sans une certaine appréhension – l'irrésistible inspecteur Ceccaldi qui évoque avec superbe le Bertrand Blier des grands jours.
Lorsqu'il écrit au début des années soixante Les Tontons Flingueurs, Michel Audiard souhaite intituler le film Le Terminus des Prétentieux. On ne lui accorde pas ce plaisir, il ne lâche pas l'affaire : quelques années plus tard, en 1968, il donne enfin le titre qu'il affectionne à ce roman méchamment interlope, resté inédit depuis sa première publication.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...