Jigal Polar - Septembre 2001
Tags : Roman d'enquête Polar urbain Crime organisé Détective amateur Journaliste Marseille Années 2000 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 30 juin 2005
Deux collègues débarquent sur une aire d'autoroute, du côté de Narbonne, pour soulager une envie pressante et naturelle. Là, ils découvrent le corps agonisant d'un vieillard baignant dans son sang. Pendant que Riri, surnommé l'Abruti, appelle les pompiers, Bart s'approche du vieil homme qui lui confie un bout de papier :
— Ils m'ont eu cette fois... Ils m'ont piqué le portefeuille et l'attaché-case mais c'est cela qu'ils cherchaient.
et lui demande de le remettre à sa fille. Bart empoche le papelard et les deux compères, surtout Riri, en délicatesse avec les autorités, se carapatent avant l'arrivée des secours et de la flicaille. Le message est incompréhensible, écrit dans une espèce d'alphabet vaguement grec...
Le lendemain matin, Bart et Riri se retrouvent devant un pastis alors que l'affaire, elle, est dans les journaux. Ils apprennent ainsi l'identité de la victime, depuis décédée : Victor Barbinet, éminent professeur de mathématiques, mais ils découvrent également qu'on recherche deux hommes qui ont détalé à bord d'une 406 grise juste avant l'arrivée du SAMU...
Sur une idée de Riri (ça arrive...), ils retrouvent un ancien copain de lycée devenu prof de maths qui leur parle un peu de "Totor", de sa réputation et d'un collègue à lui qui a travaillé sous ses ordres. Aidé par Thalès (le copain prof), ils parviennent à décrypter le message posthume adressé à sa fille par le mathématicien : il la prévient qu'il a trouvé la solution du Dernier Théorème et qu'il se sent traqué...
Bart, qui par ailleurs pratique la peinture (pas en bâtiment hein, la version artistique) prend contact avec la fille Barbinet (repérée lors de l'enterrement de son père) sous couvert du vernissage d'une de ses expositions ; d'ailleurs, le contact se fait plus que rapproché... et Bart en oublie même d'évoquer le fameux message.
Bart, Riri et Thalès finissent par rencontrer Jésus qui a été l'assistant de Barbinet. Il leur détaille par le menu le fameux dernier théorème, l'obsession de son ex-patron et de bon nombre de matheux depuis plusieurs siècles, mais surtout il leur apprend que l'un des assistants du professeur sur ce projet, un espagnol, est mort un an auparavant dans un bizarre accident... sur l'autoroute...
Maurice Gouiran nous présente ici un couple bigarré constitué du peintre Bart et de son acolyte, ami de longue date, Riri : "Il jacte sans problème mais il ne sait ce qu'il pense qu'une fois qu'il a entendu ce qu'il a dit". Riri fait dans la démerde, les petites embrouilles, comme Meillou, le patron du bar où il écluse ses pastis, qui complète son chiffre d'affaires à coup de marchandises tombées du camion. On navigue dans cet univers du petit milieu marseillais, sa chaleur, son naturel et son franc-parler, mais l'auteur en profite pour glisser, de ci, de là, quelques piques destinées aux édiles locales ; on ne se refait pas...
Maurice Gouiran nous compte Marseille, sa vie, sans oublier cette fois le détour "sacré" par l'OM, décrivant à merveille le cérémonial des clubs de supporters, l'ambiance qui associe 40000 personnes le temps d'un match, le poids de cette institution et son rôle incontournable dans la vie marseillaise.
Mais Le Théorème de L'Engambi n'est pas un manuel à l'usage des footeux et l'intrigue se met en place : on quitte la cité phocéenne pour se retrouver plongé dans un traité d'érudition mathématique qui fait approcher la magie de cette science qu'on voudrait croire exacte...
Ici, pas de lieutenant de police, pas de détective privé, pas même de journaliste... L'enquête se fait en dehors des circuits officiels, par amitié, pour le respect des dernières paroles d'un mourant jusqu'alors inconnu.
Maurice Gouiran se permet également détours et digressions, fidèle à ses habitudes, et aborde à travers ses chapitres quelques sujets transverses. Il disserte sur la création artistique (n'oublions pas qu'il est aussi peintre), sur la construction d'une toile, sur le rendu d'une impression emprisonnée dans la mémoire et qu'il faut laisser éclater au bout du pinceau, sur l'angoisse du créateur...
Il revient également sur quelques considérations plus politiques à propos des émigrants arrivés des Pays de l'Est depuis la chute du mur de Berlin, trouvant "naturellement" des "excuses" aux plus méchants. Maurice Gouiran glisse toujours un peu de sa colère dans ses romans, mais il y met aussi de la vie, et c'est tant mieux.
Un voyage mathématique où Marseille se retrouve au cœur de la Méditerranée, là où est sa place.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Le personnage de Bart est peintre comme l'est Maurice Gouiran à ses heures perdues, mais non sans talent :
Les dix premières lignes...
— Tu préfères marcher dans la pisse ou dans le sang ?
La remarque de Riri détonne dans le spectacle qui s'offre à mon regard hébété.
Riri adore jouer les rigolos mais quelquefois il va trop loin ! Le mec est là, affalé sur le côté. La flaque de sang qui naît sous son corps s'élargit doucement.
Je dois avoir l'air d'un con car Riri pouffe en levant son regard vers moi. Son comportement désinvolte m'agace et je me prends à râler.
— Quel enfoiré, celui-là !
— Tu parles de moi ou du mec ?
— De toi, banaste.
Comment peut-on appeler autrement un gars capable de plaisanter alors que l'homme est étendu sur le sol du chiotte, une godasse traînant négligemment dans le réceptacle de faïence blanche où stagne un ruisselet jaunâtre et répugnant (...).
Quatrième de couverture...
Lorsque Bart et Riri découvrent le fameux chercheur Victor Barbinet à l'agonie dans un chiotte d'autoroute, ce qui n'aurait dû être qu'un vulgaire fait divers va devenir une fabuleuse course au trésor. Totor travaillait sur la plus célèbre énigme mathématique de tous les temps, restée sans réponse depuis plus de quatre siècles et systématiquement jalonnée de morts tragiques. À la clé, évidemment, un beau paquet de pognon pour celui qui percera le mystère. Et c'est là que démarre l'engambi qui, des calanques de Marseille aux palaces de Rabat en passant par les souks d'Ankara, va voir nos héros affronter les pires jobis dans une aventure rocambolesque qui va leur faire regretter d'avoir déserté leur terrasse de café préférée à l'Estaque.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...