La Peau de l'Autre

David Carkeet

Seuil Policiers - Janvier 2012 - Traduction (anglais) : Jean Esch

Tags :  Polar rural Psychologie Quidam Etats Unis Années 2000 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 04 février 2012

Tout commence sur une route enneigée du Vermont. Au volant d'une voiture de location, Dennis Braintree prend un virage un peu trop vite et finit sa course dans le fossé, véhicule HS. À peine blessé, entendu par la police, il est conduit à l'hôtel le plus proche, dans la petite ville de Montpelier.
Là, il fait la connaissance de Betsy, réceptionniste aveugle, puis, dans la nuit, de Marge, femme alcoolique et volage qui atterrit dans sa chambre. Parti au drugstore chercher cigarettes et préservatifs pendant que Marge profite du jacuzzi, il constate à son retour sa disparition et le joyeux bordel qu'elle a laissé en tentant (comme elle l'avait laissé entendre) de s'accrocher au lustre, qui n'a pas résisté. Après cette nuit agitée, Denny reprend sa route dès le lendemain vers l'aéroport non sans avoir laissé un mot d'excuse pour les dégâts occasionnés.
À l'embarquement, c'est la police qui l'attend, persuadée qu'il est celui qui a causé la disparition de Marge, mais contre toute attente, il est reconnu par un des flics comme un ancien ami, disparu des environs sans explication il y a tris ans. Trop heureux de ces retrouvailles, les deux flics ramènent le rescapé au bercail et l'installe dans ses pénates. Denny va alors se glisser dans la peau d'Homer…

Étrange personnage que ce Dennis Braintree… Étrange situation que la sienne…
Journaliste obèse et solitaire, spécialisé dans le modélisme ferroviaire, Denny n'est pas quelqu'un qui attire la sympathie. Il aurait plutôt tendance à vivre en autarcie, retranché derrière les barrières de son esprit fertile et incompris, observant avec méfiance le monde qui l'entoure et ceux qui l'habitent. Il semble aussi que son histoire personnelle l'ait incité à cette forme d'auto-exclusion ; son histoire et les remarques désobligeantes d'une majorité de ceux qu'ils croisent.
Dès lors, pourquoi ne pas changer de peau lorsque l'occasion se présente ? Reste que dans une petite ville du Vermont où tout le monde se connaît il paraît bien improbable de pouvoir réussir cet exploit et de berner la moitié de la population. D'autant qu'Homer — son nouveau « moi » — est une sorte de gloire locale, respectée, admirée, aimée ; une sorte de contraire. Mais Denny a de la ressource, et il sait naviguer à vue au milieu des esquifs, se déjouant de ses propres erreurs, et découvrant peu à peu avec satisfaction le nouveau regard qu'on porte sur lui, et quand bien même Sarah, la « compagne » d'Homer, ne semble pas apprécier à sa juste valeur sa réapparition.

David Carkeet crée dès le départ une situation à l'équilibre instable, improbable, et arrive, malgré les écueils, à rester sur ce fil ténu tout au long de son récit sans jamais lasser. On ne s'ennuie pas, et certaines des situations auxquelles est confronté Denny donnent quelques scènes cocasses de bonne facture. Et puis l'auteur a suffisamment travaillé son scénario pour le rendre crédible, sans véritable faille.
C'est pourtant sans grand enthousiasme qu'on arrive au terme de cette lecture, sans doute gagné par l'apathie qui habite son narrateur. Peut-être un grain de folie supplémentaire aurait donné plus de saveur à l'ensemble.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Désolé, pas d'idée…

Le début...

Les dix premières lignes...

Voilà que l'arrière de la voiture foutait le camp. La route n'avait pas changé, manifestement, mais sa voiture s'était soudain déportée sur le côté et elle se balançait comme un gros cul dans l'allée d'un avion, qui cogne contre les têtes des passagers.
— Gros cul ! cria-t-il.
Il essaya de corriger la trajectoire en donnant un coup de volant, mais ce réajustement le projeta de l'autre côté de la chaussée, et il dut rectifier. Il n'arrêtait pas de zigzaguer. Et maintenant, son cul tanguait pour de bon dans l'allée, faisant tomber les chapeaux des passagers.
— Dérapage ! s'exclama-t-il (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

La Peau de l’Autre est l’histoire d’une usurpation d’identité qui tourne mal sur le mode scénario-catastrophe hilarant.
Denny, rédacteur à la rubrique « petits trains » du Modéliste Intrépide, se plante en voiture sur une route verglacée du Vermont. On l’embarque à l’hôtel où l’extravagante Marge vient l’asticoter dans sa chambre. Le temps d’aller chercher des préservatifs en pleine tempête de neige, Marge a disparu. Manifestement habitué aux fiascos, Denny s’esquive. Seul problème : Marge est tombée du balcon et la police trouve la chute peu naturelle. Voilà Denny en suspect n°1.
Mais il est aussi le sosie d’Homer, une gloire locale disparue depuis trois ans, virtuose du trombone et obèse comme lui. L’enchaînement impitoyable et cocasse des événements fait que Denny se retrouve dans la peau d’Homer, dans la maison d’Homer, affublé des chiens et de la « partenaire » d’Homer — une virago—, et contraint de mentir à longueur de journée pour déjouer la curiosité des flics.
Comédie policière enlevée, La Peau de l’Autre explore brillamment toutes les facettes du comique de situation, dans le registre de certains romans de Donald Westlake.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

David Carkeet










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