Utu

Caryl Ferey

Gallimard / Série Noire - Août 2004

Tags :  Thriller Polar politique Polar social Crime organisé Trafic Serial Killer Mystique Flic Nouvelle Zélande Années 2000 Original Poétique Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 1er mai 2006

Recommandé Plutôt pas en bon état Paul Osborne lorsqu'il émerge d'une nuit sans mémoire sur la plage de Bondi Beach, non loin de Sydney. Il rejoint tant bien que mal le meublé qu'il occupe dans un quartier plutôt mal famé pour découvrir que l'attend là une vieille connaissance : Gallaher, arrivé tout droit de Nouvelle-Zélande pour lui annoncer, d'une part, le suicide de son ex-collègue Fitzgerald après l'issue désastreuse d'une traque menée contre un tueur en série du côté d'Auckland et lui proposer, d'autre part, de reprendre du service afin d'éclairer cette affaire restée en suspens.
Osborne a été flic, le bras droit de Fitzgerald, mais voilà dix mois qu'il a remis son insigne et qu'il tente de s'oublier en Australie. Pour autant, il sait bien que son collègue et ami ne se serait jamais suicidé. C'est l'occasion de rentrer au pays...

Ambiance sombre et lourde ; on n'est pas au pays des enfants de chœur avec Caryl Férey. Il nous présente d'emblée un personnage, Paul Osborne, dur, bourru, muré dans un silence dont on ne connait pas la cause ; un individu prisonnier d'une histoire qu'il traîne au fond de lui en solitaire, s'assommant à coup d'alcool et de drogues diverses et variées. Un classique me direz vous, mais le propre de l'auteur est de rendre son narrateur, non pas sympathique, mais plutôt attirant. On a très vite envie de savoir ce qui se trame dans cet esprit torturé.
Alors les pièces du puzzle se mettent en place petit à petit, le présent se mêle au passé et la personnalité de Paul Osborne s'éclaire peu à peu lorsqu'on découvre par bribes, quelques facettes de son histoire personnelle :

— Vous êtes mon père, insista Paul. Je voulais juste qu'on...
— Te fatigue pas, coupa le maçon. Va bien falloir que tu te mettes ça dans le crane : j'ai pas besoin de fils.
Ses mots étaient des couteaux.
— Désolé mon gars...

Mais si Osborne reprend du service, c'est aussi pour mener l'enquête, pas simplement pour se regarder le nombril, et Caryl Férey fait preuve d'une imagination fertile pour construire une intrigue sophistiquée qui, sans jamais faiblir, va nous faire approcher quelques pendants de l'histoire néo-zélandaise, celle des colons anglais comme celle des maoris. Après les guerres, les spoliations, les tentatives de repentance et de réconciliation nationale, les affaires reprennent leur droit, le cynisme est à l'ordre du jour et la logique néolibérale, comme partout, sans entrave, trace sa voie. Sauf qu'au pays des longs nuages blancs, chez les maoris, peuple de culture guerrière, certains pratiquent encore l'art du utu, la vengeance.

Une galerie de personnages à l'épaisseur consistante entoure le non moins présent Paul Osborne, sorte d'illuminé, d'halluciné, fonctionnant à l'adrénaline tout autant qu'à d'autres substances. La tension est sans cesse palpable dans ce roman et Caryl Férey la maintient à niveau sans coup férir.
Il y a dans son écriture, sèche, comme des lambeaux de poésie sombre qui viennent, tels des éclairs, zébrer son texte, fulgurants.

— C'est beau ce que tu dis.
— Non, c'est triste.
— C'est pareil...


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Utu a été récompensé en 2005 par le prix Michel Lebrun et par le prix Sang d'Encre avant de recevoir en 2006 le prix polar SNCF dans la catégorie roman français.

À noter que Utu est la suite, ou le prolongement, de Haka, bien que, selon les notes de l'auteur, les deux romans puissent se lire indépendamment.

Le début...

Les dix premières lignes...

Soudain, Paul Osborne eut envie d'uriner. Une envie oppressante. N'importe où ferait l'affaire. Il distinguait à peine la masse des autres disséminés sur le sable : il y avait cette cabane blanche au bout de la plage, l'air vibrant dans ses poumons et cette rumeur qui tirait sur son sexe et l'aspirait... Le soleil d'abord s'affaissa : ses genoux fléchirent, puis cédèrent. Étouffant un cri, Osborne s'écroula sur le sable. Hyperthermie, effets secondaires de peurs anciennes ou de pilules, il ne put retenir la brûlure qui irradiait son ventre : un filet d'urine coula de son pantalon (...).


La fin...

Quatrième de couverture...

Exilé en Australie, Paul Osbone apprend le suicide de son ami Fitzgerald : le chef de la police d'Auckland aurait abattu un chaman maori soupçonné de meurtres atroces, avant de se donner la mort. Or, non seulement le cadavre du chaman n'a jamais été retrouvé, mais Fitzgerald n'était pas du genre à se suicider. Spécialiste de la question maorie, ancien bras droit de Fitzgerald, Osborne est chargé de remonter la piste. Dans un climat social et politique explosif, épaulé par une jeune légiste fraîchement débarquée en Nouvelle-Zélande, Osborne devra affronter le spectre de Hanna, son amour d'enfance, mais surtout le utu des ancêtres du "pays aux longs nuages blancs".


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Caryl Ferey










Edition(s)...

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Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Haka Plutôt Crever Petit Éloge de l'Excès La Jambe Gauche de Joe Strummer Zulu Fond de Cale Mapuche Okavango