Albin Michel - Janvier 2011
Tags : Roman d'enquête Polar rural Polamour Psychologie Avocat Quidam France profonde Années 2000 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 19 mars 2011
Catherine Monsigny est une jeune avocate parisienne ambitieuse travaillant dans un grand cabinet et accessoirement en tant que bénévole pour une association de sans-papiers. Elle a réussi à convaincre son patron de la laisser mener seule sa première affaire, le dossier Myriam N'Bissi, une jeune Noire accusée d'avoir empoisonné, dans un village du fin fond de la Creuse, son vieux mari paysan.
Catherine paraît solide, mordant la vie à pleine dent, pourtant elle traîne avec elle un passé douloureux qui remonte à l'enfance et à la disparition de sa mère, sauvagement battue à mort quasiment sous ses yeux. À cet épisode venant s'ajouter la réaction de son père qui, durant toute son enfance puis son adolescence, plutôt que d'affronter ce deuil, a tout fait pour oublier son ex-femme, lui niant toute existence en effaçant chaque trace de son "passage", chaque souvenir. Un sujet tabou entre le père et la fille.
En allant plaider la cause de Myriam N'Bissi, Catherine va se trouver confrontée à son propre passé.
Entamé par un flash back, Sylvie Granotier poursuit son récit de manière linéaire en posant sa caméra sur l'épaule de Catherine Monsigny, cette jeune femme vive et ambitieuse pour qui la carrière professionnelle est essentielle. Ainsi sa démarche de bénévole tient-elle autant du don de soi que du plan de communication concerté. Elle qui vit à l'heure parisienne va devoir s'adapter au rythme creusois, infiniment plus lent, laissant le temps de réfléchir.
Là-bas elle découvre la vie de Myriam, cette jeune femme noire mariée à Gaston Villetreix après que celui-ci ait passé une annonce. Elle découvre ce vieux paysan élevé sous la férule de sa mère avec qui il a vécu jusqu'à sa mort avant de découvrir un peu de liberté à l'âge de soixante ans. Un homme effacé n'ayant jamais fait d'étude mais riche des propriétés de ses parents. Elle découvre les jalousies des cousins à la mort de Gaston, leurs accusations portées contre Myriam. Elle découvre aussi un coin de France où tout se sait mais rien ne se dit…
Heureusement pour elle, lors de ses voyages dans la région, elle rencontrera quelques autochtones l'aidant à appréhender la Creuse : Louis Bernier, journaliste à La Montagne ; Olivier, sorte de conteur écologiste qui a bien connu Myriam et Gaston ; ou encore ses hôtes du gîte dans lequel elle réside lors de ses déplacements qui lui apprendront à aimer la région et son indolence.
Un pied en Creuse, l'autre à Paris, Catherine se joue une aventure amoureuse avec un de ses client, Cedric Devers, play boy qu'elle a fini par glisser dans son lit. C'est à travers lui que le passé va ressurgir et les angoisses de Catherine remonter à la surface.
Petit à petit, le récit prend (ou se fait à) plusieurs voies (ou voix). Sylvie Granotier continue à donner une vraie épaisseur psychologique à ses personnages tout en peaufinant l'arrivée de son final. Tout ce joue en finesse, en faux-semblants, dans une complexité très… humaine.
En aparté, on aura droit à quelques vues sur le métier d'avocat(e) et cette manière d'arranger la vérité, de préparer son client et sa plaidoirie. Un jeu de mensonge qui entre en résonance avec l'histoire personnelle de Catherine, mais sans doute n'est-ce pas tout à fait un hasard…
Quelques pistes à explorer, ou pas...
L'attachement que met Sylvie Granotier à peaufiner roman après roman la psychologie de ses personnages comme, par exemple, dans Dodo.
Les dix premières lignes...
En ce début d'après-midi, par ailleurs semblable à tous les autres, sa mère l'emmène en promenade dans sa poussette, la berce de sa voix rieuse de maman invisible, lui raconte le vent qui chante et s'enroue dans les branche, les hirondelles qui rivalisent de virtuosité pour frôler l'étang où elles se rafraîchissent de quelques gouttes d'eau avant de repartir en arrondi parfait dans les nuages.
La petite fille ne comprend pas tous les mots mais suit des yeux le doigt de sa mère imitant les oiseaux en vol plané jusqu'à hauteur de son visage.
Ensuite, elles rentreront à la maison où le biberon tiédi précédera la sieste (…)
Quatrième de couverture...
Catherine, une jeune avocate parisienne, doit assurer dans la Creuse la défense d’une femme soupçonnée d’avoir empoisonné son époux, un riche et vieux paysan. Tout accuse sa cliente. Mais de manière inattendue, c’est à son propre passé que Catherine se retrouve confrontée, à travers un crime jamais élucidé : celui de sa propre mère dont elle a été, enfant, le témoin innocent. La "Rigole du diable" n’a pas livré tous ses secrets…
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...