Icône

Un avis personnel...

Publié le : 15 mai 2010

Richard Lenoir est un producteur de courts métrages, un « marchand de couleurs », au bord du gouffre. Divorcé, criblé de dettes et acculé à la vente par sa banque, il a décidé de faire un pas de plus et de sauter. Suicide. Richard a tout raté dans sa vie.
La seule chose de valeur qui lui reste : une icône de l'antiquité romano-égyptienne échangée un jour contre un appartement, qu'il lègue à son indéfectible ami, Santiago.
Son suicide, il le veut tout de même significatif et choisit d'aller écraser sa vieille Clio contre la façade du siège de la banque honnie, le BNP. Manque de bol, au moment où il pense atteindre son but ultime, un 4x4, tous feux éteints, déboule à pleine vitesse et lui barre la route. C'est l'accident.
À l'hôpital où il est soigné, Richard reçoit bientôt la visite d'un homme étrange, émissaire du père du conducteur du 4x4 qui a été grièvement blessé. L'homme, qui se fait appeler Conteur, propose un marché à Richard : finir le travail qu'il a commencé le soir de l'accident. En un mot, mourir. Ainsi il pourra récupérer ses cornées et les offrir au conducteur, le fils Solonik, qui a perdu les siennes en traversant le pare-brise de son véhicule.
En affinant, on lui propose, soit de mourir tel qu'il le souhaitait, soit de vivre aveugle avec une petite rente. Et au cas où aucune des deux solutions n'aurait son agrément, Conteur lui annonce que les cornées seraient prélevées sur les yeux de sa fille Léontine, elle aussi compatible.
Bienvenue chez les vivants…

Vous aurez compris, à la lecture du résumé du début de l'intrigue développée par Michel Chevron, que si l'environnement décrit ici a toutes les apparences du réel, il en est aussi séparé par le filtre de l'imagination de son imagination.
Michel Chevron est de ces auteurs qui vous convient à les suivre, à les accompagner dans leur univers un peu décalé, loufoque, qui leur projette la tête dans les étoiles tout en leur gardant les pieds sur terre. Et en général, si on veut bien se laisser faire, on suit le même chemin.
Ainsi, sur les traces de Richard Lenoir qui, à l'entame du récit, est plutôt pressé d'en finir, allons nous faire quelques fructueuses et inattendues rencontres : un paisible chauffeur de taxi chinois qui est aussi à ses heures perdues un « agent de sécurité renforcée » ; une tueuse professionnelle qui est aussi productrice de films pornographiques ; le fameux Conteur qui partage sa vie avec une vipère… sous les ordres de Solonik, le mafieux russe.
S'il avait décidé d'abréger sa vie, Richard Lenoir changera bien sûr d'avis dès lors qu'on menace sa fille et, pot de terre contre plus solide que lui, il prendra les armes afin que sa progéniture ne perde pas de vue l'avenir.

Que dire de plus ? Icône est un voyage, léger et ébouriffant, dont le ticket d'entrée tient à un bon fauteuil et quelques heures de disponibilité. Le reste est compris dans le forfait…
Ah si, en parallèle, un peu d'histoire avec la rencontre (encore une) de cette jeune esclave des temps romains. C'est pour le supplément culturel… mais c'est gratuit.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Cette Icône m'a rappelé les premiers romans de Daniel Picouly, comme Nec, ou plus récent, pour la galerie de personnages, la tendresse et ce côté "réalité décalée", le roman de Margot D. Marguerite, La Vieille Dame qui ne Voulait pas Mourir avant de l'avoir Refait.