La Fille aux Cheveux Rouge Tomate

Daniel Woodrell

Rivages / Noir - Janvier 2001 - Traduction (anglais) : Franck Reichert

Tags :  Roman noir Polar social Discrimination Quidam Etats Unis Années 1990 Populaire Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 04 avril 2010

Sammy Barlach, un gars pas très débrouillard, qui vient de toucher sa première paie pour son boulot à l'usine d'aliment pour chiens, se retrouve embarqué dans une effraction au cours de laquelle il rencontre Jamalee, une fille aux cheveux rouge tomate, et Jason, son jeune et splendide petit frère. C'est le point de départ d'une collaboration ayant pour but de sortir de leur monde pourri et gouter au rêve américain.

Au dos de ce livre, l'éditeur nous parle d'un roman à l'accent thompsonnien et après lecture il faut bien l'avouer, les paumés, les laissés pour compte, les rebus de la société ont trouvé un nouveau porte-voix avec Daniel Woodrell.

Certes, j'avais été rejeté dès ma naissance dans les marges du monde, mais j'avais, de mon plein gré, choisi d'en explorer les fosses septiques.

Dès la première phrase de ce roman, qui annonce la couleur de façon magistrale, on suit Sammy Barlach, un jeune gars pas vraiment issue de la bourgeoisie américaine, plutôt passif, qui s'embraque en connaissance de cause dans les galères, un peu par défaut, et qui ne met que quelques minutes pour embrasser les projets de cette fille aux cheveux rouges assez convaincante et sûre d'elle. Le rêve américain en toile de fond. Un rêve, un espoir, qui devient, au fil des événements, de plus en plus inaccessible. Le fait est que la société l'a déjà mis de côté le Sammy, tout comme elle a déjà catalogué Jamalee et son frère comme menu fretin. Et c'est contre ça que se bat cette gamine prenant le chemin inverse de sa mère qui elle a depuis longtemps perdu tout espoir de s'élever socialement, et qui profite, sans illusions, des rares plaisirs que lui offre son monde.

Bref, les Bain sont riches, vachement riches, leur baraque est probablement la plus grande et la plus cossue de Penney Drive, elle surplombe toute la ville, et Tabitha était tout juste assez futée pour décrocher un C à l'école, et encore, à condition de bosser dur. Mais c'était une feignasse. Bon, ce que j'essaie de vous dire, c'est qu'elle était née cousue d'or, alors à quoi bon se fouler l'os du cul ? Mais sa mère tenait à ce qu'elle aille plus tard dans une université tsouin-tsouin et qu'elle se déniche un jules vraiment rupin, une grosse fortune à l'échelon national, vous voyez ce que je veux dire, qu'elle passe dans la catégorie supérieure, quoi. Elle m'a donc embauchée pour faire les devoirs de Tabitha. Bref, en résumé, tous les devoirs que j'ai rédigés et rendus sous le nom de Tabitha décrochaient un A, tandis que les miens, ceux que je rendais sous mon propre nom, n'obtenaient jamais plus que B. Des C, dans la plupart des cas. Aux yeux du profs, vous vous en doutez bien, une Bain était censée décrocher la timbale, tandis qu'une Merridew était tout juste bonne à se faire mettre en cloque, à se retrouver au placard ou à sauter de la falaise. L'école nous avait déjà catalogués et envoyés au dépotoir. Au tas de rebuts de la société qui trainent leurs lattes dans les rades miteux et ne décrochent jamais que des boulots à temps partiel, avec un salaire minimum.

Woodrell a ce talent de faire naître une certaine empathie pour ses personnages et de les faire évoluer dans un univers qui pourrait se passer aujourd'hui ou il y a cinquante ans, une intemporalité que j'avais déjà remarqué avec La Mort du Petit Cœur.
Au final, Woodrell confirme tout le bien que je pensais de lui, et mérite que tout le monde se penche sur sa production.

Faut croire que tous les gens qui me ressemblent grandissent avec une bombe à retardement dans l'organisme. Tu vois de quoi je veux parler : toutes les bombes nées de la colère, de la terreur, du ressentiment, et du simple fait qu'on ne peut pas se voir en peinture. Parfois, le tic-tac qui monte de toute cette ribambelle de bombes est tellement bruyant qu'on ne s'entend plus parler.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Tous les romans de Jim Thompson.

Le début...

Les dix premières lignes...

Tu n'es pas un ange, tu sais donc comment ce genre de trucs arrivent : vendredi, c'est jour de paie et ça a été un jour gris et détrempé par une affreuse et lourde pluie, tu cherches un peu de compagnie pour tromper ton ennui morose et, dans la mesure où tu viens de débarquer à West Table (Missouri) et que tu viens tout juste d'être embauché comme manœuvre à l'usine de nourriture pour chiens, tes choix en matière de compagnie sont assez limités, mais tu finis néanmoins par en trouver dans un parking pour caravanes sur East main, et la bande de cloportes des deux sexes qui sont réunis là te refilent une bière, puis un pichet de tequila est passé à la ronde, tandis que la pluie continue de s'abattre à son rythme de cafardeuse misère et que deux filles traînent dans les parages, que tu pourrais sans doute te faire mais qui paraissent avoir un faible pour certaines choses bien précises, et la coke est précisément l'une de ces choses, une poignée de paille pour anniversaire bascule soudain d'un sac à main tressé que quelqu'un a apporté (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

« Faut croire que tous les gens qui me ressemblent grandissent avec une bombe à retardement dans l'organisme. Tu vois de quoi je veux parler : toutes les bombes nées de la colère, de la terreur, du ressentiment, et du simple fait qu'on ne peut pas se voir en peinture. Parfois, le tic-tac qui monte de toute cette ribambelle de bombes est tellement bruyant qu'on ne s'entend plus parler. »
Suite à une défonce un peu violente, Sammy Barlach, manœuvre à l'usine de nourriture pour chiens de West Table, se réveille dans une maison cossue sous le regard d'un couple étrange : un jeune homme d'une beauté à couper le souffle et une jeune fille aux cheveux rouge tomate. Sammy vient de faire la connaissance de Jason et Jamalee Merridew, un frère et une sœur aussi paumés que lui, qui ont la tête pleine de rêves et d'espérances. Mais comment réaliser ses rêves à West Table, Missouri, quand on n'est pas né dans le bon quartier ?


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Daniel Woodrell










Edition(s)...

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Réédition Réédition poche

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Sous la Lumière Cruelle Battement d'Aile La Mort du Petit Cœur