Ecorce - Octobre 2009
Tags : Roman noir Roman à énigme Serial Killer Psychologie Quidam Années 2000 Moins de 250 pages
Publié le : 21 janvier 2010
Dans la vie, certains partent mieux armés que d’autres pour tenir le choc. Petites fêlures et gros coups nous façonnent, et souvent les êtres les plus intéressants portent une part de souffrance. Ces gens-là occupent une place de choix dans les romans, matériau fertile. Retour à la Nuit n’y déroge pas. Comment débuter par une scène de nature et d’enfance, sur laquelle plane un certain malaise, pour se retrouver petit à petit enfermé et encadré ? Le suggéré montre ici sa supériorité sur les longues explications. Tout un monde de l’obscur, celui des traumatismes des personnages — qu’il s’agisse de ce surveillant de foyer marqué jusqu’au physique, ou des gamins sur lesquels il veille la nuit — colore cette histoire d’étrange. L’auteur sait s’y prendre pour planter une ambiance et donner chair à ses personnages. Le flic épaulé par une voyante donne lieu à une scène qui fascinera ou agacera chacun selon sa sensibilité sur le sujet. La matérialisation du tueur donne un ton plus classique et polar à un roman qui jusque-là se suffisait largement dans le portrait d’un homme avec ses secrets qui se dessinent.
Court, Retour à la Nuit est bon sans atteindre le palier qui le rendrait plus marquant. Question d’équilibre sans doute, dans le choix de mettre en scène certains pans et de passer rapidement sur certains autres. Le format court peut frustrer mais reste judicieux, allant à l’essentiel sans oublier de titiller l’imagination du lecteur.
Reste à saluer l’aventure Ecorce, toute nouvelle maison d’édition qui ne démérite pas avec cette première publication.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Les romans d’enfance ! Comme Les enfants de Dracula de Richard Lortz, par exemple…
Les dix premières lignes...
En temps normal, la baignade était interdite. Il y avait les lâchers du barrage ; l’eau pouvait monter brusquement et, dans les endroits escarpés, des gens se retrouvaient parfois piégés. Mais avec mes copains Jean-Paul Delmas et Frédéric Lavialle, on faisait bien ce qu’on voulait. On adorait, à faible débit, s’allonger dans le dévers de la retenue et sentir l’eau nous masser les épaules. On pouvait même se mettre à l’horizontale, et la pression nous tannait la peau, nous écrasait les os ; on sortait de là complètement lessivés, hébétés, lavés de tout (…)
Quatrième de couverture...
— Écoute-moi bien, Antoine. Tu as eu de la chance que je sois là. Tu comprends ? Ne parle pas, fais-moi oui ou non de la tête.
Oui.
— Je t’ai sauvé la vie. Regarde-moi dans les yeux : je t’ai sauvé la vie, Antoine. Mais si tu veux te faire du mal, je peux te faire du mal. Je peux le faire à ta place. Tu comprends ?
Non.
— Tu as peur ?
Oui.
— Tu as peur de moi, mais tu n’as pas peur de plonger dans une rivière en crue ? T’es un drôle de numéro toi. Tu vois la bouteille que j’ai dans la main ? C’est de l’alcool à 90°. Je vais en mettre sur tes blessures. Ça va faire très mal. Ça va te brûler et tu vas hurler. C’est moi qui vais te faire mal. N’oublie pas ça : moi je peux te faire du mal. Tu t'en souviendras la prochaine fois que tu voudras mourir.
Vingt-cinq ans plus tard, Antoine est veilleur de nuit dans un foyer à caractère social, près de Limoges. Il revient sur son histoire. Depuis cette cascade située près de Treignac, jusqu’à l’affaire du Découpeur.
Une nuit, dans le foyer, il montrera ses cicatrices à Ouria, fascinée, qui voudra les revoir ensuite.
Et les toucher.
La nuit, tournée vers la forêt, l’adolescente parle toute seule à sa fenêtre.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...