La Manufacture de Livres - Novembre 2016
Tags : Thriller Mystique Psychologie Quidam France profonde Années 2010 Moins de 250 pages
Publié le : 29 septembre 2023
Bernard et Jean (le narrateur) sont deux amis d’enfance qui s’inquiètent de la disparition soudaine de la femme du second, Liz, qui n’a pas réapparu depuis huit heures alors qu’au-dehors un terrible orage gronde. Lorsque le réseau téléphonique est rétabli, un message leur parvient : « Je suis coincée sur le gué… »
Quatre jours plus tard, alors que la voiture de Liz a été retrouvée dans la rivière ainsi que son sac à main contenant ses papiers, et malgré les recherches actives, son corps reste introuvable. Jean est dévasté, incapable de réagir, et se réfugie dans l’alcool. Pourtant, à ses côtés, deux enfants, Lucie et Clément, attendent de lui qu’il soit fort.
Jean a rencontré Liz et sa fille, alors bébé, douze ans plus tôt par l’intermédiaire d’un homme que tout le monde appelle « Le Révérend » et qui vient en aide aux personnes en difficulté. Jean retape des maisons, c’est son « métier », et cet homme-là est son locataire. Cette rencontre a sonné comme un coup de foudre et rapidement Liz et Jean se sont mis en ménage, se sont mariés, ont eu un enfant et mené une vie paisible. Jusqu’au drame…
Eric Maneval écrit son récit à la première personne. Nous sommes dans la tête de Jean, et c’est un sacré foutoir après ce qu’il vient de subir. Lui qui s’est laissé porter par son petit bonheur, déléguant à sa compagne la gestion de son ménage et de son entreprise, se découvre démuni, perdu. La disparition de sa femme est étrange, incongrue. Il y a quelque chose qui cloche… Jean voudrait comprendre, mais il navigue dans un océan de perplexité, et ce ne sont pas ses recherches auprès des proches de Liz qui vont éclairer sa lanterne. Il découvre petit à petit une femme qu’il ne reconnaît pas vraiment et un locataire – Le Révérend – au comportement étrange, entre religion et emprise, à la tête d’une communauté – l’ensemble des « locataires » de Jean – troublante, rassemblement d’éclopés de la vie à qui son épouse apportait en cachette soutien et réconfort.
Vient se greffer par la suite un lien avec un magna de l’industrie pharmaceutique, Markus, qui serait le géniteur de Lucie, la fille de Liz. L’homme est riche, extrêmement riche, secret, et souhaite rencontrer Jean.
Qu’elle est étrange cette intrigue, mystérieuse et troublante. On est aussi perdu et confus que le pauvre narrateur qui se démène pour tenter de comprendre avec qui il vivait. Il y est question d’emprise, de manipulation, d’une forme d’ésotérisme et d’une entreprise influente qui a basé ses recherches sur un traitement « original » de la maladie.
On n'y comprend rien, mais les pages se tournent d’elle-même. Sans artifice, et avec la fluidité qu’on lui connaît, Éric Maneval maintient une tension étouffante. On est avec Jean, à ses côtés, subissant comme lui le calvaire infligé.
Le livre refermé, je ne comprenais pas bien où l’auteur avait voulu en venir, si ce n’est la difficulté des rapports humains, j’ai donc fouiné un peu et suis tombé sur une longue interview dans laquelle il évoquait ses motivations à l’écriture de cette fiction.
J’ai eu quelques explications qui m’ont fait mieux comprendre la finalité d’Inflammation et mon ressenti personnel. Dommage qu’il ait fallu en passer par là pour apprécier pleinement ses qualités.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Eric Maneval est un inclassable exigeant du paysage polardeux. Il connaît le genre comme personne et s’y essaie, de temps en temps, avec originalité… Laissez-vous tenter.
Les dix premières lignes...
Fuyez le mal avec horreur, attachez-vous au bien. Soyez unis les uns les autres par l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres. Ne brisez pas l’élan de votre générosité, mais laissez jaillir l’Esprit ; soyez les serviteurs du Seigneur.
– Jean ?
Aux jours d’espérance, soyez dans la joie ; aux jours d’épreuves, tenez bon ; priez avec persévérance. Partagez avec les fidèles qui sont dans le besoin, et que votre maison soit toujours accueillante.
– Jean.
Bénissez ceux qui vous persécutent.
– Jean, je ne crois pas que ce soit une bonne idée.
Quatrième de couverture...
« Je leur dirai que leur maman est partie et qu'elle a eu un accident. Voilà ce qui s'est passé, les enfants. Maman a eu un accident et elle est tombée dans la rivière. C'est la pure vérité. Elle est partie, et surtout ne me demandez pas pourquoi. Ne me demandez jamais pourquoi, parce que je n'en sais rien et que ça me rend fou. »
Il s'appelle Jean, sa femme Liz. Elle a disparu après avoir pris la voiture en pleine tempête et tenté de franchir la rivière au gué dit " des Goules ". On a retrouvé son sac, pas son corps. Pour Jean, il faut maintenant parler aux enfants, reprendre le travail, être fort après ce qui semble avoir été douze années de bonheur parfait, remonter à la surface, comprendre, rester rationnel. Mais s'arrimer est difficile quand les interrogations sont tout ce que vous avez pour revenir au réel. Qu'avancer vous rapproche du gouffre. Que l'enquête soulève d'inquiétantes questions et que le présent révèle ce qui ressemble à une expérience de l'abomination.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...