Transfixions

Brigitte Aubert

Seuil Policiers - Octobre 1998

Tags :  Thriller Quidam Paris Années 1990 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 31 mars 2005

Une des marques de fabrique de Brigitte Aubert, c'est sa capacité à se renouveler de roman en roman. Dans celui-ci, le sixième de sa carrière, elle nous plonge dans l'univers d'un transsexuel.
La vie de Bo' ressemble presque à un calvaire : du haut de ses vingt-huit ans, dont les trois dernières passés en prison, il navigue à vue, sans boulot, sans argent, et la seule lueur blafarde devant ses yeux s'appelle Johnny Belmonte. C'est son amour, le sel de son existence, même si celui-ci n'en a rien à foutre de Bo', et qu'il préfère les "vraies" filles. D'ailleurs, ça n'est pas plus mal ainsi, et Bo' nourrit son masochisme des brimades et humiliations reçues de Johnny. L'ambiance est glauque et l'avenir sombre pour Bo', voire inexistant...
Lorsque des prostituées de sa connaissance commencent à être assassinées à coup de fendoir, subissant les pires mutilations, et que son nom apparaît lors de l'enquête, il finit par relever la tête, et en amateur efféminé, va mener la sienne, pour se protéger.
Brigitte Aubert aime bien le thème de l'horreur, les meurtres à l'arme blanche et l'hémoglobine qui coule à flot, et elle ne boude pas son plaisir dans ce roman très sombre, très violent, tout juste aéré par la tendresse qu'on ressent pour le travesti Bo'. Le monde des transsexuels est évoqué à travers ce personnage fragile, sans illusion, et l'image choisie pour illustrer la couverture de ce roman en dit long sur le tragique de la situation. L'intrigue est comme toujours habilement menée, et le dénouement n'apparaît que dans les toutes dernières pages (encore une marque de fabrique...). On suit les balbutiements de Bo' dans la peau d'un enquêteur, ses égarements, ses erreurs, dans un récit ponctué de nombreux dialogues à l'efficacité avérée. Une descente aux enfers dans le monde de l'underground, pour public averti...


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Mauvais GenresLe film de Francis Girod, Mauvais Genres, adapté du roman de Brigitte Aubert, et qui valut à Robinson Stévenin le César du meilleur espoir masculin en 2002 pour son interprétation de Bo'.

Brigitte Aubert est une figure à part dans la littérature policière française. Impossible de la rattacher à une catégorie plutôt qu'à une autre. Mais si son style vous attire, essayez un autre de ses romans, comme Éloge de la Phobie, une "farce" à l'humour ravageur.

Le début...

Les dix premières lignes...

- Johnny, je peux venir avec toi ?
- Casse-toi.
- S'il te plaît, s'il te plaît !
Il soupire et me regarde comme si j'étais une merde. J'ai envie de caresser ses joues pas rasées et je sais que, si j'avance la main vers lui, il va me frapper.
- Johnny ! Juste une heure ou deux, tu me largues quand tu veux.
- Putain ! Bo' ! T'as rien d'autre à foutre ?!
Il ouvre la portière en soupirant. Je me coule sur le siège, je m'accroche à la poignée, je cale mes baskets surcompensées contre le tableau de bord pendant qu'il démarre en faisant crisser les pneus de la Toyota. Je respire l'odeur de sa bagnole, l'odeur de Johnny - aftershave, clopes, cuir, cheeseburger, métal (...).


La fin...

Quatrième de couverture...

La "transfixion" est "un procédé d'amputation qui consiste (...) à couper les chairs du dedans en dehors". Et c'est bien cette opération que semble désirer Bo', le narrateur de ce récit, qui raconte ses amours travesties, cruelles et masochistes, avec le beau Johnny Belmonte, une espèce de voyou qu'il adore littéralement. Ancien danseur de cabaret, tout juste sorti de prison où il a été envoyé pour meurtre, Bo' a été recueilli par Linda, une amie juive, qui ne voit pas d'un très bon œil sa liaison avec Johnny.
Lorsque Bo' passe au commissariat pour y voir Derek, son contrôleur, Mossa, un jeune inspecteur noir de la Brigade des Mœurs, lui apprend que Derek vient de se suicider au gaz, et qu'il doit se rendre à une identification. On a en effet retrouvé le cadavre d'une prostituée, tuée avec un fendoir pour trancher les cous de poulets, arme qui a servi à couper en morceaux une autre prostituée deux mois auparavant . Tout le milieu est en émoi et Bo' ne se sent pas tranquille, surtout que Bull, une brute épaisse qui traîne souvent avec Belmonte, l'a menacé de "l'avoir" et que les meurtres continuent avec celui de Marlène, un travesti découvert le thorax ouvert et la langue arrachée. La police piétine et Bo' ne réagit pas, jusqu'au jour où il découvre que Johnny, alias M. Garnier, travaille à l'Ambassador, un palace où il est simple larbin. Étonné, Bo' se demande enfin qui est vraiment cet amant qui le traite si mal...


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Brigitte Aubert










Edition(s)...

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Réédition Réédition poche

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

La Mort des Bois La Mort des Neiges Eloge de la Phobie