Krakoen - Avril 2009
Tags : Roman d'enquête Polar social Flic France Années 2000 Populaire Argotique Entre 250 et 400 pages
Publié le : 02 juin 2009
Bertrand-Hilaire Lejeune (BHL, pour les intimes) en termine à peine avec ses congés qu'il lui faut déjà rempiler. Le commissaire Chassevent, qui lui-même part en vacances, a besoin de lui. On vient de retrouver noyé le cadavre de Jean-Denis Charoux, disparu depuis une quinzaine. Reste à déterminer s'il s'agit d'un accident, d'un suicide, ou d'un homicide…
La victime est une figure locale, un gars de la "haute", dont BHL apprend bientôt les petits et les grands secrets, comme son goût pour la partouze luxueuse ; les lettres anonymes reçues récemment le sommant d'interrompre ses activités pornographiques ; ses magouilles au sein du Tribunal de commerce ; ou encore ses histoires de famille.
Les mobiles ne manquent pas…
BHL est un personnage revêche, qui manie le sarcasme avec une certaine gouaille. Tendance libertaire, il est aussi bagarreur que grand buveur, et en gros il n'aime personne, sauf peut-être certaines des femmes qu'il croise. Et encore…
Le voilà pour un temps les mains libres (son chef, Chassevent, est parti en pèlerinage dans le Beaujolais) avec en perspective une plongée en apnée dans les hypocrites dessous de la bourgeoisie rouennaise. Tout pour plaire…
Pascal Jahouel reprend ce personnage aujourd'hui récurrent au caractère bien trempé. Il insiste sur son côté individualiste, rebelle, désabusé. Un peu trop par moments. On a du mal, par exemple, à voir ce réfractaire à toute autorité se plier si facilement aux ordres de son chef alors que logiquement il devrait l'envoyer royalement promener, voire quitter prestement la police.
Non, en solitaire (BHL me fait beaucoup penser au Poulpe, Gabriel Lecouvreur) il va mener son enquête, bravant sa hiérarchie afin que le fils de la victime, coupable tout trouvé (encore un fils rebelle, homosexuel celui-là), ne porte pas le chapeau pour la mort de son géniteur.
Pascal Jahouel nous offre les dessous pas très reluisants de la bonne bourgeoisie française : culs-bénis par devant, libidineux obscènes par derrière ; abus de pouvoir, de position de force au sein des institutions ; dissensions familiales : garder une apparence irréprochable, cacher la misère (l'homosexualité du fils), l'enfouir, la nier, la renier ; mais au fond la sauce ne prend pas. On l'a déjà tellement vu ce portrait.
Bien sûr il y a cette langue fleurie, cette gouaille de faubourg, ou encore ces titres de chapitres qui revisitent le Kamasutra (au fait, quel est le "rapport" ?), mais le personnage de BHL devient caricatural (comme s'il avait rompu le fil qui le reliait encore il y a peu au monde des "vivants"), pas toujours cohérent, quant à l'intrigue, elle traîne un peu en longueur, s'éparpillant sans réussir à captiver. Bref, on n'est pas loin de s'ennuyer dans cet épisode…
Dommage.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Mes deux premières rencontres avec le personnage de Bertrand-Hilaire Lejeune s'étaient beaucoup mieux passées (voir ci-dessous). Peut-être n'était-ce pas le bon moment pour la "belle".
Comme indiqué plus haut, BHL, par certains côtés, n'est pas sans rappeler Gabriel Lecouvreur, personnage central de la série Le Poulpe.
Les dix premières lignes...
Voilà une grosse dizaine de minutes que l'on campe dans les 22 mètres de ces loquedus. Pas moyen de scorer ! J'anticipe déjà le retour aux vestiaires et la soufflante du coach, tournant autour de notre stérilité offensive durant nos temps forts. Je visualise tout à fait l'ambiance qui y régnera quand, les yeux rivés sur nos crampons, la queue basse et le corps buriné par les stigmates de cette bataille perdue, nous n'aurons vraiment plus rien de commun avec les biquets people du Stade Français… et leur calendrier (…)
Quatrième de couverture...
Lorsqu'un gros poisson barbotant dans des eaux troubles affairistes et libidineuses est repêché au fond d'un champêtre affluent de la Seine, le poulet rouennais dérangé dans son estival ronron penche naturellement pour la glissade fatale. Casse-cou ou casse-bonbons que de vouloir percer le mystère de cette bouillabaisse normande peu ragoûtante. On finira par mettre un type au trou. Mais le lieutenant de police Bertrand-Hilaire Lejeune hume un sale fumet dans cette affaire. Comme il a la narine délicate, notre BHL (pour les dames) se mouillera jusqu'au cou avec le je-m'en-foutisme véhément qu’on lui connaît. Dans sa nasse, il écopera maquereaux, morues, harengs et autres pécheurs à la queue frétillante… sans compter un méchant corbeau !
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...