La Vieille Dame qui ne Voulait pas Mourir avant de l'avoir Refait

Margot D. Marguerite

La Manufacture de Livres - Mars 2009

Tags :  Roman noir Polar militant Comédie Crime organisé Vengeance Truand Quidam France Années 2000 Populaire Plus de 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 13 mai 2009

Recommandé Charles Zampieri est un truand de la vieille école, un peu sur le retour et en âge de prendre sa retraite. Autour de lui gravite Stan le Slave, jeune, fougueux et ambitieux ; une sorte d'homme de main qui ne brille guère pour son intelligence, mais bien plutôt par la violence qu'il dégage.
Stan vient de "perdre" une fille, Corinne, qui a tenté de s'échapper du circuit en compagnie d'un client, et c'est Zampieri qui la ramène au bercail. Afin de montrer son intransigeance à l'ensemble de son cheptel, il inflige à l'évadée, devant ses congénères, une sévère correction. Trop sévère. Corinne n'en réchappera pas. Princesse, son amie, décide à son tour de s'enfuir…

De son côté, Paul Verdi est un entrepreneur, aujourd'hui vendeur de fruits exotiques, mais qui a connu un passé un peu plus trouble. Il est sollicité par son ami, Agamemnon Rosenberg, ex-chirurgien esthétique alcoolique reconverti en agent artistique, qui lui propose d'entrer dans la production, moyennant finance, de son prochain spectacle : un show de claquettes donné par un couple de danseurs brésiliens, sur un fond de projection vidéo à forte connotation politique. Il manque vingt briques pour boucler le budget, une paille. Malgré une vieille promesse d'aider un jour son ami s'il venait à être dans le besoin, Paul refuse…

L'entame de ce premier roman de Margot D. Marguerite est ainsi composée d'éléments disparates sans grand rapport entre eux. Pour autant, il se dégage déjà une ambiance un peu foutraque. À ce titre, Stan le Slave, grand adepte des films de Kusturica, n'est pas en reste :

Il fallait bien reconnaître que des Yougos qui se contentaient de faire carrière dans la maçonnerie, il y en avait et pas qu'un peu. Mais les vrais, les libres, les sauvages, les indomptables, Kustu savait en parler comme personne, il les magnifiait et Stan adorait ses films. Liberté, amour, violence, telle est la vérité du monde. Il y a ceux qui possèdent les flingues, le marché de la came et les dents en or et les autres.

Du côté de Paul Verdi, on n'est pas en reste. Si lui tente tant bien que mal de mener une vie "normale" au regard de la société, ceux qui l'entourent et qu'il fait vivre ne sont pas tout à fait du même tonneau. On découvre une sorte de grande famille recomposée, un univers dense et merveilleux, fourmillant de vie et où l'on ne sait trop où poser le regard, l'attention, dominé par la grand-mère, Pauline, qui de son fauteuil regarde s'agiter son petit monde. Pauline observe, tance gentiment son petit fils lorsqu'il renonce à ses promesses à l'égard d'un ami, lui rappelle ses idéaux d'antant qu'il a tendance, selon elle, à oublier.

Quel lien entre ces deux univers, demanderez-vous ? Princesse, est la réponse. Sœur de Paul Verdi, voilà cinq ans qu'elle a quitté la famille, qu'ils sont sans nouvelle d'elle, qu'elle est partie vivre sa vie ailleurs. Et la voilà qui débarque, sans prévenir…
Elle n'aura pas beaucoup le temps de raconter son histoire, ni Paul de la protéger, et connaîtra bientôt le même triste sort que son ami Corinne.
C'est alors Pauline, la grand-mère — la fameuse vieille dame — qui va sortir de sa réserve, et puiser dans son passé les forces nécessaires à la vengeance.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser de prime abord à lire ces dernières lignes, La Vieille Dame qui ne Voulait pas Mourir avant de l'avoir Refait est avant tout un livre absolument réjouissant par les personnages hauts en couleur qu'il met en scène. L'allusion du début du récit au cinéaste Emir Kusturica n'est pas innocente ; il y a comme une parenté évidente. Mais tous ne sont pas des fous dangereux comme Stan le Slave, et lorsque Pauline finit par se lever, c'est pour dévoiler toute la profondeur de sa personnalité.
Pauline est une "rouge", juive, une increvable. Elle a traversé toutes les horreurs du siècle en combattante, avec toujours un idéal en tête et le sexe comme énergie vitale. Elle a mené une vie de cœur, d'honneur, de femme toujours debout, dressée face à la bonne société pour mieux s'en tenir éloignée ; au point qu'elle vit même aujourd'hui dans une quasi-clandestinité.
Et quand Pauline se lève, il vaut mieux se garer…

Margot D. Marguerite appuie sur le côté fictionnel de ses personnages, il force le trait, s'en amuse et nous amuse, mais au fil des pages, c'est aussi une tragédie qui se joue, où l'émotion, vive, finit par percer, mais aussi une vision plus amère de notre monde où planent corruption, collusion, désillusion. Un monde qui meurt…

Lorsque nos rêves se brisent, que reste-t-il de nos vies ?

Pauline ira jusqu'au bout de ce mauvais rêve, entraînant Paul à sa suite, le ramenant à des valeurs oubliées, lui qui souhaitait disparaître dans la normalité…
Un roman d'une rare humanité, étonnant, voire détonnant, qui se dévore et se savoure de la première à la dernière ligne, rappelant haut et fort à qui veut l'entendre, et le lire, la saveur des idéaux. Comme un sérieux rappel au désordre…
Un régal !


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

La Vieille Dame qui ne Voulait pas Mourir avant de l'avoir Refait est un peu comme ces one shot qui traversent, fulgurant, un genre littéraire. Il faut être là au bon moment pour les croiser et ils ne ressemblent à rien de connu…

Le début...

Les dix premières lignes...

Deux couverts étaient dressés, mais Charles Zampierri allait commencer à manger seul. Le Lionceau était un restaurant avec boiseries et nappes blanches, fréquenté par la haute, à deux pas de la Madeleine, un quartier voué depuis toujours à la finance et à la prostitution. Zampierri attendait Stan depuis plus d'une demi-heure et commençait à avoir sacrément faim. Il se dit qu'il allait suivre la suggestion du loufiat en chef, le duo de perles hanséaniques dans son écrin du Périgord blanc, un nouveau truc qui venait de faire son apparition sur la carte (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Gangsters tourmentés, policiers calculateurs, tueurs sans foi et religieux sans loi n'estimaient pas devoir craindre une vieille dame.
Après ce qu'il lui avait fait subir, ils avaient tort. Car sa vie était plus riche longue et plus riche que la leur, ses amitiés plus solides, son esprit plus subtil, sa souffrance et sa soif de vengeance plus terribles.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Margot D. Marguerite










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