Ravet-Anceau - Janvier 2009
Tags : Roman d'enquête Trafic Flic France Années 2000 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 18 février 2009
Jonas Tigleux, joggeur ventru, vient d'être découvert, mort. Il s'agit sans doute d'un accident, pourtant, on a prévenu la Criminelle et ce sont l'inspecteur Schwarz et sa collègue Irène qui sont dépêchés sur les lieux.
Pour autant, Schwarz ne s'intéresse guère au cadavre. Non, lui, il n'a qu'une idée en tête : coucher avec Irène… Une obsession !
Sandrine Rousseau nous avait enchantés avec la légèreté rafraîchissante de son premier roman, Épluchures à la Lilloise, et un personnage de flic totalement décalé, Jean Penan.
Elle récidive ici avec le même environnement et en reprenant pour partie ce personnage. Jean Penan a pris du galon, il est devenu commissaire suite à ses "réussites" professionnelles, mais il n'a rien perdu pour autant de son incompétence. Il en est ainsi des lois naturelles. Et c'est donc tout naturellement qu'il va gâcher la vie de ses deux subordonnés que sont l'inspecteur Schwarz et Irène. De fait, ce sont bien ces deux-là qui sont au cœur du roman — Penan n'apparaissant cette fois que comme personnage secondaire.
Dans le genre décalé, Schwarz n'a rien à envier à son supérieur, sauf que lui ne brille pas particulièrement par son incompétence, il se classerait plutôt du côté des flics solitaires, portés sur la bouteille et désabusés. Contrairement à certains de ses confrères du même acabit, Schwarz a cette particularité qu'au fond il se fout royalement de l'enquête qu'il mène. Il est au bout du rouleau et sa seule obsession se résume à renouer le fil ténu qu'il entretient dans sa mémoire, fil qui le relie à Irène, sa collègue. Un fil qu'il plonge allègrement dans l'alcool lorsque la belle se refuse à lui.
Décalés encore, quelques personnages de second plan comme la voisine de Schwarz, sorte d'ange gardien déguisé en bonne sœur qui veille sur la santé de l'inspecteur lorsqu'il aligne trop de verres sur les comptoirs et le ramène chaque fois à bon port ; ou encore cette autre petite vieille, Athène, qui hante le hall du commissariat en quête d'un peu de vie…
Tous sont attachants, touchants même.
Côté intrigue, après que Schwarz ait mis un peu d'ordre dans ses déboires amoureux et que Penan, en mal d'autorité, lui cherche des poux dans la tête, nos deux enquêteurs se retrouvent tout de même avec un cadavre sur les bras. Car Jonas Tigleux a bien été assassiné, lui, le cadre d'une grande entreprise du bâtiment, responsable du développement durable.
Apparaissent en fond quelques projets de développement, immobiliers, des associations de défense de l'environnement, et la légèreté qui accompagnait la première partie du roman s'effiloche pour laisser place à une grande douleur et beaucoup de pessimisme. Il faut bien dire que la couleur du discours qui prône la sauvegarde de la nature pour la préservation de l'humain est rarement optimiste.
Sandrine Rousseau aurait pu "se contenter" d'une suite à Épluchures à la Lilloise et aux aventures déglinguées de l'inspecteur Penan. Elle choisit pourtant de casser ce personnage d'abord présenté comme sympathique pour révéler en lui des travers cachés par une façade de bonhomie. Ne donnez jamais trop de pouvoir à ces gens-là… Et puis cette légèreté qu'elle avait su si bien entretenir, et qu'on retrouve ici dans toute la première partie, elle a su également la contourner pour laisser place à plus de gravité et, sans doute, des sujets qui lui tiennent à cœur. Dans tous les cas, la sensibilité est intacte.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Bien sûr, les premières aventures du commissaire Penan, alors inspecteur, dans Épluchures à la Lilloise.
Côté polar écolo, on pourra se pencher sur le cas de Pascal Dessaint, ou encore celui de Hélène Crié-Wiesner.
Les dix premières lignes...
Ce vendredi, Schwarz est d'une humeur bougonne.
— Bon, il est mort en faisant son jogging, et après ? Vous savez qu'on est de la criminelle, nous ?
Le pauvre planton de garde à côté du corps à l'air de regretter son geste.
— Oui, je sais.
Il se balance d'un pied sur l'autre, un peu gêné, puis il ajoute :
— C'est pour cette raison que je vous ai appelés (…)
Quatrième de couverture...
Entre Lille et Bray-Dunes, l'inspecteur Schwarz enquête sur la mort d'un cadre d'une entreprise du bâtiment. L'enquête a l'air simple, mais Schwarz a d'autres choses en tête. Il est amoureux, il boit plus que de raison, et son chef cherche à la coincer pour faute grave. Un ange gardien veille sur lui ; sera-ce suffisant pour qu'il évite les obstacles qui l'entourent…
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...