Ho !

José Giovanni

Gallimard / Série Noire - Mars 1964

Tags :  Roman noir Psychologie Truand Paris Années 1960 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 09 février 2009

Tout commence par un casse de banque, soigneusement préparé, et réussi. Une affaire que ne tarde pas à élucider le commissaire Blot, grâce aux témoignages des employés et du directeur de l'agence. De fait, "élucider" est un peu exagéré… mais au moins sait-il qui sont les auteurs : François Canter, dit François le Fou, ou encore François 1er, accompagné des frères Schwartz, ses fidèles lieutenants, et d'un chauffeur, non identifié…

Ce chauffeur, c'est François Holin, que chacun dans la bande appelle Ho !, comme une manière de sonner un loufiat. Ho !, c'est la cinquième roue du carrosse dans l'équipe, à peine considéré, mais qui rêve secrètement de devenir un caïd, comme les autres.
S'il y a une chose que maîtrise François Holin, en dehors de son ambition, c'est bien son volant. Pas étonnant : l'homme a été pilote de course avant de se retrouver en prison pour une histoire de course truquée ayant mal tourné. Il s'agissait d'organiser de faux accidents, histoire de pimenter le spectacle, d'attirer du monde. Mais à la sortie de la grande courbe, le faux accident s'était transformé en vrai drame, et François avait envoyé son meilleur ami dans le décor. Voyage sans retour. Lui avait été le seul à payer. On lui avait supprimé sa licence et on l'avait envoyé à l'ombre.
À sa sortie, sans le droit d'entrer sur un circuit mais ne sachant rien faire d'autre que conduire, il s'était retrouvé pilote, pour des affaires clandestines…

Après le casse réussi de la banque, la vie de François allait changer. Un malencontreux accident allait voir son patron mourir et lui se retrouver seul avec les frères Schwartz, les deux terreurs, et la velléité de les commander. Une possibilité qu'ont du mal à envisager les deux molosses qui déclinent l'invitation…

François Holin, ou le parcours d'un homme qui a connu la prison… C'est ainsi qu'on peut prendre ce roman de José Giovanni. François Holin n'est pas un gangster, c'est juste un pilote, et un bon même. Mais il a le malheur de se faire embringuer dans une salle histoire qui se termine mal et de porter seul le chapeau.
En prison, on fait des rencontres. On va à l'école, celle du crime. On apprend quelques ficelles, on fait ses gammes, et puis quand on sort, la voie est tracée. L'argent facile fait toujours rêver.
Pour autant, à travers le personnage de François Canter, celui qui fait rêver Holin, José Giovanni montre aussi clairement un homme traqué. Le braquage de banque fait de lui un homme toujours en cavale, et le bénéfice de ses attaques couvre tout juste les frais engagés pour bien se cacher. Un cercle vicieux que Holin refuse de voir, coincé dans son rêve…

Il n' y a pas de véritable intrigue dans le roman. Tout tourne autour du personnage de Holin, comme une étude psychologique fouillée d'un personnage complexe, en dehors de la morale ordinaire, ambitieux, fasciné par l'argent, et qui, après un passage en prison, est entraîné méthodiquement vers le grand banditisme. L'engrenage et son environnement intéressent l'auteur.
José Giovanni parsème son texte de quelques piques bien senties envers le système, les flics, mais aussi le bon peuple :

— Ça n'a même pas le courage de travailler, dit une femme.
Ce qui énerve le plus le populaire, c'est de voir que certains ont le culot de vivre sans travailler. C'est un truc qu'il n'arrive pas à pardonner. Ça le turlupine depuis longtemps, et Marie-Antoinette en a su quelque chose.

Il évoque la police, ses méthodes en matière de traque, les liens qu'elle entretient avec la presse, mais aussi l'ingéniosité qu'un homme peut montrer pour s'évader de prison, mais au bout du compte, c'est bien la fascination pour le brigand qui est au cœur de ce roman. Une fascination qui, selon l'auteur, ne mène forcément nulle part.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Ho ! - Robert Enrico (1968)Le roman de José Giovanni a fait l'objet d'une adaptation cinématographique signée par Robert Enrico en 1968.
C'est à Jean-Paul Belmondo que fut attribué le rôle principal.

Le début...

Les dix premières lignes...

M. le Directeur traversa la place Jules-Joffrin en direction de sa banque. C'était un lundi de la mi-septembre. Sa montre et l'horloge de la mairie marquaient huit heures quarante.
Il pénétrait dans l'établissement par la porte de derrière, ouvrant dans un couloir de la rue Hermel. Il y avait là une pharmacie, devant le terminus de l'autobus.
Finberg s'arrêta pour laisser aux gens qui en descendaient le temps de s'éparpiller. Il n'aimait pas le contact du peuple. Selon lui, le peuple sentait mauvais (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Holin avait perdu sa licence de coureur automobile pour "accident illicite" et il trouva une bonne place à sa sortie de prison : chauffeur d'une équipe de gangsters.
Pour les tueurs, il devint HO !, le raccourci de son nom. On l'interpellait… il obéissait… comme un chauffeur.
Jusqu'à ce qu'il apprenne à manier un colt aussi bien qu'un volant. Et ceux qui avaient gardé la mauvaise habitude de l'appeler HO ! moururent comme des mouches.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

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