Toile de Fond

Thierry Crifo

Jean-Luc Lesfargues - Janvier 1984

Tags :  Roman noir Psychologie Flic Quidam Paris Années 1980 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 11 janvier 2009

Julien Le Vigant rêve de cinéma, histoire d'oublier la galère déprimante, les angoisses, le chômage. Un soir, dans un bar de Saint-Germain, il tombe sur Lili :

Cette gonzesse avait quelque chose de bizarre, quelque chose de pas clair qui l'habitait, qui se dégageait d'elle. Elle était bien fringuée, mais c'était louche, sapée à la bourgeoise, mais déglinguée comme une pouffiasse.

La non-rencontre a duré une minute, le temps suffisant pour se faire taper dans l'œil. Le lendemain, quelque peu obnubilé, Julien cherche Lili au même endroit, mais c'est sur le trottoir de la rue Dauphine qu'il la retrouve, qu'elle le "cherche" en faisant le tapin.

Pour sa première expérience romanesque, Thierry Crifo nous livre un récit qu'on pourrait qualifier d'impressionniste, ou de polar-blues. Julien le Vigant n'est pas de la race des "gagnants" et il traîne derrière lui toute la difficulté de vivre :

J'étais un paumé (…) qui n'arrêtait pas de ne pas savoir, de ne pas pouvoir aller au bout des décisions.

Alors Lili, c'est l'étincelle dans la nuit, la lueur d'espoir. On est toujours l'espoir de quelqu'un… C'est un peu le discours sans illusions tenu par l'auteur dans son roman, un espoir comme une béquille, qu'on attrape au passage pour s'aider à avancer dans le noir, pour ne pas tomber.
Thierry Crifo met en scènes un carambolage de quelques personnages qui vont se croiser autour d'un accident. Julien Le Vigant, dilettante, acteur de seconde zone, doux rêveur ; réveillé par sa rencontre avec Lili, junkie, qui mord la vie pour ne pas se faire mordre. Entre les deux, Frissard, le flic vieux-garçon, atterri d'une autre époque, homosexuel, qui va s'éprendre de Julien suite à l'accident de circulation qui provoquera leur rencontre.
Ici, chacun fuit l'autre, personne ne s'accorde. Julien court après Lili, qui ne court après personne. Frissard court après Julien…

Il fallait que l'amour soit le fait de pouvoir tout quitter pour quelqu'un, même si après on s'aperçoit que ce qu'on a quitté n'était pas grand-chose, et que ce quelqu'un n'était en fait qu'une bouée de sauvetage, à laquelle on s'accroche parce que tout le reste n'est rien.

Beaucoup de maladresses dans le récit. Beaucoup de portes ouvertes jamais refermées. Ça part dans tous les sens sans qu'on sache jamais la direction à suivre. Thierry Crifo s'occupe tant bien que mal de ses personnages à la dérive, mais il en oublie parfois de prendre soin de son lecteur et de l'accompagner dans une intrigue pas vraiment maîtrisée.
Et puis on espère (ça peut paraître un détail, mais il devient vite ici comme un gravier au fond de la chaussure) que les éditions Jean-Luc Lesfargues ont depuis changé de correcteur parce que celui qui a sévi ici semble irrémédiablement fâché avec les règles de l'orthographe et refuse obstinément de différencier les infinitifs des participes passés. À la longue, ça finit vraiment par être dérangeant.

J'ai voulu lire Thierry Crifo en commençant par le début. Gageons que Toile de Fond, en forme de loose-blues, ne soit qu'un galop d'essai. Prometteur par endroit — comme lorsque l'auteur se met à jouer avec les mots — mais encore trop brouillon.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Désolé, pas d'idée…
Ou juste celle d'y retourner un jour pour trouver mieux.

Le début...

Les dix premières lignes...

L'année qui se terminait sans surprise, sur décembre, avait été pour moi comme les précédentes : inutile, errante et paresseuse. Les salles de ciné où défilaient Farley Granger, Joan Bennett et Nicolas Ray, les comptoirs sordides où les sandwichs à cinq balles avaient un goût étrange venu de nulle part, les quais du métro ç cinq heures du mat, quand Saint-Michel est une cour des miracles, la dernière pièce balancée dans la casquette de ce joueur de sax, au changement de Clignancourt, pour quelques notes de Summertime, un rêve en plein hiver, un acte d'amour en clignant de l'œil, un plumard de rêves, un passeport pour Harlem, les deux lundis du mois où il fallait que j'émerge à dix heures pour un rencard avec le chômage et son pointage, me retrouvant au milieu d'autres paumés, minables, noirs, jaunes, vieilles secrétaires fatiguées, jeunes cadres désaxés, êtres angoissés, déclassés, agacés (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Il y avait LILI bien roulée, dans sa banlieue qui tournait en rond.
Il y avait FRISSARD, flic truffé de ciné, qui payait pas de mine et qui tournait pas rond.
Avec LILI, il y avait BOB, mais surtout LARRY, ange gardien sans but, démon malsain, hirsute.
À la P.J., il y avait BUCHARD et FERRANDES couple jeune loup-vieux rat qui ne donnaient pas cher de la belle gueule à FRISSARD.
Voilà ce qu'ils étaient, infiniment petits chacun dans leur vie avec Paris, la nuit comme TOILE DE FOND.

Ah, et puis il y avait loi, JULIEN LE VIGANT, qui rêvait de tourner, mais qui n'avait pas un rond.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Thierry Crifo










Edition(s)...

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