Gallimard / Série Noire - Février 1990
Tags : Roman noir Polar social Polar rural Vengeance Psychologie Quidam France profonde Années 1980 Moins de 250 pages
Publié le : 13 novembre 2008
Marc Martin est un paysan du marais vendéen, quinquagénaire, amoureux de sa terre qu'il n'a jamais quittée. En cette fin d'août, après avoir ramassé les maïs en compagnie de quelques collègues, il tarde à rentrer chez lui ; pas envie de retrouver sa mégère qui va encore l'assommer de reproches. Il prend le volant de sa bétaillère et s'offre une petite virée en solitaire. Oh, pas bien loin : une trentaine de kilomètres. À peine s'il dépasse Challans, c'est dire…
Là, de nuit, sur la route, il croise une jeune auto-stoppeuse. Une vingtaine d'années la gamine, peut-être même pas ; pas très prudent ça. Il s'arrête pour la raccompagner. La jeune femme n'est pas farouche, et Martin n'est pas de bois, d'autant que ça n'est pas son épouse qui satisfait ses besoins sexuels ; plutôt en manque le bonhomme. D'ailleurs, la belle auto-stoppeuse s'en rend vite compte et commence à titiller sérieusement la brave Martin. Ils finissent dans un champ de maïs isolé.
Le lendemain matin, ce sont les gendarmes qui débarquent à la ferme et viennent cueillir Martin, l'accusant, preuve à l'appui — les papiers de sa camionnette — de viol sur mineure…
Jacques Syreigeol met en scène le marais vendéen et ses habitants, ceux qui, comme Martin, ont toujours vécu là et chérissent cette terre difficile mais généreuse. Martin est un homme de la terre, naïf et brave, un plouc, un bouseux, sans pour autant que transparaisse sous la plume de l'auteur un côté péjoratif à cet état de fait.
Dans sa vie réglée par les soins aux animaux, les cultures, il y a cette étoile filante dans la nuit, cette rencontre inespérée, cette délivrance du corps. À aucun moment, Martin ne pense que Marie (la jeune auto-stoppeuse) ne l'a trahi ; trop d'amour entre eux…
Mais le réveil est cependant brutal. Martin suit les gendarmes pour expliquer ce malentendu. Mais la plainte est là, les preuves, les témoignages. Il est arrêté, emprisonné, présenté au juge. Il va y avoir enquête. Tout ça va durer des mois…
Le procès se terminera par un non-lieu, mais entre temps on a parlé. Le père de Martin est mort ; sa maison, ses terres, ses bêtes ont été vendues ; sa femme l'a quitté. Solitaire, Martin tente de refaire sa vie et de retrouver l'étincelle qui a tout déclenché, croyant toujours à sa lumière.
Même si durant l'enquête Marie ne l'a jamais "chargé", la belle n'a que faire du frustre paysan. Martin n'a plus que sa vengeance à mettre en œuvre…
Écrit à la première personne, ce qui lui donne beaucoup de force, Vendetta en Vendée est un portrait féroce de la France profonde, de ses mœurs. Jalousie, rancœurs, ragots de village, la vue d'ensemble n'est pas reluisante, même si le narrateur, homme de la terre "à l'ancienne", se distingue du lot en tant qu'individu. C'est un peu comme si l'auteur, de manière diffuse, prétendait que cette partie de notre société (représentée par Martin) n'avait rien de bon à attendre du "progrès", de la modernité (dont Marie serait la figure de proue), qui avilit les êtres, ici comme ailleurs.
Le marais est peut-être un havre de paix, mais il recèle aussi de noires violences.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Dans le genre "France profonde", mais un peu plus réjouissant dans le style, on peut citer Jusqu'à Plus Soif, de Jean Amila, ou le sulfureux Typhon-Gazoline, de Jean Vautrin.
Les dix premières lignes...
La journée avait été sacrément chaude. Il avait fallu finir de rentrer le maïs. Les voisins étaient venus me donner un coup de main comme on fait chez nous dans le Marais. Car le ciel était plombé depuis hier. Il n'y avait plus un brin d'air à bouger ni vers l'intérieur, ni vers l'océan. On n'aimait pas ce temps-là chez nous parce qu'on savait qu'à tous les coups, ça se terminait dans l'orage et, la foudre, eh ben ! ça tue chaque année et pas toujours le plus mauvais du troupeau (…)
Quatrième de couverture...
Une nuit d'été, j'ai ramassé une chouette fille qui faisait du stop. Je savais pas que j'avais chargé dans la bétaillère l'engin qui allait me faire passer, à coup de sexe, de songe et de sang du pays des Merveilles à celui de l'Horreur.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...