Tuez un Salaud !

Colonel Durruti

Fleuve Noir - 1985

Tags :  Roman noir Polar politique Polar militant Complot Quidam France Années 1980 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 08 octobre 2008

Le matin du 18 mars 1986, les parisiens découvrent, placardées un peu partout dans la ville, des affichettes qui, texte noir sur fond mauve, appellent au meurtre : « Tuez un Salaud !».
Les rédactions des grands quotidiens sont sur les dents, tout comme la police, d'autant que le texte précise que le premier salaud périra le lendemain à 16h00…
Jean Anet, sénateur de la Drôme, expert en magouilles politiques et en casseroles financières, est décapité le lendemain par l'explosion de ses lunettes en séance plénière…

Durruti est un colonel très… subversif, et sans doute pas un militaire. Ou alors, très en retrait de sa famille d'origine…
Dans une chronologie très stricte, minutée même, il nous présente l'épopée déstabilisante, pour le pouvoir en place, d'une bande d'activistes, de révolutionnaires, très organisés, très intelligents, qui ont décidé de prendre les choses en mains face à la recrudescence de salauds, d'en supprimer quelques-uns, et pourquoi pas de faire des émules.
Un homme politique véreux, un enseignant-indic des R.G., un ingénieur de centrale nucléaire, un représentant du C.E.A., un adjudant ex-membre de l'O.A.S., les têtes tombent. Le monde va mal, les salauds sont partout ; c'est une hécatombe.
En choisissant ses cibles, par une "communication" directe à destination de la population, le groupe gagne la sympathie de l'opinion publique. Le 22 mars, l'ensemble fait tache d'huile…

22 mars… 86… Est-ce que ce ne serait pas 68 à l'envers ? On y pense bien sûr, mais l'époque n'est pas la même. Si ces agitateurs ont des aspirations "honnêtes", ils pensent aussi "communication", stratégie. Et Durruti de démontrer leur redoutable efficacité, leur organisation en "soviets", capables de déstabiliser pouvoir et police, de leur résister grâce à cette absence résolue de hiérarchie pyramidale. Graine d'anar, va !...

Malgré tout, l'organisation ne se veut pas terroriste, elle tend à ouvrir les yeux des foules endormies, et dans ces cas-là, il faut de temps en temps frapper un peu fort :

Nous n'avons pas à nous transformer en groupe terroriste. Notre but n'est pas d'éliminer tous les salauds de la Terre, simplement de montrer aux gens qu'il ne faut pas avoir peur des salauds qui les entourent. Leur faire comprendre que les crapules qui les empêchent de vivre peuvent mordre la poussière. Que c'est facile : il suffit de le vouloir.

Rythmé, d'une écriture vive, Tuez un Salaud ! (dédié à la mémoire de Jacques Mesrine) n'est pas un roman naïf. L'analyse politique y est fine et l'on y pressent aussi comme le glissement possible vers une révolte beaucoup plus radicale que la démarche "artistique" (à la manière des surréalistes chers à André Breton) du Soviet, sans doute est-il seulement un peu utopiste.
Faire recouvrer la vue aux foules aveuglées est un vaste programme ; y réussir une gageure. Mais ça ne coûte rien d'essayer ; c'est même très réjouissant.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Tuez un Salaud ! est le premier volet d'une série consacrée à ce groupe d'activistes qu'est Le Soviet. Les suivants, du même acabit, ont pour titre Le Rat Débile et les Rats Méchants, C'est la Danse des Connards, et enfin Berlin l'Enchanteur.
On pourra également se rapprocher d'un Jean-Patrick Manchette, avec Nada, ou encore d'un Jean-Bernard Pouy, avec Spinoza Encule Hegel.

Le début...

Les dix premières lignes...

Paris, métro Châtelet, lundi 18 mars 1986, 9h16.
La rame du R.E.R. B s'aligne gentiment le long du quai. M. Léna manœuvre la commande de la porte, qui s'ouvre en douceur. Tenant sa mallette, il se dirige vers la sortie « Place du Châtelet ». Un attroupement s'est formé face au mur de béton qui soutient les escaliers mécaniques.
À cet endroit, en principe, il n'y a guerre que le plan du réseau, qui ne devrait pas attirer tant l'attention du populo. Intrigué, Léna lève la tête. Une tache d'un mauve lumineux lui tire l'œil. Il s'approche malgré lui, regarde par-dessus la foule.
TUEZ UN SALAUD ! (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

C'est le printemps… mais ce qui fleurit surtout dans toute la France c'est des petites affiches, d'un beau mauve. Tuez un Salaud ! Un appel très clair à couper les branches pourries… Et en bons petits jardiniers, les lecteurs de l'affiche mauve, simples quidams ou personnalités remarquables vont se mettre à élaguer dur. Parce que tout le monde a un salaud à portée de main.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Colonel Durruti










Edition(s)...

Informations au survol de l'image...

Réédition Réédition poche