Le Gourou des Terres Froides

Un avis personnel...

Publié le : 23 mars 2008

Graziella revient sur les lieux de son calvaire : un vieux moulin esseulé dans la campagne dauphinoise. Enfant, elle y a été élevée au sein d'une secte et a dû subir les viols répétés du maître des lieux. Après en être sortie à la mort de sa mère — "récupérée" par son grand-père —, après dix années de silence et de thérapie, elle a fini par porter plainte et doit témoigner bientôt au procès du gourou.
Dans ce vieux moulin, elle rencontre l'actuel propriétaire, Marco, dont la mère louait à l'époque la bâtisse et ses dépendances à la secte. Il semble bien que Graziella soit venue se venger de Marco. Pourtant, celui-ci n'a pas l'air très au fait de ce qui s'est tramé dans ces murs par le passé…

Graziella est la victime du Gourou des Terres Froides. Pour autant, on a beaucoup de mal à entrer en empathie avec ce personnage qui fomente sa vengeance avec comme une absence de discernement. Viser Marco pour toucher au cœur l'ancien gourou ? Quand bien même fut-il son père — ce qu'on pressent rapidement — on a du mal à y croire. Tout comme on a du mal à adhérer à ce semblant d'histoire d'amour qui grandit entre les deux personnages.
Viennent se greffer ensuite à l'intrigue cet « homme en gris », mystérieux, ancien colonel, dont on devine qu'il poursuit à sa manière le même but que Graziella sans pour autant qu'on en connaisse chez lui le mobile ; ou encore cette histoire de famille — celle du gourou — qui remonte sur plusieurs générations…

L'assemblage est délicat, l'équilibre très instable, et on se demande comment tout ça va bien pouvoir tenir debout et retomber sur ses "pattes".
Mais il y a aussi comme un sentiment de malaise qui grandit face à la mise en scène de la loi du Talion, justifiant ainsi le rôle de deux justiciers poussés par une vengeance aveugle :

Cet homme, ce gourou d'une secte qui avait trop longtemps abusé de son pouvoir, ne devait plus jouir du droit de vivre. Le verdict des hommes serait trop faible en rapport de ses ignominies. Il appliquerait donc la sentence de mort. La seule qui convienne.

Quand bien même le crime est horrible, faut-il encore aujourd'hui en arriver à de telles extrémités ?

Le polar montre la vie, c'est ce qui fait sa saveur. Mais il le fait en racontant avant tout une histoire. Lorsque celle-ci se fait bancale, sa construction maladroite, on en oublie le propos qu'il sous tend et il rate sa cible.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Sur ce sujet délicat des sectes et des dégâts qu'elles occasionnent, vous pouvez vous reporter à l'excellent Clairs Obscurs de Paul Colize.