Privé

Un avis personnel...

Publié le : 24 février 2008

Dunc, comme beaucoup de jeunes américains, décide de parcourir son pays avant de trouver un boulot. Sans beaucoup d’argent en poche, il vit de sa débrouille. Un soir, alors qu’il prend un repas dans un café, deux types sans le sou se font arrêter par le sheriff. Ce sont deux vagabonds qui voyagent en vivant de petits boulots. Le problème c’est que l’un est blanc et l’autre noir. Et qu’ils sont en Georgie. État du Sud qui pratique la ségrégation. Dunc se fait alpaguer avec eux et se retrouve dans un chain-gang pour six mois de travaux forcés…

Voilà le point de départ de ce superbe roman. De là Joe Gores va bâtir un incroyable voyage à travers les USA. Après s’être échappé de son camp de travaux forcés de façon assez brutale — il participe au meurtre du surveillant tortionnaire — Dunc se retrouve sur les routes. Le stop l’emmène jusqu’au Texas. Il y rencontre Falkonner, un type étrange avec qui il part se saouler au Mexique et qui l’abandonne au lendemain d’une mémorable bagarre. Ensuite, c’est pris en stop par un arbitre qui se rend à Las Vegas pour un combat de boxe, qu’il arrive dans la cité du vice. Il va se lier d’amitié et devenir le sparring-partner de « Nitro » Ned Davenport, un boxeur sur le retour qui va tenter le combat de sa vie. Ce combat sera truqué et son issue fatale au boxeur. Cela forcera de nouveau Dunc à reprendre la route. Au cours d’un pique-nique à Los Angeles lors de la fête nationale, il rencontre un homme qui se dit détective privé. Il lui laisse sa carte et lui propose une place dans son agence. N’ayant aucune attache, Dunc part pour San Francisco.

Je ne m’attarderai pas sur les différentes intrigues et aventures qui sont toutes assez étroitement liées. Même si on a l’impression d’un roman assez décousu, la trame se clarifie au fur et à mesure que l’on avance dans la lecture et toutes les pièces s’imbriquent. Au final tout est lié, la boucle est bouclée, et l’on se retrouve surpris d’être déjà à la fin. L’air de rien l’auteur vous promène lors de ce voyage initiatique, celui où un jeune homme devient un adulte. Les épreuves, les rencontres, l’amour, tout y est. Un peu « eau de rose », certes, parfois. Mais si peu que l’on oublie très vite cette touche de rose dans ce superbe roman noir !

Ça commence un peu comme Kerouac avec Sur la Route (Georgie, Texas, Mexique). Ça continue comme Tosches avec Night Train (Las Vegas, combats truqués, mafia), et ça finit comme du Hammett avec Le Faucon Maltais (agence de détectives privés, femme fatale, affaires douteuses). Le tout donne du Joe Gores, vivant, attachant et très bien écrit. Ça sent le vécu, c’est ce qui donne tant de plaisir à la lecture. Un très grand roman !

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Quelques pistes à explorer, ou pas...

Scénariste pour le cinéma et la télévision, Joe Gores est l’auteur de plusieurs romans dont le célèbre Hammett, porté à l’écran par Wim Wenders.