Le Doigt d'Horace

Marcus Malte

Fleuve Noir - Octobre 1996

Tags :  Roman noir Vengeance Quidam Paris Années 1990 Populaire Poétique Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 20 février 2008

Trois hommes dans une fourgonnette. José, au volant ; Miguel, son jeune frère — tous deux d'origine sud-américaine par un père parti dans les vapeurs du gros rouge qui tache — et puis Franck, aussi pâle que les deux premiers sont mats, aussi blond qu'ils sont bruns. Rien à faire ensemble, et pourtant… ils sont là, tous les trois, dans cette cabine, partis livrer dans une lointaine banlieue parisienne, bourgeoise, une chaîne hi-fi dernier cri. Ils livrent, sans être livreurs, et puis s'en vont…
Retour à Paris. Franck, libéré de ses deux acolytes, finit sa nuit au Dauphin Vert, une boîte de jazz, à écouter la musique qu'il aime, et c'est dans l'aube naissante, sur le trottoir, qu'il félicite le pianiste, Mister, un grand black :

— Je m'appelle Franck (…). Je viens de tuer trois personnes mais j'aime beaucoup votre façon de jouer.

Franck n'est pas très bavard, Mister non plus, mais les deux hommes se plaisent. Ils finissent devant un café en attendant Bob, chauffeur de taxi et grand ami de Mister qui, au volant de sa 404 jaune, va le promener chaque matin dans Paris qui s'éveille…

Entre deux cassettes, la radio leur apprend qu'un député vient de sauter avec son manoir, sa femme, et sans doute une femme de chambre. Les deux compères se demandent s'il n'y aurait pas un rapport avec ce jeune homme rencontré plus tôt et se décident pour une petite enquête personnelle.

Premier roman de Marcus Malte, Le Doigt d'Horace se présente comme un livre étrange, original. On y découvre d'emblée un humour froid et ravageur qui s'instille dans une écriture tout à fait limpide. Les phrases s'enchaînent en un flot régulier et puissant. On y croise peu à peu des personnages décalés : Bob, ce chauffeur de taxi sans client ; Miguel, qui offre des chrysanthèmes à sa mère pour son anniversaire ; Paulot, amoureux de sa télé au point de ne jamais l'allumer ; ou la délicieuse Miss Marcilly, grande adepte de littérature policière anglaise. Tout un petit monde qui gravite autour de Franck, le point d'ancrage. Franck et sa vengeance…

Marcus Malte explose sa narration. L'intrigue n'est pas ici un long fleuve tranquille, mais plutôt un torrent qui dévale la pente, empruntant failles, courbes et bosses au hasard du terrain. Enfin… hasard… pas tout à fait. La partition est là, mais la liberté est de mise — le hasard maîtrisé. Alors on repense à Franck et à sa dévotion pour Horace Silver, à son amour pour Winton Kelly, pour le jazz en général ; on repense à Mister et à son piano et on finit par apprécier cette narration qui s'apparente à un jonglage virtuose ; comme autant de chorus pris sur un thème central, comme une improvisation sur page blanche.
L'écriture est racée, empreinte d'humour — je l'ai déjà évoqué — mais aussi d'une sombre poésie qui fait son originalité. Marcus Malte a le sens de la formule et soigne son art de la belle phrase en la rendant… musicale. Un esthète…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Mister, le pianiste, devient récurrent avec le second roman publié par Marcus Malte, Le Lac des Singes.

Le début...

Les dix premières lignes...

Ils étaient trois à l'intérieur de la fourgonnette. Tous les trois à l'avant. L'homme au volant, c'était José. Sombre et rond. Un père mexicain, sans doute, ou quelque chose d'approchant. Un père qui lui avait laissé une épaisse tignasse brune sur le crâne et la même chose, en miniature, au-dessus de chacun de ses yeux noirs et mauvais ; une peau couleur bronze et puis des poils, encore des poils, partout sur le corps. Qu'est-ce qu'on dit ? Merci 'pa (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

À défaut de tuer les députés véreux, il arrive que les charges explosives ressuscitent leurs fantômes. C'est du moins ce qu'espère Franck, traqué par le Milieu et adopté par un drôle de duo : Bob et Mister. Le premier, chauffeur de taxi, ne prend jamais de client ; le second, pianiste de jazz, ne jure que par Horace Silver. Pour eux, le passé de Franck est une partition inachevée qui mérite d'être rejouée.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Marcus Malte










Edition(s)...

Informations au survol de l'image...

Réédition Réédition poche