Frères d'Armes

Serge Yves Ruquet

Jigal Polar - Octobre 2006

Tags :  Marseille Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 02 décembre 2006

Recommandé Un couple aisé, dans une bastide reculée sur les hauteurs d'Aix. Lui, Claude de la Blacière, la soixantaine sportive, ex-nageur de combat reconverti en chef d'entreprise ; elle, trente-cinq ans, beauté éteinte, blasée, délaissée ; et pour eux deux un ultimatum qui expire bientôt...
Pour se défaire de cette épine douloureuse, Claude pense faire appel à un ami, un ancien "frère d'armes" oublié depuis huit ans, depuis que lui-même a raccroché et quitté la service : un certain Nick Chroma...

Quelle affaire que cette histoire de "frères d'armes", la loi d'honneur des barbouzes ! Pour un premier roman, Serge Yves Ruquet place la barre bien haut.
Très vite, dès les premiers chapitres, l'auteur s'attache à rendre crédibles ses personnages. On les découvre à peine qu'on les reconnaît déjà, leurs personnalités, leurs caractères, rapidement cernés par petites touches posées avec précision.

Heureusement d'ailleurs, parce que côté intrigue, côté "décor", Serge Yves Ruquet joue avec nos nerfs, comme avec le temps d'ailleurs. Il distille les informations avec parcimonie, mélange les jours, les heures. Pourtant, les faits tombent. Lentement, au hasard d'une conversation anodine, presque « par hasard », mais ils tombent. Et l'éclairage se fait, au fil des pages, de plus en plus précis, révélant une situation des plus troubles. Un vrai mic mac ! Mais là, arrivé à ce point (cinquante pages à peine) vous êtes déjà pris, ferré, conquis, prêt à vous laisser porter tout au long du voyage.

Il faut dire que Serge Yves Ruquet sait y faire. La construction – au début déroutante – est irréprochable, millimétrée même, et d'une redoutable efficacité. La lumière se fait toujours en avançant, à bon escient. Mais dès lors que vous avez aussi fait la connaissance de la tonitruante Martine Le Goff, capitaine de police au grand cœur et amie fidèle de Nick Chroma, c'est du bonheur !

(...) silhouette de catcheuse (...) devant son Casa, derrière ses Ray-Ban, elle parcout la Provence, Gauloise au bec. Pour ça, la féminité n'est pas son fort.

Le duo Chroma / Le Goff fonctionne à merveille, accompagné de dialogues savoureux qui ne sont pas sans rappeler certaines répliques à la Michel Audiard, comme des clins d'œil :

— Non, j'y crois pas. Pour que Delab active comme ça sa balise Argos, feut plus que du voyou, même mastard. Faut du vrai groud. Du carnivoe. Du piranha. Du requin blanc. Du style de ses anciens potes, quoi.
— Ou des ses ancien ennemis.
— Ouais, c'est pareil.

Quant à l'intrigue elle-même, elle se fait autour de secrets d'état, de recherches sur le sommeil, de la pilule qui permettrait de garder éveillés durant trois jours d'affilée les bons soldats, et de laboratoires un peu tordus... Mais je ne vous en dirai pas plus.
Il y a du rythme, des rebondissements qui claquent au vent du récit sans pour autant apparaître comme recette de métier, et même un final qui frise avec le grand Guignol ; l'auteur exagère un peu, pris par l'élan – remarque, il est de Marseille, non ? – à croire qu'il fallait bien sortir de cette embrouille coûte que coûte, par un moyen ou par un autre. Mais ce serait oublier la finesse, la sensibilité propre à l'auteur qui nous offre en dernier lieu, avant de conclure une belle envolée lyrique.

Rien n'est laissé au hasard, la maîtrise est parfaite de bout en bout, la logique implacable. Ah, toute de même, une pomme d'Adam qui traîne dans la gorge d'une infirmière, incongrue... Mais bon, on pardonnera, aisément.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Pour la qualité de l'intrigue, de la construction, des personnages, pour la vivacité, pour l'humour aussi, j'ai bien envie de vous envoyer traîner du côté de chez Paul Colize et de son exceptionnel Quatre Valets et une Dame qui, s'il n'évoque pas les barbouzes, devrait pour autant ravir celles et ceux qui ont pris plaisir à la lecture de Frères d'Armes.

Le début...

Les dix premières lignes...

Mardi 26 juillet. 1h55 du matin. Marseille le Panier.

Retour de mission.
Nick Chroma se passe la main dans les cheveux et relève la tête. Pour la millième fois peut-être, il déchiffre ce satané tee-shirt inversé dans le miroir de la salle de bain.
FRÊRES D'ARMES ! proclame virilement le tricot, façon tag rouge sang.
Frères d'armes : un célèbre groupe de rap, depuis longtemps disparu. Cinq post-adolescents français les plus provocateurs de l'époque... il y a huit ans ! (...)


La fin...

Quatrième de couverture...

Nick Chroma est détective privé à Marseille. Une couverture taillée sur mesure pour cet exécuteur talentueux des services spéciaux.
Appelé par le général Soreau à éliminer La Blacière, un ancien barbouze, Nick a des états d'âme et rechigne à descendre un "Frère d'Armes".
Malgré les ordres, Nick enquête et aidé de son amie flic, la tonitruante Martine Le Goff, découvre que ses "frères d'armes" ne sont pas tous si "frères" que ça !!!
Et que certains d'entre eux, au cœur d'un secret d'État dont les racines plongent dans le passé et les arcanes du pouvoir, sont prêts à tout pour que le silence soit à jamais préservé !
"Dans l'honneur et l'indépendance", la devise des services a décidément du plomb dans l'aile !


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

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