Philippe Carrese

Un avis personnel...

Publié le : 1er janvier 2006

Attention, ne vous fiez pas au titre et n'oubliez pas que c'est Philippe Carrese qui est aux commandes de cette belle histoire d'amour. Ce n'est pas une histoire guimauve pour violons sanglotants, mais un rodéo orchestré par un amoureux de jazz.
Pindur était musicos dans une ancienne vie. Mais un divorce, l'alcool et un procès diffamatoire ont eu raison de son talent. Aujourd'hui, il est serveur dans un bouge minable près de Marseille. A bout de force, il décide de mettre fin à ses jours. Mais au moment d'appuyer sur la gâchette, "Wayne Shorter a déboulé. La petite mélodie de Beauty and the Beast a empli son deux pièces-cuisine". C'est son portable. Max, le patron du rade et accessoirement un mafioso notable, a besoin de lui : Gisèle vient de le plaquer, et ça, Max ne peut le supporter. Pindur est donc chargé d'aller tuer la belle. Mais rien ne se déroule comme prévu, et au lieu de l'assassiner, Pindur kidnappe Gisèle. Commence alors une histoire une course poursuite qui les conduira de Marseille aux Alpes de Hautes Provence.

On retrouve dans ce roman toute la vitalité de l'écriture de Philippe Carrese. Ses portraits sont saignants à souhaits. Comme la mère du mafioso, clone du pape, celui qui est mort :
"Elle a le même regard qui vient d'en dessous; ses cervicales sont perpendiculaires à sa colonne vertébrale. Elle a le même embonpoint flasque, les mêmes bajoues tremblotantes, le même œil enjoué et le même dynamisme communicatif."

Ou encore le tueur professionnel amoureux de la chanson italienne et qui pollue l'environnement sonore de ses voisins. Il y a aussi le supporter de l'OM dans toute sa splendeur, la vieille folle échappée de la maison de retraite, j'en passe et des meilleures. Au milieu de toute cette faune bigarrée, Pindur tente tant bien que mal de sortir son épingle du jeu et de comprendre qui est réellement cette Giselle.

Comme pour tous les romans de Philippe Carrese, il est très difficile de résumer l'intrigue d'Une Belle Histoire d'Amour tant il y a de rebondissements au cours du récit. Ici le parlé "Marseillais" n'est pas forcément aussi prédominant que dans ses autres romans, mais on retrouve le même humour tranchant qui lui permet d'aller côtoyer l'horreur absolue. Et croyez-moi, au final, c'est belle est bien "une belle histoire d'amour" qui vous est racontée.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Alors là, franchement à part d'autres Carrese, je ne sais pas trop quoi mettre ici. Peut-être Quatre Valets et une Dame, de Paul Colize, dans un genre différent mais où se rejoignent les mêmes "ingrédients" : polar, humour et... histoire d'amour.

Le début...

Les dix premières lignes...

Je lui ai balancé mon poing dans la gueule.
Ça a fait un drôle de bruit. Ça m'a démoli les phalanges, la douleur m'est remonté jusqu'à la moelle épinière, le craquement a résonné dans ma boîte crânienne. C'est con mais le premier truc auquel j'ai pensé, c'est que je pourrai plus jamais faire de chorus sur Oléo . Le second truc auquel j'ai pensé, c'est que, de toute façon, j'ai jamais su faire un chorus digne de ce nom sur Oléo .
Mon poing est parti tout seul. Ça m'a fait très mal mais ça m'a fait un bien fou (...) !

La fin...

Quatrième de couverture...

Ingrédients pour une belle histoire d'amour : une riche héritière, un musicien de jazz paumé, un pot de yaourt, un couteau à cran d'arrêt, le clone du papa, un psychopathe jaloux, un gong en fa , quatre pots de farine, quelques marmottes, un condor qui passe, un dancing pour vieux, un colt .45 de 1911, un adepte de la variété italienne en perfusion, un camion frigo, quatre pots de sucre, un taureau de combat aux yeux de diamant, un cuistot culturiste en manque de neurones, un pot d'huile, une manif de taxis marseillais, Honorine en string, un sachet de levure, quelques crétins mémorables et un caniche nain royal.
Laissez mijoter, et ne demandez pas où est le pain dur.
Pindur, c'est le nom du mec qui raconte cette belle histoire d'amour...