Les Vieilles Décences

Max Obione

Krakoen - 2003

Tags :  Roman d'enquête Crime organisé Flic France profonde Années 2000 Argotique Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 1er septembre 2006

Deux compères partent en vadrouille taquiner le brochet. Il y a là, d'un côté, Maurice Cintray, inspecteur de police à la retraite, dit Mau, ou encore Le Mat :

(...) un instinctif mirobolant, un type bourré d'expériences, nourri aux malheurs de la vie, bourru du rejet des cons et des chieurs, généreux envers les autres paumés, hargneux face aux salauds, accrocheur une fois scotché à vos basques, enrichi aux emmerdes, repus de petits bonheurs furtifs. Pour résumer, un coriace.

Et de l'autre Raymond Japhet, dit Raja, ex-substitut du procureur, un juge quoi, dans le genre plus discret.
Lorsque les deux hommes arrivent à l'étang privé et convoité, c'est pour découvrir un portail fracturé. Et puis ça n'est pas un brochet qu'ils sortent de l'eau au bout de leurs cannes, mais bien plutôt un cadavre ! Aussitôt, les vieux mécanismes des vieilles mécaniques reprennent du service...

Max Obione entame son roman avec entrain et verve pour la description de la vie locale qui s'organise autour d'un troquet de la Porte de Vanves : Le Périchole. On y déguste des tranches de vie tartinées d'un soupçon de nostalgie, mais qui font frétiller la langue. Nostalgie, car on pourrait lire entre les lignes le regret à peine voilé de voir toute cette animation, cette ardeur, ce bouillonnement, se faufiler entre les murs et quitter la grande ville. Mais qui donc perpétuera la gouaille parisienne ?
Heureusement il est des retraités encore verts qui, libérés des carcans professionnels, des "raideurs d'échine", s'amusent (et nous avec) à jouer les redresseurs de torts.
Voilà un couple de joyeux lurons qui fleure bon le cinéma à la Audiard. Un Ventura, massif et puissant, prendrait aisément le rôle de Le Mat, tandis qu'un Francis Blanche plus effacé, plus discret, endosserait les costumes de Raja. D'ailleurs on pourrait ainsi continuer à attribuer à la ribambelle de personnages secondaires - de ces petits rôles qui font la richesse des compositions réussies - quelques têtes, connues ou pas ; comme un jeu.
Car c'est aussi à un jeu que se livre Max Obione, une reconstitution d'ambiance, avant d'embarquer son lecteur au cœur de l'intrigue qu'il prépare et dévoile en douceur.
Si elle n'est sans doute pas le point d'accroche du roman, il n'en demeure pas moins qu'elle met en lumière - sans non plus aller très loin dans le détail - quelques "dégueulasseries" liées à l'agriculture d'aujourd'hui en général et aux céréaliers en particulier. On y croisera un semblant de Confédération Paysanne, des industriels de la terre, des intérêts contraires, des apprentis sorciers de la culture assaisonnée à la biochimie...

Sujet grave, traitement de choc ! Max Obione n'y va pas avec le dos de la cuillère. La Mat et Raja sont des Indiana Jones et le ton est quasiment à la farce, au moins à la comédie. Sachant que comme toutes celles qui se respectent, elle puise son âme dans le sang.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Max Obione mérite qu'on s'attache à ses récits, qu'il sait renouveler à chaque nouvelle saillie sans toutefois jamais perdre l'aura noire qui l'accompagne. N'hésitez pas à plonger avec la même envie dans Gaufre Royale, ou partir à la rencontre du cousin de Gabriel Lecouvreur, dit Le Poulpe, avec Calmar au Sang.

Le début...

Les dix premières lignes...

- Cette fois-ci, je prendrai le monstre ! lança Le Mat.
Tous les habitués de "La Périchole" saluèrent la prédiction d'un rire bon enfant. Depuis une heure, accoudé au zinc, Wonder sirotait un ballon de Bougueuil. De l'arrière-salle de ce bar de la Porte de Vanves rebaptisé "La Picole" par la clientèle, je voyais le patron limonadier entre les pattes de la biche du verre dépoli de la séparation. L'ai goguenard, Odillon Vacherin essuyait le comptoir de cuivre rouge avec sa lavette d'une main et grattait se tignasse peucheuse de l'autre (...).


La fin...

Quatrième de couverture...

Un flic et un juge, tous deux à la retraite, insatisfaits durant leur carrière respective, s'en donnent désormais à cœur joie pour débusquer les salauds en appliquant la loi, Leur Loi !..
Lorsqu'ils tombent par hasard sur un trafic crapuleux, ils n'y vont pas par quatre chemins, ils nettoient à sec, sans rémission.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Max Obione










Edition(s)...

Informations au survol de l'image...

Réédition

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Calmar au Sang Gaufre Royale Amin's Blues Balistique du Désir Scarelife Boulette