Fleuve Noir - Mars 1996
Tags : Polar politique Polar social Trafic Détective privé Marseille Années 1990 Original Humoristique Moins de 250 pages
Publié le : 31 mai 2005
Mustafa Zarak, ouvrier immigré turc en Allemagne, agent de surface dans une usine chimique, se meurt dans la neige pour avoir trop tourné autour de fûts particulièrement toxiques. Le directeur de l'usine et son ingénieur chimiste décident de se débarrasser des ces encombrants et dangereux containers, alors le boss pense à l'Europe, la "belle" Europe de Strasbourg et de Bruxelles qui va lui permettre de trouver une poubelle... Il va même jusqu'à se souvenir d'un négociant en import-export particulièrement entreprenant, un marseillais à grande gueule qu'il verrait bien régler cette affaire là : Gilbert.
Gilbert... chevalière à chaque main, grosse chaîne en or autour du cou tombant sur un poitrail velu visible dans l'échancrure savamment ouverte de sa chemise de soie noire ; c'est son uniforme. Lui, c'est l'entrepreneur, et Berbert, c'est le chauffeur du camion qui va descendre les fameux fûts depuis l'Allemagne jusqu'à Marseille. Alors qu'il s'autorise une pause sur une aire d'autoroute du côté de l'Alsace, Bévert est réveillé de son sommeil houblonné par deux manouches tentant de le délester de son chargement. Armé de sa matraque/sabre/épée (S'kalaboure), il frappe vite et fort et rétame les deux malfrats avant de les griller à l'essence dans leur break 504. Il prévient son patron du léger contretemps puis reprend la route. Mais un troisième larron surveille son manège : celui qui faisait le guet et qui n'a toujours pas bougé, Rudy, qui décide illico de venger la mort de ses frères et se lance à la poursuite de Bébert, la rage entre les dents.
Entretemps, on a fait la connaissance de Gilbert, le "beauf" par excellence, un peu con, un peu balourd, un peu raciste, un peu extrême, surtout du côté droit. On a croisé sa femme Rozy (ça fait plus classe que Roselyne...), tout droit sortie d'un épisode de Dallas, l'accent en plus, sa sœur Josiane, un peu dépressive, le côté pile de Rozy, et son mari Richard, le narrateur, qui sera bientôt réquisitionné par Gilbert, son beau-frère donc, pour réceptionner les fûts à leur arrivée...
Sur un lointain fond de trafic de matières toxiques qu'il ne va pas jusqu'à dénoncer explicitement, Philippe Carrese construit une équipées sauvage à l'humour ravageur, décapant, et peuplé d'une galerie de personnages hauts en couleurs et tous plus déjantés les uns que les autres. Gilbert, le beauf et sa femme Rozy, leur fille Loraine et le chien Whisky, c'est tout un programme, sans oublier les scènes du loto annuel au café, les déambulations de Bébert et de son camion (ne ratez pas la description de la remorque...), les embûches de la poursuite de Rudy, sans oublier Stéphanie et son frère Djacksonne qui débarqueront à Marseille, c'est un enchantement, une explosion de bouffées délirantes et un sourire à chaque page.
Une aventure picaresque qui met en scène Marseille et ses habitants, tirée malgré tout d'un fait divers réel. On n'est pas là dans la dénonciation d'un trafic de matières dangereuses à travers l'Europe, loin s'en faut, il s'agit d'une farce, d'un éclat de rire, avec malgré tout un dénouement beaucoup plus sombre que le reste du roman, où le méchant se révèle beaucoup plus méchant et cynique qu'on aurait pu le croire. Un récit en forme de pirouette, qui retombe sur ses pieds, même si parfois, ça fait un peu mal de retomber sur ses pattes...
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Oui je sais, celui-là est épuisé... Mais faites comme moi, pratiquez les braderies et dénichez les perles rares. Ou alors profitez de la toute récente réédition par L'Écailler du Sud des "introuvables" de Philippe Carrese. Trois pour le prix d'un.
Dans la veine du polar marseillais, vous pouvez également vous permettre un détour du côté de François Thomazeau et des aventures de Schram et Guigou.
Les dix premières lignes...
C'est la fin !
Drôle de fin pour Mustafa.
... Lui qui avait pu échapper aux fonctionnaires hystériques du bureau central de l'émigration à Istanbul, esquiver de justesse la police des frontières au col de Kufstein, dompter Akmen, son compatriote voisin de chambrée en mal d'affection. Mustafa Zarak, qui avait survécu aux agressions répétées des skinheads de Isarstrasse et aux avances obscènes et incessantes de Gertrud, sa logeuse obèse et nymphomane...
Mustafa est allongé, les bras en croix, le visage incrusté dans la neige glacée qui recouvre l'arrière-cour des établissement "Heyneken and Co" (...).
Quatrième de couverture...
Ça commence par un simple coup de main et ça pourrait bien finir en catastrophe écologique ! Mais cela, Richard l'ignore. Il sait seulement qu'il doit convoyer des fûts pour rendre service à son "beauf", l'affligeant Gilbert. Bien sûr, les fûts sont toxiques, mais ce n'est rien à côté de la haine qui anime un certain gitan...
Sur un ton désopilant, avec son humour particulièrement grinçant, Philippe Carrese nous montre comment un galère nauséabonde peut vite se transformer en nef infernale.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...