Jacqueline Chambon - Février 2006 - Traduction (espagnol) : Anne Bragance
Tags : Polar fantastique Mystique Quidam Littéraire Moins de 250 pages
Publié le : 1er mars 2006
Ce roman de qualité tout à fait appréciable risque malheureusement de
décevoir... du fait de l'étiquette qui lui est collée. La couverture
affiche en effet un laconique " thriller ", et cet aspect est
renforcée dans la quatrième de couverture, pour attirer peut-être un
lectorat plus large, en ces temps où les thrillers occupent
régulièrement les tops des ventes ?
Bref. Pas l'ombre d'un thriller là-dedans. Pas l'ombre de ce qu'on appelle communément un polar non plus.
Que l'on n'en déduise pas pour autant que c'est un mauvais livre !
C'est un roman très bien écrit, qui baigne dans une ambiance mystique tout à
fait bien rendue. L'action se situe à Saint-Jacques de Compostelle,
lieu prédisposé au mysticisme par excellence, et dont l'auteur nous
rappelle que si elle est une ville sainte, elle est avant tout un
tombeau.
Au tout début du roman, cette allusion au caractère mortuaire de la ville m'avait enchantée.
Si j'avais lu ce livre sans croire que c'était un polar, et donc sans
attendre inconsciemment un certain nombre de codes, repères, jalons, je
l'aurais peut-être aimé.
Là, je l'ai lu jusqu'au bout mais sans plus.
Trois personnages principaux : une jeune femme scénariste, dont la vie est
terne, qui s'est refermée sur elle derrière une façade trompeuse de
sérénité et de bonheur ; un homme, Jacob, assailli par une force
maléfique, producteur de films (c'est dans ce contexte professionnel
qu'il rencontre la jeune femme) ; un autre homme, vieux,
catholique, verbeux et emprunté, appartenant à une confrérie de la
basilique. Ce dernier apparaît par le truchement d'une sorte de
" confession " qu'il adresse à ses confrères, afin de se
justifier sur ce qui " s'est passé " et bien expliquer son
rôle dans la ténébreuse affaire.
L'affaire étant la suivante : Jacob est possédé (ou assimilé).
Par une sorte d'entité maléfique qui fait quelques intrusions dans le
récit, sur le mode poétique-introspectif-torturé, pour confirmer son
reniement de Dieu, à la manière d'un comte Dracula dans le prologue du
film de Coppola, mais en beaucoup plus langoureux !
Jacob est possédé et il rencontre la fille. Celle-ci, après une nuit passée
avec Jacob et avoir constaté sa disparition, se lance à sa poursuite
pour le sauver de la créature maléfique.
Au cours de cette poursuite, elle finira par croiser la route du vieil homme. Jusqu'à une fin... désarmante.
Toute la première partie du livre est plutôt bonne, entrainante, malgré les
passages lancinants et répétitifs de la créature et du vieux
catholique, qui nous abreuve un chouia trop de ses commentaires sur la
société de notre temps.
Mais tout ça se lit bien, il y a quelques originalités au début du récit, dans la façon de raconter, d'écrire, ça intrigue, ça met en bouche.
Quelques très très bons passages aussi, qui justement sortent du cadre dont on a l'habitude, qui parlent de choses non manifestées, qui allient le noir
au mystique et provoquent quelques frissons délicieux.
La désillusion n'en est que plus grande, même si on ne peut pas véritablement parler de catastrophe.
Dans la deuxième partie du roman, l'auteur perd le rythme, et donc, le
lecteur. Qui ne reste " accroché " que grâce à une écriture
très bien maîtrisée, fluide, agréable.
La critique principale qu'on peut faire est que ce bouquin manque
d'équilibre : équilibre entre les différentes parties, les
interventions des différents personnages, entre l'action et les
réflexions philosophico-religieuses.
Même en maintenant une histoire qui est ce qu'elle est, et n'est après tout pas obligée d'être un polar, il y aurait besoin de couper à certains
endroits, notamment dans les divagations du vieil homme. Une fois le
personnage installé, une fois qu'on a compris son état d'esprit et sa
vision du monde, on aimerait avancer.
Et puis ça manque un peu de concret.
Mais c'est lié à l'aspect mystique du livre. Je ne sais pas si on peut
vraiment le lui reprocher, c'est peut-être un choix. Moi en tout cas,
le lisant en m'attendant à un polar, un bouquin ancré dans la réalité,
j'ai fini par me lasser des élucubrations éthérées, aussi sombres
soient-elles.
Pour conclure : un bon livre, qui mériterait quelques élagages ; pas un polar, ni un roman noir.
Je n'ai aucune idée du public susceptible d'aimer ce livre.
Mais je doute que les amateurs de polar, et plus spécifiquement de thriller,
y trouvent leur compte. À l'inverse, avec une telle étiquette, il
risque de passer inaperçu pour des gens qui auraient pu l'apprécier.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Aucune idée...
Les dix premières lignes...
J'ouvre un nouveau dossier sur mon ordinateur pour relater tout ce qu'elle a vu et vécu en ces jours terrifiants au cours desquels sa vie se trouva
coupée en deux.
Elle vivait alors terrassée par l'échec. Elle s'imaginait néanmoins qu'elle était vivante, qu'elle était un écrivain moderne et actif, exerçant une profession qui relevait d'un art ancien mais aussi de métiers nouveaux : elle écrivait des contes et des romans, mais faisait également des traductions et des
scénarios pour le cinéma et la télévision (...).
Quatrième de couverture...
Saint-Jacques de Compostelle. Hanté par un esprit maléfique, un jeune
producteur à succès voit sa vie basculer dans le cauchemar. C'est alors
qu'une jeune scénariste vient lui proposer un projet cinématographique
basé sur une ancienne légende de la ville. Il reconnaît dans le
scénario l'évocation des forces occultes qui le menacent. Dans son
combat désespéré, il trouve un appui auprès de la jeune femme, férue
d'histoire locale, et d'un vieil érudit, membre d'une confrérie de la
basilique.
Cet authentique thriller est aussi une enquête sur la mémoire de Saint-Jacques de Compostelle qui, depuis le plus haut Moyen Âge, est un haut lieu de la chrétienté. La magnificence de sa cathédrale ne doit pas faire oublier qu'elle est d'abord un tombeau, celui de son saint patron. Mais quel est cet esprit maléfique qui cherche à glisser de curieux ossements au milieu des
reliques offertes à la vénération des fidèles ? Nous découvrons que le
combat de la religion contre les hérésies est toujours d'actualité et
qu'à la frontière brumeuse qui sépare la réalité et l'imagination
populaire les forces du mal se dévoilent furtivement dans un labyrinthe
de miroirs.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...