Publié le : 1er mai 2005
Anton Strübell est un ancien dignitaire du régime nazi qui a réchappé aux
purges qui ont suivi la fin de la seconde guerre mondiale. Il s'est
réfugié en Syrie et coule des jours paisibles dans sa villa, méprisant
comme il se doit ses serviteurs locaux ; les idées qu'il a défendues ne
sont pas pour autant mortes avec son exil forcé.
Son fils, qui a reçu de son père une "bonne" éducation, le retrouve pour
écrire un livre de mémoires qui sera diffusé sur Internet afin de
répandre encore une fois les idées nazillardes. Ces deux-là partagent
les mêmes opinions, à des degrés divers, mais ne se sont jamais remis
de la chute du troisième Reich .
Maud Tabachnik nous entraîne dans un témoignage détaillé de la montée du nazisme en Allemagne, depuis 1934. À travers le récit du père, insensible, sans
aucun remord, elle dresse le tableau sans faille de l'ignominie qui
déferla sur l'Europe, de l'organisation de la solution finale, des
spoliations, des exterminations, de la confiance aveugle que tout un
peuple donnait à un seul homme et de l'obéissance qui suivit. Car le
père raconte tout : les traques, les tortures, les pillages, mais aussi
les petits "arrangements" qui permettaient à ces "purs", aidés de
quelques banquiers suisses compatissants, de se ménager des avenirs
prometteurs. Alors les certitudes du fils vacillent devant tant
d'horreurs, si concrètes, si proches de lui.
Victime d'une attaque, ramené en Allemagne, Strübell sera soigné, très bien,
par un médecin qui se révèlera être un ancien déporté qui a reconnu
dans son patient son ancien tortionnaire. Le face à face sera fatal...
La Mémoire du Bourreau n'est pas à proprement parler un polar. Sous la
forme d'un témoignage biographique, c'est bien son costume
d'historienne qu'endosse là Maud Tabachnik pour nous asséner un vif
rappel à la mémoire, souvent indispensable face à de telles "idées". Un
livre a mettre entre toutes les mains.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Pas d'idée pour l'instant.
Les dix premières lignes...
- Pourquoi m'as-tu choisi pour recueillir tes souvenirs ?
- Parce que tu portes mes gènes et continueras notre lignée.
- N'est-ce pas un héritage difficile ?
- Je l'ai accepté de mon père, qui l'a accepté du sien. Je sais que tu es
fier de l'histoire de notre famille, qui se confond depuis si longtemps
avec celle du peuple allemand.
- Oui, mais entre-temps il y a eu ce qu'ils appellent la Shoah.
- Un jour, ils comprendront que nous avions raison.
- Tu veux dire de la Solution Finale était la solution ?
- Je veux dire que je n'ai pas à juger ce qui a été décidé par des
esprits supérieurs. Je veux dire que tout homme doit obéir à un idéal
qui souvent le dépasse (...).
Quatrième de couverture...
Anton Strübell n'a pas de remords. Si c'était à refaire, il le
referait : il torturerait, exécuterait, déporterait. Il continue à
croire, sans la moindre hésitation, que le Reich de Hitler allait régénérer l'humanité.
Réfugié en Syrie, c'est en toute sérénité d'âme qu'il entreprend d'enregistrer ses souvenirs, aidé par son fils aîné. L'Internet transmettra ensuite la "bonne parole" dans le monde entier...
Mais lorsque le fil de la confiance va se distendre et se rompre, lorsque
son héritier, ébranlé par le récit de tant d'atrocités, va se rebeller
jusqu'à renier ce père criminel, le vieillard - à son tour - descendra
vers l'enfer...
Serait-il juste que les bourreaux aient droit à la paix de l'âme ?
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...