Krakoen - Décembre 2004
Tags : Roman d'enquête Détective amateur Années 2000 Moins de 250 pages
Publié le : 31 mai 2005
Abel Salinas est sur la promenade face à la plage à Villers-sur-Mer, il
patiente dans la queue attendant patiemment son tour pour savourer une
gaufre. Il rêvasse, il repense à sa mère, sa terrible mère, à son
enfance quand elle l'accueillait de trois taloches, le matin,
lorsqu'il avait encore mouillé son drap, ou qu'elle l'apostrophait d'un
"t'es aussi con que ton père" qui représentait le seul mot gentil qu'elle connaisse. Il revoit également son père, effacé et alcoolique...
Abel Salinas est à la tête d'une agence de détective privé. Il picole (comme
son père) et se repose sur son assistante quinquagénaire : Edith Lair,
et son chat Deep. En fait d'enquêtes, c'est surtout d'histoires de
cocufiage dont il s'occupe ; rien de très affriolant, jusqu'au jour où
maître Beausang, un as du barreau parisien, le convoque. Au bord de la
retraite, voire du cimetière, il veut régler une affaire qui le mine,
celle d'un innocent qu'il défendait et qui s'est vu injustement
condamné (selon lui) pour l'assassinat de Beverly Poulot. Abel est
preneur bien sûr ; voilà de quoi payer le salaire d'Edith, rembourser
les arriérés de loyer et s'assurer quelques bitures grande classe qui
le changeront des petits beurres trempés dans le Sidi Brahim.
Abel reprend le dossier d'Edo Gradine, le meurtrier présumé, puis le
rencontre à la maison d'arrêt. En fait, on n'a jamais retrouvé le
cadavre de Beverly qui était, au moment des faits, la "poule" d'Edo,
letton en mal de français, ce qui ne l'a pas aidé lors du procès. Les
jurés ont vite conclu au drame passionnel.
Abel s'attache à la victime introuvable et remonte la piste qui le mène
bientôt à la rencontre de "Mémée" Brita qui a élevé Beverly, enfant de
la DDASS violée par son beau-père. Puis son enquête l'amène à
s'intéresser au dernier employeur de celle-ci, une espèce de noblaillon
parisien du seizième arrondissement ; un certain d'Archicourt, homme
d'influence dans les milieux économiques et politiques. Dès lors les
investigations du détective deviennent un peu plus mouvementées...
L'intérêt de ce roman de Max Obione n'est pas tant dans l'intrigue qu'il
développe car cette enquête du détective Abel Salinas n'apparaît pas
comme des plus fouillées, mais là n'est pas le plus important. C'est
plutôt la forme narrative qu'il invente pour nous conter son histoire
qui retient l'attention et fait vibrer le lecteur car tout se passe
pendant cette longue attente d'une gaufre à Villers sur Mer. Abel
patiente, regarde à gauche, regarde à droite, et chaque regard, chaque
petit détail aperçu fait remonter un souvenir. Chaque souvenir appelle
un élément de l'enquête. Une narration qui hésite, qui oscille entre le
"je", le "tu" et le "il". Le passé se mêle
et s'entremêle au présent, aux digressions, au bouffées délirantes,
sauvages ou lubriques, en un joli exercice de style car à aucun moment
la continuité du récit n'est perturbée par ces "bizarreries". Max Obione
se fait un plaisir de s'amuser de son lecteur en l'abusant et sait
glisser dans son roman quelques beaux moments de poésie, de tendresse,
quelques colères, ou quelques tranches de vie ; les descriptions des
visiteurs de salons du livres ou des fins de réunions d'auteurs de
polars sentent le vécu à plein nez... Max Obione aime la belle écriture
ou, comme il le fait dire à son héros : "j'aime la belle langue des bavards". Un court roman qui se lit d'une traite, en le savourant, bouchée après bouchée...
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Gaufre Royale est le tout dernier roman publié par Max Obione mais ça n'est pas non plus le premier... (voir ci-dessous)
Ces trois romans, plus un cinquième en instance, et bien sûr Gaufre Royale, sont disponibles sur le site des éditions Krakoen. Vous avez dit "amateur" ?..
Les dix premières lignes...
"Je tuerais pour une gaufre royale !"
Tu comptes au moins quinze personne devant toi sans compter les mômes. Tu
te dis que ton tout viendra. Prendre son mal en patience, la belle
expression. Attendre, toujours attendre. Tu te dis que si tu pouvais
défalquer tous ces creux de temps, tous ces temps morts, ta putain de
vie aurait sacrément du rab en fin de parcours. Il réalise qu'il est
l'unique mec de la file. Un petit braille parce que ça va pas assez
vite. Une calotte vole, tu trouves ça nul. Des pleurs, puis tu penses à
autre chose (...).
Quatrième de couverture...
Tandis que le détective privé Abel Salinas fait la queue devant la marchande
de gaufres sur la digue promenade de Villers-sur-Mer, ses pensées
divaguent...
Mêlant fantasmes et souvenirs d'enfance, il déroule mentalement les épisodes de l'enquête qui l'a mené en ce lieu.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...